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Peroomal Veeren se dévoile : «Mo ena enn laenn pou seki zot finn fer mwa»

Devant la commission d’enquête sur la drogue, jeudi, Peroomal Veeren s’est défendu d’être le patron des patrons à la prison. Il est également revenu sur les circonstances qui l’ont poussé à devenir trafiquant derrière les barreaux.

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Il avoue être mêlé au trafic de drogue. Cependant, celui qui est soupçonné d’être le Big Boss du trafic de drogue s’est défendu devant la commission Lam Shang Leen. « Je suis victime de la répression des responsables de la prison. Ce sont ces années passées dans le milieu carcéral qui ont fait de moi ce que je suis devenu », a-t-il soutenu.

Celui qui se fait appeler Nobee ou Raoul, lors de ses transactions au téléphone, a ajouté que s’il était « vraiment un trafiquant » et s’il avait « beaucoup d’argent », sa défunte mère n’aurait pas loué une maison. Cependant, ses dires n’ont guère convaincu la commission. L’ex-juge Paul Lam Shang Leen devait exprimer sa déception quant aux « révélations » du caïd. Ce dernier a lancé aux membres de la commission, après avoir attiré l’attention des journalistes présents à l’audition : « Zot inn fer mwa vinn akter dan fim, kan mo pann fer fim la. Zot fer ou dir seki ou pan dir ».

Peroomal Veeren a évoqué sa situation familiale. Il a affirmé que son entourage n’a nullement influencé sa dérive. « Je n’étais pas un trafiquant. Ma sœur et mon beau-frère étaient policiers et ma sœur cadette enseignante », a-t-il expliqué.

C’est arrivé en prison, selon le caïd. Côtoyant plusieurs trafiquants, il n’aurait eu d’autre choix que de s’adonner au trafic. « C’était principalement pour l’argent. Il fallait régler les honoraires de mes avocats. À la prison, je mène une vie de famille avec les autres détenus. Mo ed bann ki bizin », a-t-il confié.
« Monn fini perdi mo zenes ek mo mama  »

« Monn fini perdi mo zenes ek mo mama », a répliqué Peroomal Veeren à une question du Dr Ravin Domun, assesseur de la commission. Celui-ci voulait savoir ce que le détenu ferait à sa sortie de prison. « Pourriez-vous mener une vie calme ? » lui a-t-il demandé. L’homme de 41 ans lui a répondu : « Se mwa ki pou deside. » Puis, il a ajouté qu’il ne s’adonnait pas au trafic pour de l’argent.

Des propos qui ont laissé perplexe l’audience. Le détenu a également égratigné Navind Kistnah. « Il ne dit pas la vérité, il tente le tout pour le tout pour devenir une Star Witness. Li bizin koz laverite ! » devait affirmer Peroomal Veeren.

Karne laboutik : « Dayri la ti pou Jissury »

Invité à s’expliquer sur le fameux Karne laboutik, Peroomal Veeren a fait porter le chapeau à un détenu décédé. « Dayri la ti pou Jissury sa », a-t-il affirmé. Cela même si le carnet est rédigé de son écriture.

Paul Lam Shang Leen lui a alors demandé s’il avait obtenu les manuscrits en « héritage ». Il n’a pas répondu. « Ou pa rod ed nou ? » lui a répliqué le président de la commission, qui a mentionné quelques noms : « Ronaldo, kisanla sa ? Ou donn li Rs 10 000 pou mariaz… Pa dir mwa zouer foutbal la sa ! » Veeren devait faire ressortir que le fameux Karnet laboutik contiendrait les écrits de « tou ban kamarad dan prizon, pa zis mwa ». Ce qui n’a pas convaincu les membres de la commission.

En quelques mots
Peroomal Veeren a été agent de sécurité pour le compte de la compagnie Caudan Security jusqu’en 2002. Il s’est fait coincer pour avoir vendu 98 doses d’héroïne aux limiers de la brigade anti-drogue à Sodnac, Quatre-Bornes. Il purge actuellement une sentence de 34 ans pour trafic de drogue. Le détenu a, lors de sa comparution devant la commission Lam Shang Leen, fustigé la manière de faire de l’Anti Drug and Smuggling Unit et a suggéré la mise sur pied d’une unité similaire à la Drug Enforcement Agency (DEA) aux États-Unis.

Le Premier ministre pas intimidé par les allégations du caïd Veeren

Le Premier ministre a mis les points sur les i dès sa descente d’avion, le jeudi 10 août, en début de soirée. « Ce sont des allégations et un joke de mauvais goût à mon égard. Jamais auparavant il n’y a eu autant de saisies de drogue réalisées », a déclaré Pravind Jugnauth à la presse après les allégations de Peroomal Veeren devant la commission d’enquête sur la drogue.

