Réduire les inégalités entre les revenus, renforcer l’État providence, stimuler la création d’emplois et rendre le climat des affaires plus attrayant. Ce sont les priorités du Premier ministre, Pravind Jugnauth, pour atteindre une forte performance économique en 2018. Est-il dans la bonne direction ? Des économistes répondent.
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Le gouvernement veut investir dans l’éducation et la formation des jeunes, en particulier des programmes adaptés aux industries en croissance telles que la technologie, le tourisme, la construction et le fintech. L’objectif est de stimuler la création d’emplois et d’améliorer l’environnement des affaires. Pravind Jugnauth veut aussi combiner cela avec un État-providence fort capable de redistribuer la richesse de la nation et de réduire l’inégalité entre les revenus.
L’économiste Ganessen Chinappen avance qu’il est facile d’établir des priorités. Cependant, il estime qu’il faut voir les mesures qui seront prises pour les réaliser. « Je pense que le gouvernement doit d’abord s’attaquer au problème de la dette publique. C’est d’ailleurs ce que recommandent la Banque mondiale et le Fonds monétaire international. En renforçant l’État providence, la dette publique augmentera davantage », soutient-il.
Ganessen Chinappen estime que des mesures incitatives doivent être prises pour attirer des investissements étrangers à forte valeur ajoutée. « Les investissements étrangers dans l’immobilier sont one-off. Or, nous avons besoin d’investissements sur plusieurs années qui ont des effets multiplicateurs, y compris la création d’emplois. » Il suggère aussi des mesures incitatives pour développer le secteur des Petites et moyennes entreprises. L’économiste prévoit une croissance de 3,8 % pour 2018.
Arvind Nilmadhub, également économiste, soutient que la mesure du gouvernement visant à améliorer le climat des affaires est bonne. « Des mesures incitatives doivent être prises pour faciliter les affaires à Maurice, tant pour les opérateurs locaux que pour les étrangers. » L’économiste précise que le gouvernement doit cette année mettre l’accent sur les projets sociaux, tels que la construction des logements.
«Mesures populistes»
Dans sa dernière analyse, l’Economist Intelligence Unit (EIU), entreprise indépendante appartenant au groupe The Economist et dont le siège est basé à Londres, avance que des lacunes dans les infrastructures publiques et le système éducatif national sont au centre de la politique de Maurice depuis plusieurs années.
Cependant, compte tenu des finances publiques limitées, de la dépendance du pays de la conjoncture économique mondiale volatile et des prochaines élections générales en 2019, l’EIU s’attend à ce que Pravind Jugnauth apporte des mesures populistes. Le but étant d’apaiser la frustration de la population sur la lente progression de la réalisation de ses promesses. Cela risque ainsi de retarder la concrétisation des projets d’investissements publics. Une situation qui mènera à une baisse de la compétitivité de l’économie.
L’Economist Intelligence Unit émet des réserves sur la croissance
À deux ans des élections générales, le gouvernement serait plus favorable aux mesures populistes plutôt que de se concentrer sur l’économie. C’est ce que fait ressortir l’Economist Intelligence Unit (EIU) dans sa dernière analyse sur Maurice. Selon l’EIU, Pravind Jugnauth n’a pas énuméré les mesures spécifiques que le gouvernement prendra pour atteindre les objectifs. « Nous sommes sceptiques quant à la réussite de ce plan », indique-t-elle dans son rapport. L’EIU s’attend à une croissance du Produit intérieur brut réel inférieure à la prévision du gouvernement de 4 % en 2018.
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