« On complote contre moi », dit Me Anoup Goodarry. Il dit avoir réalisé que la police faisait de lui « un accusé » dans le sillage de la publication d’une photo de David Gaiqui en tenue d’Adam dans les locaux de la Criminal Investigation Division de Curepipe. « La situation est grave », a-t-il lancé au Défi Quotidien à sa sortie des Casernes centrales, dimanche en fin d’après-midi.
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Me Anoup Goodarry et son avocat Sanjeev Teeluckdarry se sont rendus au Central CID (CCID), dimanche en fin d’après-midi. Les enquêteurs lui avaient fait comprendre qu’il allait être appelé à fournir sa version des faits dans l’enquête concernant la publication, sur Facebook, d’une photo de son client David Gaiqui, nu et menotté, assis sur une chaise, dans les bureaux de la CID de Curepipe.
L’audition se tiendra dans les jours qui viennent. Cette partie de l’enquête concerne le volet entourant les procédures administratives d’enquête de la brigade. Au sein du Central CID, on explique que l’autre volet concernant Me Goodarry concerne la publication d’une photo de son client sur Facebook. La provenance de cette photo sera au cœur de cet interrogatoire.
De son côté, Anoup Goodarry parle d’une tout autre affaire. Selon l’avocat, la police lui a fait comprendre qu’il était convoqué à titre de témoin pour aider à faire avancer l’enquête. Selon l’homme de loi, il s’était donc rendu à la police à titre de témoin. Mais il explique que dimanche après-midi, il a compris que le CCID faisait de lui un accusé.
« On complote contre moi », a laisse entendre Me Anoup Goodarry à Radio Plus. L’homme de loi explique alors avoir quitté les locaux du CCID. « La situation est grave, c’est moi qui suis désormais un accusé ! » a déclaré Me Goodarry au Défi Media Group, à sa sortie des Casernes centrales.
Dans la soirée du vendredi 26 janvier, Anoup Goodarry avait publié sur sa page Facebook ladite photo. Il avait décrié le traitement qu’aurait subi son client. « Naked and beaten up at Curepipe CID. That’s how my client is treated. Welcome to Mauritius of 2018, Pravin Jugnauth, dearest Prime Minister », avait-il commenté.
Interrogatoire des policiers
Par ailleurs, l’enquête devrait connaître d’autres développements cette semaine. Quatre policiers présents au bureau de la CID au moment où Me Anoop Goodarry a surpris son client nu ont été entendus samedi. Ils ont été appelés à poursuivre leurs explications dans la journée du dimanche 28 janvier. L’exercice devra reprendre ce lundi 29 janvier. Leur interrogatoire porte sur leurs rôles à la CID. Ils seront tous convoqués aux Casernes centrales pour fournir leurs versions des faits.
Les policiers devront expliquer les circonstances selon lesquelles David Gaiqui, suspect dans une affaire de vol, s’est retrouvé nu sur une chaise, les mains menottées derrière le dos et les pieds enchaînés, dans leur bureau.
Les circonstances entourant son arrestation et les procédures de détention seront aussi passées à la loupe. Depuis samedi, une photo du suspect nu circule sur Facebook.
Au niveau du Central CID, on laisse entendre que l’enquête est en bonne voie. Les versions des différents protagonistes sont enregistrées au fur et à mesure du développement de l’enquête. Dimanche 28 janvier, le patron du CCID, l’assistant-commissaire de police (ACP) Devanand Reekoye s’était rendu aux Casernes centrales. Dans les couloirs, on laisse entendre que le dossier ne devrait pas tarder à atterrir sur le bureau du Directeur des Poursuites Publiques (DPP).
Par ailleurs, le Premier ministre par intérim, Ivan Collendavelloo, a rassuré le public durant le week-end que l’enquête se fera en toute transparence. Mario Nobin a confirmé au Défi Media Group l’ouverture d’une enquête sans faire plus de commentaire.
David Gaiqui est désormais défendu par un panel d’avocats, dont Me Neelkanth Dulloo. Me Anoop Goodarry s’est, lui, retiré de l’affaire. Les avocats qualifient cet acte de « barbare ». Samedi soir, des avocats se sont présentés au bureau de la CID de Curepipe pour s’entretenir avec leur client. Seul l’un d’entre eux avait obtenu l’autorisation.
Cependant, personne ne s’est entretenu avec David Gaiqui, qui était en détention. Me Dulloo demande à ce que des sanctions soient prises contre les policiers responsables d’un tel traitement infligé à un suspect.
Lindley Couronne, de l’Ong Dis-Moi, explique que son organisation a mené une enquête sur l’affaire. Il déplore « les dérives courantes » de la police. « Se enn ka ki avoka inn trouve kan li pe rod so klian. » Il explique ainsi que c’est le quotidien de plusieurs suspects arrêtés.
Selon Lindley Couronne, « cette pratique est encouragée par une culture d’impunité ». Il dénonce également « la passivité de National Human Rights Commission (NHRC) ».
Nobin : « La police opère dans la transparence »
« La police opère dans la transparence ». Propos de Mario Nobin, commissaire de police, au Défi Quotidien, dans l’après-midi du dimanche 28 janvier. Selon le chef de la police, l’affaire de la photo du suspect nu, prise au poste de police de Curepipe, fait l’objet d’une enquête du Central Criminal Investigation Department. Le commissaire de police ajoute que les exercices d’interrogatoire seront bientôt filmés.
« C’est déjà le cas dans les grandes enquêtes et lors des versions des témoins », affirme le chef de la police.
Mario Nobin explique que la police n’a rien à cacher et que les policiers sont là pour travailler pour la société. « Nous sommes là pour modeler une société meilleure. » Le commissaire de police a aussi expliqué que la force policière vise plus de transparence afin d’éliminer tout doute aux yeux du public.
« Nous utilisons déjà les nouvelles technologies telles que le Body Worn Cameras, les cameras CCTV dans les postes de police et dans les véhicules », soutient Mario Nobin. Ce dernier explique que leur utilisation a pour but de démontrer que la police agit dans la transparence.
Si des caméras sont déjà installées dans la plupart des postes de police, plusieurs n’ont pas été activées de manière formelle. Elles sont actuellement à l’essai. Mario Nobin ajoute que les techniciens chargés de ces installations devraient tout compléter très prochainement.
Ce sera la même chose pour les salles d’interrogatoires, car la police veut éliminer toute perception de brutalité policière, lors des interrogatoires des suspects, précise Mario Nobin.
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