- L’utilisation d’eau potable pour le lavage des véhicules et le remplissage des piscines bientôt interdite
Le ministre de l’Énergie et des Services publics, Patrick Assirvaden, a tiré la sonnette d’alarme, jeudi matin, lors d’une conférence de presse à Port-Louis. Face à une période de sécheresse persistante, plusieurs réservoirs du pays risquent d’atteindre un niveau critique dans les semaines à venir.
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« La situation ne s’améliore pas dans nos réservoirs. Le taux de remplissage a chuté de 41 % à 39,8 %, signe que nos réserves s’épuisent faute de précipitations », a alerté Patrick Assirvaden, ministre de l’Énergie et des Services publics. Face à cette situation critique, un comité de crise se réunit quotidiennement pour examiner les mesures à adopter : gestion de la distribution d’eau par la CWA, lutte contre les fuites et traitement des doléances des abonnés. Selon le ministre, une fois le seuil de 39,8 % atteint, la baisse s’accélère.
« Nous pourrons stabiliser la situation si des précipitations surviennent, mais il ne faut pas se bercer d’illusions. Le pays a besoin de plusieurs jours de fortes pluies », a-t-il insisté. Patrick Assirvaden s’est ensuite interrogé sur l’impact réel que de telles averses auraient sur le niveau des réservoirs. « Sans précipitations et sans amélioration de la situation, certains réservoirs pourraient être à sec d’ici mi ou fin mars. C’est pour cela que nous sommes en train de gérer l’eau de cette manière. À mesure que mars approche, des décisions difficiles devront être prises. Ce sont des choix que nous préférerions éviter, mais ils s’imposent face à la situation », a-t-il averti.
PHASE 3
Patrick Assirvaden a ensuite rappelé que chaque réservoir atteint un niveau critique en deçà duquel l’eau ne peut plus être pompée sans risquer d’endommager les filtres, en raison des dépôts boueux en surface. « La situation est préoccupante, c’est pourquoi elle fait l’objet d’un suivi quotidien.
Le comité de crise ajuste ses décisions en fonction de l’évolution du niveau des réserves », a insisté le ministre de l’Énergie et des Services publics. Patrick Assirvaden a par ailleurs fait comprendre qu’il n’y a « aucune indication que le niveau de réservoirs grimpera » de sitôt. D’où le fait que la phase 2 a été activée par le comité de crise. C’est-à-dire une gestion de l’eau le plus longtemps possible. « Les mesures ont atteint la phase 2. Nous espérons ne pas devoir passer à la phase 3 », a-t-il averti.
FUITES
Le ministre Assirvaden est ensuite revenu sur le nouveau régime d’approvisionnement en eau et la distribution d’eau à travers des camionsciternes. L’installation de mini-réservoirs d’une capacité de 9 000 Litres dans diverses régions du pays, dont Lallmatie, Chemin-Grenier, Chamarel, Baie-du-Tombeau, Notre-Dame et Ti-Rodrig, entre autres. Le but : rapprocher l’eau des abonnés. « Le nombre de personnel opérant dans les centres d’appels est passé de 13 à 31. En sus, nous avons renforcé notre département d’opération. Les ingénieurs ont été transférés sur le terrain afin de répondre à l’attente de la population. 1 479 conduits avec des fuites d’eau ont été réparés », a-t-il dit.
Selon Patrick Assirvaden, il existe également un gros problème de fuites. 62 % de notre eau se perd dans des fuites. Autre mesure prise par le comité de crise : l’irrigation de la canne à sucre a été suspendue. Selon le ministre l’Énergie et des Services publics, cette situation serait à l’origine du changement climatique. « L’année dernière, à cette même période, nos réservoirs affichaient un taux de remplissage de 95 %. Valeur du jour, nos réservoirs sont à environ 39 %. Le dérèglement climatique fait que tout devient imprévisible », dira le ministre.
Patrick Assirvaden : « L’intérêt national doit primer »
Il sera bientôt interdit d’utiliser l’eau potable pour le lavage des véhicules (Ndlr : un moratoire sera émis sous peu) et le remplissage des piscines. Les autorités, a précisé Patrick Assirvaden, ont aussi pris le contrôle des nappes phréatiques privées. Les firmes, comme ENL ou Médine, sont en train de collaborer avec les autorités. « Nous prendrons toutes les mesures que la loi nous permet concernant l’eau. Nous n’avons pas d’autre choix. L’intérêt national doit primer », a-t-il ajouté.
LÉGUMES
Le ministre de l’Énergie et des Services publics a précisé que l’irrigation des cultures maraîchères n’a pas été interrompue en raison de son impact direct sur le marché. « Si nous suspendons l’approvisionnement en eau, les légumes vont s’abîmer en raison de la chaleur, entraînant une pénurie massive. « Toutes nos décisions sont guidées par des considérations purement patriotiques », a-t-il dit.
NETTOYAGE DES RÉSERVOIRS : UNE OPÉRATION RISQUÉE
« J’ai reçu de nombreuses suggestions d’internautes, notamment sur le nettoyage des réservoirs. Mais c’est une opération extrêmement délicate », a expliqué le ministre. Selon Patrick Assirvaden, une intervention mal maîtrisée pourrait fragiliser les structures et compromettre leur étanchéité, avec un risque de fissures.
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