Les dirigeants syndicaux affûtent leurs armes pour faire face aux nombreux défis qu’ils devront affronter en 2024.
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Devanand Ramjuttun, du Joint Negotiating Panel : « Une année décisive sur le plan des relations industrielles »
Pour Devanand Ramjuttun, dirigeant du Joint Negotiating Panel (JNP) de l’industrie sucrière, 2024 sera une année décisive sur le plan des relations industrielles. « D’abord, les négociations collectives en vue d’un nouvel accord salarial dans l’industrie sucrière débuteront en octobre 2024 et, comme l’économie est sur la bonne voie et que le prix du sucre est en hausse sur le marché mondial, nous nous battrons jusqu’au bout pour que les travailleurs bénéficient d’une bonne augmentation salariale et de meilleures conditions de service », déclare-t-il.
Par ailleurs, il explique que l’autre grand cheval de bataille du JNP est l’emploi abusif des travailleurs saisonniers durant la coupe, au détriment des laboureurs permanents. « C’est une pratique courante dans certaines compagnies que nous ne cessons de dénoncer. N’ayant pas suffisamment de canne à couper, les laboureurs permanents souffrent d’un manque à gagner conséquent sur leurs salaires durant la coupe », souligne-t-il.
L’autre gros défi, ajoute Devanand Ramjuttun, est l’ajustement salarial dans le secteur privé après la hausse du salaire minimum à Rs 15 000. « C’est un exercice important visant à rétablir l’équilibre salarial basé sur l’ancienneté et nous veillerons à ce que leurs droits soient respectés », assure-t-il.
Sur le plan économique, le dirigeant syndical redoute une forte poussée inflationniste en 2024 à la suite de la hausse du salaire minimum et du paiement de la compensation salariale qui prendront effet le 1er janvier prochain. Il s’inquiète également d’une montée en flèche des prix dans le commerce dans les mois à venir, à cause d’une déstabilisation du fret maritime mondial via le canal de Suez, en raison de la guerre entre Israël et le Hamas.
À cet effet, Devanand Ramjuttun lance un appel au gouvernement pour le rétablissement des subsides sur des produits de base, dans le but de protéger le pouvoir d’achat des plus faibles de la société. Il conseille aux travailleurs d’épargner autant que possible pour pouvoir faire face aux temps difficiles.
Faizal Ally Beegun, de la Textile Manufacturing & Allied Union : « Rendre aux travailleurs étrangers leur dignité »
Le président de la Textile Manufacturing & Allied Union explique qu’il fera de la lutte pour redonner la dignité aux travailleurs étrangers, son cheval de bataille en 2024. « D’abord, je vais me battre contre les abus des agents recruteurs. C’est inadmissible qu’on leur promette monts et merveilles et qu’ils découvrent qu’ils ont été bernés à leur arrivée à Maurice » s’insurge Faizal Ally Beegun.
La majorité d’entre eux ont contracté des dettes pour venir à Maurice et une fois sur place, ils sont contraints de travailler parfois dans des conditions très difficiles pour pouvoir rembourser leurs dettes, déplore-t-il. Faizal Ally Beegun compte également mener campagne en 2024 pour que le gouvernement lève l’interdiction sur l’importation des travailleurs bangladais. Plusieurs compagnies, dont des PME, souffrent de cette décision, confrontées à un manque de main-d’œuvre, avance-t-il.
Par ailleurs, si le président syndical se réjouit que le salaire minimum soit passé à Rs 15 000, il souhaite que ce montant s’élève à Rs 25 000 dans un proche avenir. « Je souhaite que le gouvernement fasse de son mieux en 2024 pour protéger les emplois face aux menaces de certains employeurs qui annoncent qu’il y aura des fermetures et licenciements après la hausse du salaire minimum et l’octroi d’une compensation salariale de Rs 1500 à Rs 2000 par mois. »
Gheerishsing Gopaul, de la Government Services Employees Association : « 2024 sera une année très chargée »
Le secrétaire général de la Government Services Employees Association (GSEA), Gheerishsing Gopaul, parle d’une année 2024 surchargée pour les syndicats, en particulier ceux de la fonction publique. « Dès le mois de janvier, nous enchaînerons les réunions avec le PRB dans le cadre du nouveau rapport salarial dans la fonction publique. Plusieurs de nos membres attendent toujours de déposer devant cette instance et la GSEA a de longues heures de travail avec eux pour la préparation de leurs cahiers de revendications. »
Il explique aussi qu’il se battra, dès la rentrée, pour que les Ex-Prevocational Educators and Teachers, au nombre de plus d’une centaine, soient redéployés dans les collèges d’État dans les plus brefs délais. « Je ne comprends pas ce retard alors que c’est une recommandation du PRB. »
La nouvelle année sera également marquée par le réajustement des salaires après la hausse du salaire minimum. « Vraiment, les syndicats auront du pain sur la planche en 2024. » De son côté, la GSEA continuera de se battre pour une amélioration des salaires de tous les travailleurs du pays. « Un premier pas a été franchi avec la hausse du salaire minimum et maintenant notre objectif est que tous les travailleurs aient un salaire décent à Maurice. »
Judex Rampaul, du Syndicat des pêcheurs : « Le secteur de la pêche pourrait prendre son envol en 2024 »
Le président du Syndicat des pêcheurs affirme qu’avec une bonne politique gouvernementale, le secteur de la pêche pourrait prendre véritablement son envol en 2024 pour se positionner comme un des piliers économiques du pays. « Je ne cesse de dire que l’industrie de la pêche mauricienne a un gros potentiel, malheureusement sa Zone économique exclusive de 2,3 millions de km2 n’est toujours pas suffisamment exploitée », indique Judex Rampaul. À cet effet, il plaide pour que le gouvernement investisse massivement dans les bateaux semi-industriels et la formation des pêcheurs ainsi que des skippers mauriciens pour une exploitation efficace de ce vaste territoire.
D’autre part, il demande une limitation du nombre de bateaux semi-industriels à deux par opérateur. L’objectif est de permettre à toutes les sociétés coopératives de bénéficier des subventions gouvernementales pour se les procurer et d’offrir du travail à leurs membres respectifs. « Ce n’est pas juste qu’un seul opérateur dispose de plus d’une dizaine de bateaux semi-industriels alors que d’autres sociétés coopératives sont dans la peine », déplore Judex Rampaul.
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