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Perturbations à Madagascar : inquiétude des opérateurs mauriciens

Une unité militaire s’est ralliée aux manifestants.

La Chambre de commerce et d’industrie de Maurice (MCCI), qui regroupe les opérateurs économiques de l’île, exprime des préoccupations concernant les récentes perturbations à Madagascar, où des entreprises mauriciennes sont actives.

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Drishtysingh Ramdenee, secrétaire général de la MCCI, évoque l’ampleur de ces disruptions pour les échanges bilatéraux. « Madagascar abrite plusieurs opérateurs mauriciens qui évoluent, que ce soit de manière présentielle, mais aussi à travers des échanges commerciaux. Certaines opérations sont perturbées », explique-t-il. Certains d’entre eux, notamment dans l’exportation de services, ont dû regagner Maurice. « C’est une situation qui nous inquiète en termes de perturbation des affaires. Il y a une disruption relative dépendant de certains segments. Dans certains secteurs, les activités sont toujours opérationnelles, tandis que dans d’autres, les activités sont interrompues. »

Drishtysingh Ramdenee insiste sur l’urgence d’un retour à la normale. « Nous espérons qu’il y a rapidement un retour dans les activités économiques et les activités administratives à Madagascar pour que nos activités se poursuivent. » Il met en avant l’importance stratégique de Madagascar pour le commerce mauricien. « Madagascar revêt d’une grande importance pour le commerce. On voit que ces dernières années, les échanges - importation et exportation - ont été très importants. »

Environ une quinzaine de compagnies mauriciennes sont implantées à Madagascar, mais le nombre d’entreprises engagées dans des activités avec le pays est bien plus élevé. « Il peut y avoir, par exemple, des compagnies mauriciennes qui ont des contrats à Madagascar dans le domaine des TIC, du consulting ou qui font de la logistique là-bas », précise le secrétaire général. Des sous-traitants de ces firmes sont également indirectement affectés. Pour l’heure, l’impact financier n’est pas connu. « On n’a pas chiffré l’impact, mais on aura quelques réunions dans les jours à venir, notamment vendredi, durant lesquelles nous aurons des renseignements plus précis sur l’impact. »

Parmi les entreprises qui sont directement implantées sur la grande île, il y a la MCB, la SBM, CIEL, ER, Eclosia, Courts, IBL, PhoenixBev et Harel Mallac.

L’ambassadeur Cunniah rassure

L’ambassadeur de Maurice à Madagascar, Bruno Cunniah, se veut rassurant. « Les Mauriciens établis dans la Grande Île se portent bien. Malgré une situation politique toujours instable, le climat social reste globalement calme », explique-t-il.

La situation s’est quelque peu améliorée, avec moins de coupures d’eau et d’électricité signalées. « Les supermarchés et les stations-service sont ouverts et fonctionnent normalement », ajoute l’ambassadeur.À ce stade, aucun autre ressortissant mauricien n’a exprimé le souhait d’être rapatrié, en dehors des 41 personnes qui sont déjà rentrées à Maurice. « L’ambassade suit la situation de très près et reste en contact permanent avec les autorités locales », ajoute Bruno Cunniah.

Le président mauricien dément tout contact avec Andry Rajoelina

Le bureau du président de la République de Maurice a publié, le mardi 14 octobre, un communiqué pour démentir les informations relayées dans certains médias locaux. Celles-ci font état d’un prétendu contact entre le président mauricien, Dharam Gokhool, et son homologue malgache, Andry Rajoelina.

Selon le communiqué de la State House à Réduit, ces allégations proviennent d’un rapport d’Africa Intelligence, qui aurait avancé que les deux chefs d’État étaient en communication. Le bureau de la présidence mauricienne indique que cette information est « fausse ». Il précise que le président de la République de Maurice n’a eu aucun contact, à aucun moment, avec le président de la République de Madagascar.

