Comment l’économie et les principaux secteurs de l’économie évolueront-ils en 2018 ? Quels sont les opportunités à saisir et les défis à relever ? Avis des représentants des organismes essentiels du secteur privé.
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Maya Sewnath, membre de la Fédération des PME : «2018 s’annonce meilleure mais…»
Si 2017 a été morose pour le secteur des Petites et moyennes entreprises (PME), l’année prochaine s’annonce moins difficile. C’est ce que prévoit Maya Sewnath, directrice de SSS Furniture et membre de la Fédération des PME.
« Malgré plusieurs mesures annoncées dans le budget pour le secteur des PME et la mise en place des incitations fiscales par des institutions financières, il est toujours difficile pour un entrepreneur d’obtenir un prêt », déplore Maya Sewnath. Selon cette derniere, les Mauriciens privilégient les produits importés et les nouvelles technologies plutôt que d’investir dans les produits fabriqués localement.
Toutefois, Maya Sewnath estime qu’avec l’augmentation salariale et le salaire minimal, l’année 2018 sera meilleure.
« Par exemple, la construction de nombreuses maisons qui a débuté, cette année, devrait être complétée l’an prochain. Par conséquent, les activités des entrepreneurs vont décoller. »
Néanmoins, le membre de la Fédération des PME émet des réserves. « Les mesures dans le 10-Year Master Plan sont jusqu’à présent sur le papier. Il faut maintenant attendre et voir la concrétisation de ces mesures. »
Beas Cheekhooree, président de la Mexa : «Un espoir que le secteur d’exportation va redécoller»
Avec les impacts du Brexit, l’année 2017 a été très compliquée pour le secteur d’exportation. Toutefois, le président de la Mauritius Export Association demeure optimiste. Beas Cheekhooree estime que la mise en place des mesures par le gouvernement apportera un nouveau souffle au secteur l’année prochaine.
« Nous avons constaté un ralentissement sur nos marchés traditionnels ces deux dernières années. Par exemple, entre 2015 et 2016, les exportations vers la Grande-Bretagne ont connu une baisse de 19 % alors qu’entre 2016 et 2017, elles ont chuté de 8 % », a indiqué Beas Cheekhooree. C’est le même constat pour les exportations vers les États-Unis. En général, a-t-il dit, les exportations ont baissé de 15 %. Et de poursuivre : « Toutefois, je pense que la vapeur sera renversée l’année prochaine. Avec la mise en œuvre des mesures, tels le Speed-to-Market Scheme et le Freight Rebate Scheme, l’avenir s’annonce meilleur. » Selon Beas Cheekhooree, les opérateurs doivent trouver des moyens de diversifier leur production et de se concentrer sur les produits à valeur ajoutée.
Raj Makoond, CEO de Business Mauritius : «Une croissance de 4 % attendue»
Le Chief Executive Officer (CEO) de Business Mauritius est catégorique. L’économie mauricienne sera sur une courbe ascendante en 2018, selon lui. « En 2017, Maurice a réussi à maintenir une croissance supérieure à celle de l’année précédente et cette tendance va se maintenir en 2018. »
La bonne performance en 2017, dira Raj Makoond, s'explique par la croissance dans le secteur touristique, la relance dans la construction et le maintien de la croissance dans les secteurs des Tic et des Finances.
« Deux secteurs se retrouvent en difficulté cette année : le secteur d’exportation et le sucre », a déploré le CEO. S'agissant du chômage, le CEO de Business Mauritius est d'avis que les derniers chiffres sont encourageants. Toutefois, a-t-il dit, les femmes sont toujours sous-représentées dans le monde des affaires par rapport à d’autres pays. Raj Makoond demeure optimiste pour l’an prochain. « Le chômage va baisser, mais il faut plus de formations ciblées et précises pour les jeunes. »
2018, a fait ressortir Raj Makoond, représente aussi de nouvelles opportunités pour les entreprises locales.
