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Philosophie : un Budget ambitieux pour sortir de l’abîme 

Navin Ramgoolam et Paul Bérenger avant la lecture du discours budgétaire jeudi.

Face à une économie au bord du gouffre, le gouvernement de Navin Ramgoolam a présenté un Budget 2025-26 axé sur la relance, la justice sociale et la rigueur budgétaire.

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«De l’abîme à la prospérité : rebâtir le pont vers l’avenir. » C’est l’intitulé du Budget 2025-26 présenté par le Premier ministre et ministre des Finances, Navin Ramgoolam, dans la soirée du jeudi 5 juin 2025 à l’Assemblée nationale. 

Ce premier Budget du gouvernement, arrivé au pouvoir en novembre dernier, couvre l’année financière 2025-26. Il ambitionne de redresser une économie en crise. 

« Derrière la façade montée par un gouvernement incompétent et immoral se trouvent un tissu social déchiqueté, une gouvernance périlleuse, des défaillances institutionnelles généralisées, une démocratie en décomposition, des finances publiques en ruine et une économie en détresse », a-t-il déclaré.  La dette publique atteint des sommets : Rs 642 milliards, soit 90 % du produit intérieur brut (PIB). Le déficit budgétaire s’élève à 9,8 % du PIB. Quant au déficit commercial, il représente un gouffre de Rs 203,7 milliards (soit 29,4 % du PIB).

Le Premier ministre a souligné l’urgence d’une réforme structurelle. Il a fustigé la « gestion irresponsable » de la Mauritius Investment Corporation et l’épuisement des fonds de la Contribution sociale généralisée (CSG), accusant l’ancien gouvernement d’avoir « dilapidé » les finances publiques. « Il est clair que la situation dont nous avons hérité est insoutenable. » Les pressions internationales s’intensifient en raison des guerres tarifaires et commerciales, ce qui entraîne une incertitude accrue, une forte volatilité ainsi qu’une imprévisibilité marquée. « Si nous ne changeons pas de cap, il existera un réel risque de déclassement de la note souveraine, ce qui aggravera davantage notre situation et plongera le pays plus profondément dans la crise », a-t-il insisté. Néanmoins, le gouvernement est déterminé à ramener le déficit budgétaire et la dette publique à des niveaux soutenables « d’ici trois ans ». 

Le Budget met l’accent sur un « nouveau modèle économique » axé sur l’innovation, la productivité et les investissements transformateurs. Cette vision ambitieuse répond à un impératif catégorique. 

« Nous devons impérativement débloquer la croissance, contenir les déficits extérieurs, stimuler la productivité et l’investissement pour créer des emplois bien rémunérés pour notre jeunesse et améliorer le niveau de vie de tous. » Parallèlement, le gouvernement mise sur la « réaffectation des ressources » pour optimiser l’utilisation du travail, de la terre et du capital. Des mesures spécifiques comme la flexibilisation du marché du travail pour les femmes, à travers des arrangements de travail hybrides et des prêts bonifiés pour les entrepreneuses, visent à promouvoir l’inclusion. Une réforme de l’immigration et un système de permis de travail simplifié chercheront à combler les pénuries de main-d’œuvre qualifiée.  Quatre « pôles de croissance » sont identifiés pour stimuler les investissements : l’énergie renouvelable qui bénéficie d’un investissement de Rs 30 milliards qui seront déployées sur trois ans ; la gestion des déchets via le programme « Waste-to-Wealth » ; l’économie bleue avec un accent sur six secteurs stratégiques ; ainsi que le secteur des arts créatifs, avec l’introduction du commerce d’art comme nouvelle activité d’exportation.

Le Budget ambitionne de réformer en profondeur le contrat social mauricien : « Construire une économie résiliente est une bonne politique sociale, et une bonne politique sociale aide à faire croître l’économie. Sur le plan fiscal, le gouvernement adopte une approche équilibrée entre réduction des inefficacités et augmentation des recettes. « Nous prenons le taureau par les cornes dès ce Budget. » Des économies de Rs 5 milliards sur trois ans sont attendues grâce à la rationalisation des organismes parapublics et à la réduction des gaspillages.  Il a reconnu l’absence de « baguette magique » pour résoudre les défis hérités, mais il a insisté sur la nécessité de choix courageux. « Ce Budget pose les fondations d’une île Maurice innovante, alimentée par l’IA et les technologies de pointe », a-t-il déclaré, promettant un avenir de « prospérité partagée » si la société mauricienne se mobilise collectivement.

 

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