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Perspectives 2023 - Indicateurs macroéconomiques : la croissance sera au rendez-vous, mais… 

5 %. C’est le taux de croissance que prévoient les Finances, Statistics Mauritius mais aussi la Banque de Maurice en cette nouvelle année. Pour Eric Ng, ces prévisions semblent réalisables. « Cependant, ce n’est pas le taux global qui compte.

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L’important est d’avoir une croissance équilibrée qui ne repose pas sur un seul secteur, soit le tourisme, mais sur plusieurs industries, telles que la manufacture et le secteur financier, entre autres. Il faut un équilibre entre la consommation, l’investissement et l’exportation », ajoute l’économiste. 

Quant à Manisha Dookhony, elle affiche la prudence. « Il y a beaucoup d’incertitudes. Le taux de croissance dépendra de l’évolution du taux Repo », soutient-elle. Nalini Burn abonde dans son sens. « Il faudra voir quelles seront les sources et les composantes de la croissance. Celle-ci a été jusqu’ici portée par la consommation qui est elle-même portée par la dette. Avec les récentes hausses des taux d’intérêt, les choses s’annoncent plus compliquées. Il est difficile de faire une prévision parce qu’on ne sait pas si l’augmentation des taux d’intérêt sera maintenue ou s’il y aura une baisse dans un contexte de récession », souligne l’économiste. 

De son côté, Swadicq Nuthay prévient que 2023 sera plus difficile que 2022 car les problèmes structurels du pays ne sont pas encore résolus. Mais tout n’est pas si noir, selon Rajeev Hasnah. « On pourra compter sur l’ingénuité et la résilience des principaux acteurs économiques de différents secteurs pour continuer dans la bonne direction », conclut-il. 

Évolution du taux de croissance
Année Taux de croissance 
2019 2,9 %
2020 Contraction de 14,6 % à cause de la pandémie 
2021 3,5 % 
2022 7,8 %
2023* 5%
* Prévision de la Banque de Maurice, du ministère des Finances et de Statistics Mauritius

Inflation : l’accalmie ? 

L’inflation a été le principal défi en 2022. En sera-t-il de même cette année-ci ? « Je vois mal l’inflation baisser avec la majoration des tarifs d’électricité en février et son effet boule de neige », avance Swadicq Nuthay. Ce n’est pas Nalini Burn qui dira le contraire. « On s’attend à un transfert des surcoûts des commerçants sur les prix des produits. Ce qui favorisera l’inflation. Cependant, les effets ne seront pas les mêmes pour tout le monde car les dépenses varient en fonction des revenus perçus avec beaucoup d’inégalités pour les plus démunis notamment », souligne-t-elle. 

Pour Rajeev Hasnah, c’est clair comme de l’eau de roche que les pressions inflationnistes persisteront. « C’est assez difficile de prédire quelle sera l’intensité de cette inflation ainsi que sa direction car plusieurs facteurs domestiques entrent en jeu », fait-il ressortir.

Cependant, comparativement à 2022, une baisse du taux est attendue en 2023. « Les prévisions internationales parlent d’une baisse de l’inflation. Celles-ci sont basées sur une probable amélioration de la situation en Ukraine. Cela dit, si la Chine augmente sa demande, les prix repartiront à la hausse. Ce qui favorisera l’inflation. Cependant, en cas de récession, les prix des matières premières et de l’énergie chuteront. Reste à savoir quelle sera la magnitude de cette baisse à Maurice », souligne Manisha Dookhony. 

De son côté, Eric Ng est d’avis que l’inflation tombera en dessous des 10 %. « La question est de savoir si l’inflation baissera à un niveau raisonnable, soit à 3 %. J’en doute fort si la politique monétaire accommodante est maintenue. De plus, le paiement de la compensation salariale – qui est uniforme et across the board – et la hausse des tarifs d’électricité sont deux facteurs inflationnistes qui nous guettent cette année. Ce qui rendra la baisse de l’inflation plus lente », avance notre interlocuteur.

Vers une baisse de l’inflation 
2022 10,6 %
2023* Entre 5 % et 6 %
* Source : Banque de Maurice

Emploi : l’inquiétante fuite des cerveaux 

croissance-economiqueSwadicq Nuthay est catégorique : le « mismatch » entre l’offre et la demande perdurera. Manisha Dookhony est du même avis.

« D’une part, plusieurs secteurs, tels que le secteur financier, les technologies de l’information et de la communication ou encore le tourisme, recrutent mais n’arrivent pas à combler certains postes. D’autre part, nous avons des jeunes qui recherchent des emplois mais qui n’ont pas les compétences voulues. Cette problématique persistera », craint-elle. 

Rajeev Hasnah se dit, quant à lui, inquiet par la fuite massive des cerveaux. « Par conséquent, les perspectives à moyen terme de nos secteurs d’activité s’annoncent difficiles et alarmantes », prévient-il. Pour Eric Ng, il ne faudra pas s’attendre à une grande amélioration sur le marché de l’emploi. « Le taux de chômage devrait rester au-dessus des 6 %. Beaucoup d’entreprises sont affectées par la hausse des prix et des taux d’intérêt. Elles adopteront une politique de resserrement des coûts. Ce qui freinera leurs envies de recruter, sauf en cas de besoin », indique-t-il. 

 

 

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