Société

Petits crimes entre copains – Délinquance: les jeunes innovent

1687. C’est le nombre de jeunes impliqués dans divers cas de vols, menus délits et crimes en 2014 ! Selon les statistiques judiciaires de l’an dernier, cela représente une hausse de 11% des actes délictuels comparée à 2013. La criminalité chez les jeunes prend de l’ampleur d’année en année, de jour en jour… Jusqu’où iront-ils ? «J’ai très peur pour mes enfants…» Propos désabusé d’un père désorienté et mort d’inquiétude que nous avons rencontré. Pravesh Seetohul, père de quatre enfants, tous adolescents, avoue qu’il éprouve les pires difficultés du monde à imposer son autorité parentale. « Les enfants d’aujourd’hui ne se comportent plus comme à mon époque. Ils argumentent et me disent que les parents de leurs amis permettent telle ou telle chose. Ils font constamment pression pour que ma femme et moi cédions à leurs caprices. Ma femme n’en peut plus de cette situation...» Effectivement, le comportement des jeunes inspire de vives inquiétudes. Ils frappent, agressent, harcèlent, volent… « Les jeunes d’aujourd’hui, qu’ils soient âgés de 7 à 20 ans sont très rebelles: ils défient toutes formes d’autorité», nous confie un travailleur social. « Leurs petits crimes interpellent. C’est ainsi qu’en mai dernier, les internautes ont découvert avec stupeur la vidéo d’une adolescente qui se faisait violemment tabasser par ses amies dans une salle de classe. Désormais, les jeunes utilisent les derniers outils informatiques à leur disposition (smartphones, webcams) pour filmer leur forfait et présenter fièrement leurs bêtises au monde entier », explique le travailleur social.

« Le RYC est un fourre-tout»

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/div> [row custom_class=""][/row] Témoignage de Giovani. Un jeune qui a fait plusieurs séjours au Rehabilitation Youth Centre. Il n’en garde pas une expérience amère. D’ailleurs, aujourd’hui en tant qu’adulte, il estime qu’il faudrait réformer cette institution pour en tirer de meilleurs résultats. « Pour moi, le RYC, c’est tout simplement un fourre-tout où les adultes, les parents qui ne savent plus quoi faire de leur progéniture y enferment leurs enfants pour les remettre sur le droit chemin. Dans ces centres, on retrouve pêle-mêle des enfants ayant commis divers types de délits : petits vols, agressions et crimes plus graves (viols, parfois meurtres). Ces centres sont devenus de véritables « universités du crime». Les jeunes y apprennent notamment comment commettre d’autres délits. Même si les encadreurs font de leur mieux pour nous venir en aide, c’est plutôt un lieu où l’on est surveillé comme des enfants dans une garderie. Les activités proposées par les centres sont limitées et sans intérêt. Tantôt on a l’impression de vivre dans une prison, tantôt dans une cour de récréation. En tout cas, en ce qui me concerne, je ne peux dire que mon séjour là-bas m’aura découragé d’être un délinquant…» [col-md-8]