La présidence invite les médias concernés à « vérifier leur information auprès des canaux officiels » afin d’éviter la diffusion de fausses nouvelles susceptibles d’induire le public en erreur.

Ritesh Ramful plaide pour la stabilité régionale

Un comité de sages sera bientôt déployé pour favoriser le dialogue entre les parties et trouver un terrain d’entente.

Le ministre des Affaires étrangères, Ritesh Ramful, tient à rassurer les Mauriciens à Madagascar. Depuis le début des tensions dans le pays, toutes les dispositions ont été prises pour assurer leur sécurité et leur rapatriement. « Tous les Mauriciens qui ont fait une demande de rapatriement sont rentrés. À ce jour, aucune nouvelle demande n’est enregistrée », précise le ministre.

Le lundi 13 octobre 2025, Ritesh Ramful a eu un entretien avec la secrétaire générale de la Southern African Development Community, qui a confirmé l’engagement de son organisation, en collaboration avec l’Union africaine, pour rétablir la stabilité à Madagascar. « Un comité de sages sera bientôt déployé pour favoriser le dialogue entre les parties et trouver un terrain d’entente », a indiqué le ministre. L’Union africaine a également publié un communiqué invitant toutes les parties à s’engager dans des discussions constructives.

Le ministre Ritesh Ramful s’est entretenu avec l’ambassadeur malgache à Maurice, Albert Camille Vital. Madagascar demeure un partenaire commercial stratégique pour l’île. Selon les chiffres de 2024, les exportations mauriciennes vers Madagascar ont atteint Rs 6,4 milliards, tandis que les importations s’élèvent à 1,4 milliard. « Le rétablissement rapide de l’ordre est essentiel, non seulement pour Madagascar, mais pour l’ensemble de la région », dit Ritesh Ramful.

La Présidence assure que Rajoelina « demeure pleinement en fonction »

La présidence de Madagascar a dénoncé mardi une «tentative de coup d’État» après l’annonce par des militaires d’une prise de pouvoir, assurant que le président Andry Rajoelina, destitué par un vote de l’Assemblée nationale, « demeure pleinement en fonction ». « La République de Madagascar ne saurait être prise en otage par la force », a affirmé dans un communiqué la présidence, alors que la localisation du président, réfugié dans un « lieu sûr », est tenue secrète. Plus tôt, des militaires avaient annoncé « prendre le pouvoir » et suspendre la Constitution.

AFP

Françoise Labelle : « Le système démocratique risque d’être bafoué par une prise de pouvoir non légitime »

La démocratie est une nouvelle fois menacée à Madagascar, estime l’ancienne ambassadrice de Maurice dans la Grande Île, Françoise Labelle. Dans une déclaration accordée à la presse, elle s’inquiète d’un possible bafouement du système démocratique à travers une prise de pouvoir non légitime.

« Je suis attristée de voir cette situation dans un pays où j’ai vécu pendant quatre ans. Je comprends les raisons pour lesquelles la population a commencé à manifester, mais la violence ne fera qu’aggraver la crise », confie-t-elle.

Pour l’ancienne diplomate, la situation actuelle rappelle les heures sombres de 2009, lorsque le pays avait sombré dans une instabilité politique majeure à la suite d’un changement de régime non constitutionnel. « On se retrouve dans un scénario similaire : est-ce que le président doit partir  ? Ce n’est pas à moi de le dire. Mais une fois encore, le pays risque de reculer, alors qu’il dispose d’un immense potentiel pour se développer et pour nourrir son peuple », ajoute-t-elle.

Françoise Labelle estime qu’une prise de pouvoir par la force n’aidera pas Madagascar à avancer. Au contraire, elle craint que le pays ne s’enfonce davantage dans la pauvreté.

Elle appelle à un retour au dialogue, au respect des institutions et à la voie démocratique, qui est seule capable, selon elle, de garantir un développement durable au peuple malgache.

 

 

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