Interview

Permal Sinnappan, directeur de Banker Shoes Limited: « Il est essentiel de taxer les chaussures importées »

Il compte 47 ans d’expérience dans la fabrication de chaussures. Permal Sinnappan, membre de l’Association of Footwear Manufacturers, affirme que la relance de cette industrie passe par l’introduction de taxes douanières sur les chaussures importées. Comment se porte l’industrie locale de chaussures ? Les fabricants locaux ont procédé à des licenciements. Une cinquantaine d’entreprises emploie aujourd’hui quelque 500 personnes. Banker Shoes a 27 employés, contre 57 auparavant. C’est la conséquence de l’élimination de la taxe sur les chaussures importées. Initialement, la taxe était de Rs 125. Ensuite, elle est passée à Rs 80. À ce niveau, l’industrie disposait encore d’une marge de manœuvre. En 2011, les droits de douane ont été abolis. À maintes reprises, nous avons discuté de notre situation avec les autorités. Elles nous ont assuré que nos suggestions seraient prises en considération. Rien n’a été fait. L’industrie est toujours pénalisée. Est-ce que la donne pourrait changer avec le budget 2016/2017 ? Nous avons confiance dans le présent gouvernement et le Premier ministre sir Anerood Jugnauth. Il n’y a aucun doute là-dessus. Afin de relancer l’industrie, quelle mesure concrète attendez-vous du gouvernement ? D’abord, il est bon de rappeler qu’à travers les médias, on exhorte les Mauriciens à acheter des produits locaux. Bien. Les organismes publics – gouvernement central, conseils de districts et municipalités – lancent des appels d’offres. C’est un marché de 75 000 paires par an. Mais ils achètent des produits fabriqués en Chine. Auparavant, la fourniture de chaussures était assurée par l’industrie locale.Quand nous participons aux appels d’offres, nous disposons d’une marge de manœuvre de 10 % par rapport aux produits importés. Ce n’est guère suffisant, car les chaussures de Chine sont déjà 30 % à 40 % moins chères. Nous demandons donc à ce que la taxe soit réintroduite à hauteur de Rs 100 la paire ou avec une marge de 50 % dans les appels d’offres. Donc, vous recherchez une protection de l’État pour assurer votre survie ? Si le gouvernement protège toutes les petites et moyennes entreprises à Maurice, il n’y aura pas un tel niveau de chômage (NDLR : 7,9 % en 2015, selon Statistics Mauritius). Tous les secteurs où opèrent les petites et moyennes entreprises recruteraient davantage. L’introduction d’une taxe relancerait l’industrie de la chaussure. On pourrait employer jusqu’à 15 000 personnes. La main-d’œuvre qualifiée est à portée de main. Ces anciens employés, après leur licenciement, se sont reconvertis en aide-maçons, peintres ou petit fabricants de savates, écoulant avec difficulté leurs produits dans les foires. Maurice est pourtant signataire des conventions visant à abolir les droits de douane… D’autres pays protègent leurs industries. Banker Shoes est le principal fabricant de chaussures à Maurice. Est-ce que l’entreprise importe pour le marché local ? Oui. Nous en importons une partie afin de faire face à concurrence et assurer la pérennité de l’entreprise. Actuellement, la moitié de mes équipements ont été mis de côté. Banker Shoes a une capacité annuelle de 60 000 paires. Aujourd’hui, l’entreprise ne produit que 20 000. Allez-vous investir si l’État accède aux demandes de l’industrie ? Je suis disposé à investir davantage dans les équipements neufs. Les banques jouent le jeu de manière générale.
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