Entre amis tout est permis

« Malheureusement, l’influence des amis est un facteur considérable chez les jeunes. Ils subissent des pressions de toutes parts, mais surtout de leurs amis qui sont parfois aussi immatures qu’eux et qui sont victimes du même cycle : l’absence de valeurs morales et l’absence des parents. Avec l’évolution de la société, les familles n’arrivent plus à inculquer des valeurs sociales, humaines aux jeunes. Tout cela a été remplacé par la technologie et les médias. La course à l’argent est devenue leur seul repère dans la vie… », souligne le sociologue Rajen Suntoo. Même son de cloche du côté de la police. Les petits délits se passent désormais via internet, surtout à travers les réseaux sociaux. D’ailleurs, les policiers infiltrent régulièrement les groupes de discussion entre jeunes sur les réseaux sociaux pour veiller à tout dérapage. Quant à la Crime Prevention Unit (CPU), de nombreux cas d’utilisation malencontreuse des outils informatiques par les jeunes sont recensés. Les officiers de cette unité travaillent d’arrache-pied pour vulgariser l’Information and Communiction Technology Act afin de faire diffuser les provisions de la loi à tous ceux qui croient qu’il suffit de se cacher derrière un écran d’ordinateur pour être à l’abri de tout acte illicite… L’anonymat des réseaux sociaux n’interdit pas à la police de remonter jusqu’aux auteurs de ces actes délictueux. [/col-md-8] [col-md-4] [panel contents="Alors que le nombre d’adultes qui ont été condamnés en 2014 a chuté, la situation des jeunes est alarmante. Parmi les 449 condamnations prononcées contre des mineurs, 44% d’entre eux s’en sont sortis avec une amende. Le nombre de condamnations chez les jeunes a doublé (voir tableau). Et selon les données du bureau des statistiques, sur un ratio de 1000 jeunes, la condamnation des jeunes a quasiment doublé, passant de 1,6 en 2013 à 3,4 en 2014." label="449 jeunes condamnés en 2014 " style="info" custom_class=""] [/col-md-4] [row custom_class=""][/row]

Centres de détention pour jeunes

Le nombre de jeunes envoyés dans les centres de détention a augmenté de 5% en 2014, passant au nombre de 152 pensionnaires. Les Rehabilitation Youth Centres (RYC) opèrent sous l’égide du ministère de la Sécurité sociale, de la solidarité nationale et des institutions réformatrices. Ils accueillent des filles et des garçons, âgés entre 10 et 17 ans. Il existe un département pour filles et un autre pour garçons. Le Correctional Youth Centre (CYC) lui, a été conçu pour les délits jugés plus graves. Y sont admis des jeunes âgés de 14 à 17 ans. Cette institution accueille uniquement les garçons. Les autorités planchent sur une institution similaire pour les filles. Le CYC est géré par les services pénitentiaires, ce qui inquiète grandement certains travailleurs sociaux et défenseurs des droits humains qui estiment que ces centres de détention devraient adopter une approche plus proche des droits humains. Ils dénoncent, entre autres, la promiscuité, l’atmosphère d’oppression qui y règne et le manque d’efficacité des programmes de réinsertion destinés à ces jeunes à problèmes. Du côté du ministère de la Sécurité sociale, on affirme que des experts australiens travaillent de concert avec les employés de ces centres pour améliorer le fonctionnement de ces institutions. « Ce sont des enfants difficiles. Nous allons tout mettre en œuvre pour leur venir en aide. C’est pourquoi nous avons sollicité l’expertise australienne, réputée dans ce domaine de la réinsertion des jeunes ‘sortis du droit chemin. Il est essentiel que ces jeunes ressortent de ces centres avec un bagage de compétences et de nouvelles opportunités pour réussir une vie meilleure » nous a affirmé la ministre Fazila Jeewa-Daureeawoo.

Brigade pour la Protection des mineurs : 25 500 jeunes sensibilisés depuis janvier 2015

Avec un effectif de 40 officiers répartis dans différentes zones, la Brigade pour la Protection des mineurs opère principalement sur le terrain et mène des actions préventives et dissuasives. Incognito, ces membres s’infiltrent partout où les jeunes se massent. Ils repèrent les endroits à risques et interviennent en cas de fugue, notamment. Cette année, le nombre de causeries données dans les écoles a considérablement augmenté. Ainsi, depuis janvier 2015, ils sont 25 500 jeunes présents lors des causeries données par les officiers de la brigade.  