Le chef du gouvernement a précisé qu’il y a également eu de grosses saisies d’argent. « Je ne suis nullement intimidé par ce qui a été dit. Cela ne va pas ralentir mon travail. Je vais continuer à nettoyer le pays et protéger les citoyens mauriciens. Je suis déterminé à démanteler tous les réseaux de ce trafic », a-t-il soutenu.

Jeudi soir, le Bureau du Premier ministre a émis un communiqué pour « démentir fermement et catégoriquement les fausses allégations faites à l’encontre du Premier ministre ». « Aucune tentative d’intimidation ou de dénigrement planifié ne pourra empêcher le Premier ministre d’accomplir sa mission de libérer le pays, surtout les jeunes, du fléau de la drogue et des activités criminelles des trafiquants », peut-on y lire.

Dans l’après-midi de jeudi, le caïd Peroomal Veeren avait formulé certaines allégations devant la Commission d’enquête sur la drogue, voulant que ce serait le Premier ministre Pravind Jugnauth qui financerait ce trafic. De plus, il a affirmé avoir donné entre 25 et 30 millions de roupies pour la campagne du Mouvement socialiste militant aux élections de décembre 2014. Le caïd a évoqué les noms de Mahen Gowressoo et Geanchand Dewdanee.


Isolement après son audition

Peroomal Veeren,  a regagné la Pirate Wing de la prison centrale jeudi après-midi après son audition devant la commission d’enquête sur la drogue. Le commissaire des prisons indique que la sécurité a été renforcée en dehors de sa cellule et que sa nourriture est aussi cuisinée avec « le plus grand soin ».

« L’audition de Peroomal Veeren, jeudi devant la commission d’enquête sur la drogue, n’a rien bousculé à la prison centrale. Tout est passé quasi-inaperçu. Il a été véhiculé en blindé, sous forte escorte policière, sans que les autres détenus ne s’en soient aperçus », avancent des gardiens.

à son retour à la prison, vers 16 h 30, les autres détenus vaquaient à leurs occupations respectives. « Tout est normal à la prison. Cependant, la cellule de Veeren est désormais surveillée nuit et jour par deux membres de la Prison Security Squad et du Correctional and Emergency Response Team. Depuis jeudi soir, ses repas sont minutieusement préparés, car le détenu est diabétique », ajoutent nos sources à la prison.

Officiers de confiance

Les gardiens précisent qu’une « équipe d’officiers de confiance, rigoureux et avec un mental d’acier » a été sélectionnée pour veiller à la sécurité du détenu en prison et lors de ses sorties. « Peroomal Veeren est traité comme tout prisonnier en isolement. Un téléviseur a été placé dans sa cellule. Il n’a aucun contact avec les autres prisonniers. La Pirate Wing est dotée d’une cour grillagée et d’un mur ne permettant guère de voir ce qui se trame à la prison centrale. En gros, il est livré à lui-même… », souligne-t-on.

La cellule du détenu est surveillée par une dizaine de caméras de surveillance. « S’il est malade, il est envoyé sous forte escorte à l’hôpital », expliquent des éléments de la Prison Security Squad.

Vigilance accrue

Selon les gardiens, « la cellule du détenu est également pourvue d’une caméra CCTV ». Des Welfare Officers de l’administration pénitentiaire soulignent que, depuis jeudi après-midi, des gardiens ont reçu l’ordre de mener des rondes à proximité de la cellule de Veeren, dans la nuit, « pour assurer une sécurité rapprochée ».

Sollicité au téléphone, Vinod Appadoo, le commissaire des prisons, a déclaré que « les conditions de détention de Peroomal Veeren restent les mêmes ». « Il y a toutefois un renforcement de la sécurité aux alentours de l’aile où il se trouve et des précautions supplémentaires ont été prises. La nourriture du détenu est surveillée. Pour le moment, tout va bien. On ignore, toutefois, ce qui peut se produire à la suite de ses allégations devant la commission d’enquête sur la drogue. D’où le dispositif de sécurité renforcée », a-t-il précisé.

Pirate Wing : les cellules des pirates somaliens

La Pirate Wing de la prison centrale a été construite par l’UNODC (United Nations Office on Drugs and Crime) en 2014. Cette nouvelle aile était destinée à l’emprisonnement des 12 présumés pirates somaliens. Durant près de deux ans, ces derniers étaient en détention préventive à Maurice, en attendant leur procès.

Après le départ des Somaliens, la Pirate Wing est restée inoccupée pendant plusieurs mois, jusqu’à ce que le détenu Peroomal Veeren y soit logé.

 

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