La hausse de l’inflation, qui ne cesse de grignoter le pouvoir d’achat, est une véritable hantise pour les ménages. Et l’aide du gouvernement est sollicitée pour les soulager.
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En l’espace de 12 mois (de décembre 2021 à décembre 2022), l’indice des prix à la consommation a fait un bond de 12,2 %, passant de 113,3 à 127,1 points. Quant au taux d’inflation, il a grimpé de 4 % en 2021 à 10,8 % en 2022, selon les données de Statistics Mauritius.
Cette hausse du coût de la vie est attribuée à l’augmentation des prix de la plupart des denrées alimentaires et produits de consommation courante, mais aussi des cigarettes, des boissons alcoolisées et des vêtements, entre autres. La hausse des taux d’intérêt contribue également à une détérioration des conditions de vie des ménages.
Selon plusieurs observateurs, le pire est à venir avec la révision du tarif de l’électricité (en vigueur à partir de février), qui provoquera une cascade d’augmentations. « C’est un coût supplémentaire important pour les entreprises. Les produits alimentaires frigorifiés et tous ceux dont le processus de transformation ou de préparation nécessite de l’électricité sont concernés », affirme l’économiste Takesh Lucko. D’après lui, le taux d’inflation pourrait être d’environ 13 % entre janvier 2022 et janvier 2023 et tourner autour de 7 % pour la période d’avril 2022 à avril 2023.
Jayen Chellum, secrétaire général de l’Association des consommateurs de l’île Maurice (Acim), craint que les effets conjugués de la hausse du coût de l’électricité, du maintien des prix des carburants et d’une possible récession mondiale continuent de faire monter les prix dans le commerce. Il déplore, par ailleurs, les augmentations survenues après que le gouvernement a cessé de subventionner plusieurs produits de base et introduit, à la place, un système de « maximum markup ».
Pour sa part, Suttyhudeo Tengur, président de l’Association pour la protection des consommateurs et de l’environnement (Apec) fait remarquer que « les banques centrales à travers le monde remontent leurs taux directeurs, avec des conséquences sur le coût de la vie. Maurice n’a pas d’autre choix que de suivre la tendance. »
Takesh Luckho explique que pour limiter la perte de pouvoir d’achat due à l’inflation, le gouvernement peut prendre des mesures à posteriori, comme la compensation salariale à la fin de chaque année, mais aussi en amont en aidant la population via une autre forme de soutien financier.
Il propose ainsi que l’État continue de verser l’allocation de Rs 1 000 au-delà de juin 2023. L’économiste pense que le gouvernement pourrait également réintroduire les subventions sur les produits de base et mettre en place un système permettant de mieux contrôler les marges de profit des commerçants. Car, fait-il remarquer, la baisse d’au moins 50 % des tarifs de fret sur le marché international n’est pas encore répercutée sur les prix dans le commerce local.
Pour Takesh Luckho, Maurice aurait pu également se tourner vers des sources d’approvisionnement alternatives , pour ses importations afin que les prix soient plus compétitifs sur le marché.
Jayen Chellum préconise un système de ciblage pour soutenir les plus vulnérables de la société. Il précise que la Mauritius Revenue Authority dispose de toutes les données sur les revenus mensuels de la population. Parallèlement, il réitère son appel pour l’imposition d’un contrôle des prix dans le commerce.
Suttyhudeo Tengur avance, lui, qu’il faut plus de concurrence sur le marché. « Il faut diversifier nos importations en nous tournant vers d’autres pays producteurs, notamment de la région de l’ASEAN, pour bénéficier de prix plus compétitifs. »
En faveur du contrôle des prix, Takesh Luckho estime cependant qu’il doit s’agir d’une mesure temporaire. « C’est-à-dire pour protéger les consommateurs dans le cas où l’inflation ne cesse de grimper. » Pour lui, comme pour Suttyhudeo Tengur, cette solution n’est pas viable sur le long terme car elle pourrait provoquer d’autres problèmes comme le développement du marché noir.
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