« Opération la gare »

Plus de 600 « opérations la gare » ont eu lieu l’an dernier. Le sergent Benidin explique : « Nos officiers de police sont en civil sur les gares tous les jours. Nous intervenons non seulement en cas de désordre ou lorsque nous repérons des jeunes qui se bagarrent. Il y a aussi le cas de ceux qui s’attardent sur les arrêts d’autobus. Nous leurs prions alors fermement de rentrer chez eux. » Il ajoute : « Les jeunes qui sont pris en contravention soit parce qu’ils ont fumé des cigarettes (ou du gandia) ou ont bu de l’alcool, nous les conduisons dans un de nos bureaux ou au poste de police le plus proche. Nous appelons immédiatement leurs parents pour les mettre au courant. Nous menons également des patrouilles régulières dans les lieux répertoriés comme étant à risques. Nous sommes également intervenus dans 103 cas de disparition depuis janvier 2015. Heureusement, tous ces enfants ont été retrouvés». Les maisons de jeux sont également placées sous haute surveillance par la brigade. « Aucun jeune n’a le droit de se trouver dans une maison de jeux pendant les heures de classe. D’ailleurs, aucune maison de jeux n’a le droit d’opérer avant 16h30 les jours de semaine. Ceux qui enfreignent les lois sont sévèrement punis. Là, je ne parle pas seulement des jeunes, mais aussi des responsables de ces maisons de jeux » affirme le sergent Benidin.
[panel contents="La Brigade des mineurs est intervenue à 176 reprises durant les deux premiers trimestres de l’année dans des cas d’école buissonnière. Un chiffre qui risque sûrement d’augmenter, puisque le nombre de cas recensés sur toute l’année 2013 s’élevait à 186." label="176 jeunes ont fait l’école buissonnière " style="warning" custom_class=""]
  [blockquote]Rita Venkatasawmy, directrice du CEDEM : « Les parents n’affirment plus leur autorité sur leurs enfants »[/blockquote]  
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Les derniers chiffres du bureau des statistiques indiquent que la délinquance juvénile ne cesse de croître. Quelle en est la raison principale, selon vous ? Les parents, en premier lieu, sont les grands responsables de cette situation. De nos jours, les relations entre parents et enfants sont de plus en plus inquiétantes. Les parents n’affirment plus leur autorité sur leurs enfants. Nous vivons dans une société permissive où l’enfant fait ce qu’il veut, sans que le parent n’intervienne ou puisse maîtriser la situation. Attention, cela ne s’applique pas qu’à une seule catégorie de parents. Toutes les couches sociales, riches et pauvres, éduquées et non éduquées sont concernées par ce fléau. La situation empire, ce qui explique pourquoi le nombre de jeunes délinquants augmente dangereusement. Quels autres facteurs pourraient expliquer cette hausse ? Outre la famille en tant qu’institution qui faillit à sa tâche, il y a l’école. Je ne cesse de le répéter : il est clair que l’école échoue piteusement dans son rôle visant à former des citoyens responsables. Le cursus scolaire est uniquement basé sur la formation académique. Les étudiants n’ont pas l’occasion d’apprendre à devenir de bons citoyens. Et puis, il y a la pauvreté qui ronge notre société. Justement, dans quelle mesure la pauvreté pousse-t-elle les jeunes à la délinquance ? Les pauvres sont plus vulnérables à la délinquance juvénile. La pauvreté cause une immense frustration. Beaucoup de jeunes vivant dans des milieux défavorisés sont frustrés. C’est le cas des enfants dès leur plus jeune âge. C’est un supplice pour eux de voir leurs camarades disposant de gadgets ou de contempler tous ces centres commerciaux où l’on expose tant de belles choses qu’ils doivent se contenter de regarder et ne peuvent toucher ou acquérir. Ces jeunes (c’est humain) veulent aussi profiter du luxe exposé : ils sont donc tentés par le vol. C’est pourquoi, de très jeune finissent délinquants. Comment peut-on prévenir ce fléau ? Il faut resserrer les liens qui existent entre parents et enfants. Il faut consolider les structures familiales. Les parents doivent apprendre à gérer les comportements de leurs enfants. J’insiste sur le rôle primordial de l’école, car je suis très inquiète. J’espère que le projet de 9 Year Schooling viendra rectifier les failles de notre système éducatif. Il faut une approche basée sur les droits humains. Il faut que nos jeunes soient exposés et sensibilisés à leurs droits et responsabilités pour qu’ils deviennent des citoyens plus responsables.
 

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