Le « Labour Market Survey 2022 », un sondage effectué par le ministère du Travail, montre que plus de postes sont à pourvoir cette année. Plus de 300 compagnies recrutent en ce moment, mais les offres ne correspondent pas aux demandes. Les jeunes donnent leur avis.
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5096. C’est le nombre de postes vacants en 2022. Soit une hausse de 417 postes vacants comparée à 2021. 502 employeurs ont participé à ce sondage.
Cette enquête a été réalisée afin d’évaluer les intentions de recrutement de diverses entreprises. Ce sont les TIC, les hôtels et les restaurants, le textile, la construction, l’immobilier et le commerce, entre autres, qui proposent le plus de postes vacants. Or il semble que les jeunes ne s’intéressent pas forcément à ces secteurs.
Selon Neesha Appajala, enseignante et « Career guider », les jeunes n’ont pas de bons guides pour choisir les filières avantageuses pour eux et pour le pays. « Le problème c’est qu’au collège, on ne prête pas attention aux perspectives d’emploi. Les jeunes choisissent les matières dans lesquelles ils ont le plus de points. Il aurait fallu qu’ils prennent en considération la demande sur le marché du travail. » Elle regrette que bien des jeunes se retrouvent sans emploi après leurs études universitaires. « Ils ne sont pas au courant des perspectives d’emploi et doivent par la suite changer d’orientation. »
Cette impression est confirmée par deux jeunes, Ashwin et Amiirah, qui viennent de recevoir leurs résultats après les examens du General Certificate in Education. Ils disent qu’ils ne savent pas quelles études universitaires entreprendre. « Je pense que je vais étudier la loi », avance Ashwin. Et son amie explique qu’elle va peut-être opter pour l’enseignement.
« Apre tou nou pa kone kan nou fini nou letid kot sa nou pou resi gagn travay. Nou fer nou diplom apre nou gete », lance Ashwin.
Gael Bolli-Henriette, lecturer à l’Open University : «Il faut pouvoir donner une chance aux jeunes»
Votre avis sur les perspectives d’emploi pour les jeunes à Maurice...
Il faut savoir dans quel secteur se lancer et s’orienter. Maurice est dans une nouvelle vague avec la croissance économique sur divers fronts. Cependant, ce même point est contradictoire, car les diplômés doivent se contenter de jobs disponibles avec les salaires qui vont avec.
Que faire pour augmenter cette perspective ?
La démarche doit venir des employeurs du secteur public et du privé. Ils doivent pouvoir donner la chance aux jeunes avec ou sans expérience. Les employeurs doivent aussi créer de nouveaux créneaux qui inspirent et s’adaptent aux jeunes. L’employeur doit pouvoir croire dans l’aptitude des jeunes à relever des défis.
Quelles sont, selon vous, les filières qui intéressent plus les jeunes désormais ?
Je pense que les jeunes se tournent vers l’événementiel allié au tourisme qui retrouve sa vitesse de croisière. La population a soif de nouvelles choses après deux ans de confinement. Le besoin de se défouler se fait sentir. Le secteur financier avec les nouvelles monnaies de transaction. L’informatique garde le tempo avec la Covid-19 qui a mis en exergue la communication virtuelle.
Opinion
Sheista Bundhoo-Deenoo : « La recherche de stabilité et de sécurité d’emploi de plus en plus importante »
Selon la chargée de projets chez Gender Links, « un choix de carrière ne reste pas statique ». Actuellement, elle constate que « de nombreux jeunes choisissent d’être entrepreneurs. D’autre part, la liste des domaines prioritaires indicatifs 2021-2023 pour les cours de premier cycle sont l’informatique, l’ingénierie et la santé. Il est également important de prendre en compte les programmes et opportunités proposés par les différents ministères pour favoriser les opportunités d’emploi ».
« La recherche de stabilité et de sécurité d’emploi devient de plus en plus importante avec l’augmentation du coût de la vie », dit Sheista Bundhoo-Deenoo. D’insister qu’il faut s’attaquer au chômage. « Le rapport du 1er trimestre 2022 de Statistics Mauritius indique que 38 % des chômeurs étaient âgés de 16 à 24 ans. Le problème est énorme et nous ne pouvons pas regarder les perspectives sans analyser les principaux défis dimensionnels. Comprendre les implications du vieillissement de la population et son impact sur l’emploi permettra également d’analyser et de définir une stratégie pour stimuler les perspectives d’emploi et de nouvelles stratégies en phase avec les défis actuels. »
Jonathan Arsène : « La Covid-19 a permis une prise de conscience »
« La situation sanitaire a eu des conséquences sur l’emploi. Notre pays a su se montrer résilient, ce qui a permis une prise de conscience et l’émergence d’emplois dans différents secteurs », note Jonathan Arsène, jeune professionnel engagé dans le social. Il parle de débouchés dans le secteur financier, l’informatique, l’entrepreneuriat et surtout l’industrie touristique.
« Aussi, nous constatons que beaucoup d’entreprises privilégient la main-d’œuvre locale et investissent dans la formation. Cela permettra aux jeunes d’acquérir de nouvelles connaissances et aptitudes pour mieux s’adapter. L’orientation professionnelle les aidera à prendre de bonnes décisions quant à leur choix de carrière. »
Prisheela Motee : « Nous devrions encourager le secteur entrepreneurial »
« La Covid-19 a changé la donne en termes de nouvelles perspectives d’emploi pour les jeunes à Maurice », avance la présidente de l’association Raise Brave Girls. Elle note une ruée vers les secteurs financiers et les TIC. « C’est sans distinction de sexe et de nombreux efforts ont été déployés par le gouvernement. Il y a la commission des services financiers. C’est donc un signal fort que d’avoir une ouverture majeure dans le domaine financier et le secteur bancaire qui nécessite une solide formation académique. »
D’autre part, il faut prendre en considération les jeunes qui ont des exigences et des talents différents. « Nous devrions encourager le secteur entrepreneurial avec de petites entreprises : garage mécanique, restauration, construction, agriculture. »
Elle observe qu’il y a des ouvertures dans le secteur agricole. Outre les facilités de financement octroyées par la DBM, « le secteur entrepreneurial devrait être soutenu par les microfinancements. Je crois fermement que nous avons une perspective de l’emploi pour les jeunes à Maurice qui varie d’un secteur à l’autre. Des pistes s’ouvrent dans différents secteurs et un soutien est apporté par le gouvernement. Le plus complexe est l’adéquation entre les diplômes et les emplois ».
Les demandeurs d’emploi, les employeurs, les personnes à la recherche d’une formation ou de conseils sur les métiers sont conviés au Career & Learning Lounge. Cet événement se tiendra au Caudan Arts Centre les 2 et 3 septembre, de 10 heures à 18 heures.
Organisée par Le Défi Media Group, cette conception du Défi Digital permettra de suivre et de participer à des conférences. Les thèmes qui seront traités, entre autres, sont : les exigences des métiers de demain, l’impact numérique, la Global Economy et les opportunités pour l’Afrique et l’intégration des personnes handicapées dans les organisations.
Le Career & Learning Lounge réunira plus d’une vingtaine d’exposants. L’entrée est gratuite.
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