« Plusieurs entreprises qui écoulent leurs produits sur le marché local s’orienteront vers l’exportation ou investiront dans la région en 2018. »
Le tourisme, le secteur des Tic et le Global Business vont maintenir leur croissance. Toutefois, a fait valoir le CEO de Business Mauritius, le secteur du sucre se trouvera toujours en difficulté.
Gérard Uckoor, président de l'ASC : «On attend un changement positif»
« On souhaite qu’il y ait un changement l’année prochaine dans le secteur de la construction, notamment un partage de biens équitables », a indiqué Gérard Uckoor, président de l’Association of Small Contractors (ASC). Et d'ajouter qu’il est important d'allouer des chantiers non seulement aux grands entrepreneurs, mais aussi aux petits contractuels.
« Il faudrait aussi remplacer les anciens bâtiments datant de plus de 40 ans », a soutenu le président de l’ASC. De ce fait, la reconstruction, a-t-il dit, contribuera à la création de divers emplois, en particulier pour les jeunes. « Avec un salaire approprié et des conditions de travail avantageuses, les jeunes n’hésiteront pas à se réorienter vers le secteur », a ajouté Gérard Uckoor.
Ken Arian, président de l'otam : «2 500 à 3 000 postes à pourvoir»
« Le secteur a un fort potentiel et nous sommes très confiants des perspectives pour l’année 2018 », a souligné Ken Arian, président de l'Outsourcing & Telecommunications Association of Mauritius (Otam). Hormis de nouvelles entreprises qui s’implantent à Maurice, a-t-il dit, les entreprises existantes dans le BPO recrutent pour répondre à leurs carnets de commandes.
« Nous avons actuellement environ 2 500 à 3 000 postes à pourvoir », a souligné Ken Arian. Pour lui, 2018 sera bénéfique au secteur pour plusieurs raisons, « notamment la croissance qui revient en Europe, l’adoption de la Data Protection Act qui fait de nous le premier pays hors Union européenne (UE) à s’aligner sur le General Data Protection Regulation (GDPR) de l'UE, mais aussi une accélération de la transformation numérique dans le cadre de la révolution industrielle 4.0. »
Selon le président de l'Otam, les opérateurs constatent une synergie qui se développe entre le secteur du numérique et les services financiers. Ce qui apportera une dynamique de croissance avec la FinTech et InsurTech, entre autres. « Il est bon de savoir que notre objectif est de parvenir à une croissance à deux chiffres et nous conjuguons nos efforts pour atteindre cet objectif », a-t-il conclu.
Jean-Louis Pismont, président de l’Ahrim : «Environ 900 postes vacants à remplir dans l’hôtellerie»
Si 2017 a été une année fructueuse pour le secteur du tourisme, la tendance devrait se poursuivre l’année prochaine. Toutefois, les opérateurs du secteur doivent s’attendre à faire face à un défi majeur : le manque de personnel.
Il n’y a pas de doute que l’année 2017 a été fructueuse pour le secteur du tourisme, qui a connu une croissance de plus de 10 %, selon le président de l'Association des hoteliers et restaurateurs de l'île Maurice (Ahrim). « L’accès aérien a de nouveaux marchés et le renforcement de la capacité de sièges vers nos marchés traditionnels sont les raisons principales qui expliquent la bonne note dans le secteur », a observé Jean-Louis Pismont.
Selon ce dernier, le renforcement de la sécurité et les campagnes de promotion de la destination ont aussi contribué à faire grimper le nombre de visiteurs étrangers. Jean-Louis Pismont affiche ainsi l’optimisme pour 2018.
« Toutefois, le plus gros défi auquel devront faire face les opérateurs, c'est la main-d’œuvre qualifiée. Il existe plus de 900 postes vacants à remplir dans les hôtels l’année prochaine », a fait ressortir Jean-Louis Pismont. Les opérateurs devront investir beaucoup dans la ressource humaine l’année prochaine, a-t-il conclu.
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