« Du jamais vu ». C’est ainsi que les pharmaciens résument la journée du jeudi 19 mars. Selon eux, c’est la première fois que des gens font la queue devant les pharmacies pour l’achat de médicaments.
Masques, gants, gels hydroalcooliques, paracétamol et médicaments pour les maladies chroniques se sont vendus comme des petits pains au lendemain de l’annonce de trois cas confirmés de Covid-19 à Maurice. Une situation inédite qui désole le président du Pharmacy Council, Faisal Elyhee. « Si des personnes s’approvisionnent pour quatre à cinq mois en médicaments, cela va pénaliser les plus vulnérables comme les personnes âgées ou ceux qui n’ont pas la possibilité d’acheter des médicaments pour une utilisation à long terme », explique-t-il.
Il précise ainsi qu’il y a suffisamment de médicaments en stock et qu’il n’y a pas lieu de s’alarmer et de se faire un stock à domicile. Pour le président du Pharmacy Council, les pharmaciens doivent aussi jouer leur rôle pour faire comprendre aux clients que les médicaments doivent être stockés dans de bonnes conditions afin de ne pas altérer leur qualité. « Il faut penser à ceux qui n’ont pas un grand pouvoir d’achat. Ce sont eux qui vont être les plus pénalisés », dit-il.
Faisal Elyhee ajoute qu’il ne faut pas être hystérique non plus. « Nous l’avons vu avec la grippe et d’autres virus. Les autorités sanitaires ont pris toutes les mesures et le personnel de la Santé est prêt à faire face à la situation. On peut facilement attaquer ce problème en se comportant de façon responsable », annonce-t-il.
Il déplore également l’attitude de certaines pharmacies, qui profitent de la situation pour vendre leurs produits à des prix déraisonnables tels des masques ordinaires à Rs 150 ou à Rs 750 pièce, ou des petits flacons de gel hydroalcoolique sans étiquette à Rs 175. « Le Mauricien ne devrait pas être complice de ce genre d’arnaque », dit-il. Il rappelle, par ailleurs, que tous les masques disponibles à Maurice sont jetables après avoir été utilisés pendant quelques heures et ne peuvent pas, par conséquent, être utilisés à nouveau.
Faisal Elyhee affirme que le Pharmacy Council a eu l’occasion de discuter avec des pharmaciens du service public et du privé afin qu’ils rassurent la population sur la situation et sur l’importance de faire des achats raisonnables. Il fait appel ainsi au sens de la responsabilité de tout un chacun afin que les produits les plus demandés actuellement ne soient pas vendus à un prix exorbitant.
Avinash Dabydoyal, vice-président de la Pharmaceutical Association of Mauritius (PAM) ajoute, pour sa part, que le ‘panic buying’ n’est pas conseillé car cela se fait au détriment des autres. Il avertit les consommateurs que les médicaments ont une date de péremption qu’il faut respecter autant que les conditions d’entreposage. Ces produits doivent aussi ne pas être à la portée des enfants. Il lance également un appel aux pharmaciens afin qu’ils limitent la vente des médicaments et que les consommateurs ne puissent se constituer un stock excessif à domicile.
Une pharmacienne, qui n’a pas souhaité être citée, affirme qu’elle a connu une journée qu’elle a qualifié « d’horrible ». « Nous avons essayé de faire comprendre aux gens qu’il n’était pas nécessaire d’acheter en grande quantité mais ils n’ont pas voulu comprendre », regrette-t-elle. Avec la psychose qui a gagné la population, elle souhaite une communication officielle des autorités concernant les médicaments et les denrées alimentaires afin que les gens n’en achètent pas en excès.
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