Père Pierre René Guichoux: un grand homme s’en est allé

Ceux qui ont côtoyé le père René Guichoux gardent le souvenir d’un homme affable et très engagé envers les pauvres. Sa disparition tragique, survenue le 13 juillet, laisse un grand vide dans le cœur des fidèles de sa paroisse... Son cadavre a été repêché à Gris-Gris, mercredi.

Choqué par la disparition du père René Guichoux, curé de la paroisse Ste Odile, à Camp-Levieux, le père Maria Paschal Sundaram cache mal sa tristesse. « Il était mon vicaire et nous venions de la Mission étrangère de Paris (M.E.P.), une congrégation de prêtres missionnaires. Il était toujours très accueillant. J’appréciais beaucoup son charisme et sa joie de voir l’épanouissement de ses confrères, du temps où il était le supérieur régional du M.E.P. à Maurice. » Une attitude qu’il a conservée par la suite. « Plus qu’un supérieur, il se montrait très paternel et faisait tout pour nous mettre à l’aise », souligne le père Paschal. Le père Jean-Claude Véder, directeur de l’Institut Cardinal Jean Margéot (ICJM), retient de lui son sens de la fraternité. « Je l’ai connu alors que j’étais séminariste. Il était curé de la paroisse Ste-Claire à Goodlands. Son côté fraternel m’a beaucoup marqué. Il aimait visiter les familles et j’appréciais le contact facile qu’il avait avec les gens. » Pour le père Véder, ce Français originaire d’Angers a su être Mauricien parmi les Mauriciens. Il a appris le kreol et s’exprimait dans cette langue.

« Jovial, simple, bon… »

Jean-Maurice Labour, vicaire général, qui l’a accueilli à Maurice quand il a débarqué à Maurice, garde du père Guichoux le souvenir d’un homme jovial et simple. « Il avait une grande joie de vivre, le sens des relations humaines. Nous nous plaisions à parler de nos amis communs du diocèse d’Angers où j’ai étudié. » Lors des funérailles, il a lu le message de son grand frère Louis-Marie Guichoux, où la proximité et le lien qui les unissent sont palpables. Grâce aux témoignages de son défunt frère, Louis-Marie Guichoux témoigne avoir connu « ce monde du sud avec ses joies et ses souffrances. Mon frère était très engagé auprès des mouvements ouvriers et des détenus en prison ». « Passionné des pauvres, le père Guichoux a aussi travaillé auprès des toxicomanes », ajoute le père Paschal. « Aumônier de la Ligue ouvrière chrétienne (LOAC), il a participé à l’aumônerie de la prison », souligne le père Gérard Sullivan. « Il était un grand passionné de l’action catholique dans le style et toute sa pensée et sa prière. » Le père Eddy Coosnapen, curé de la paroisse Sacré Cœur, retient qu’il a remis la LOAC sur les rails à travers ses convictions et qu’il a formé des équipes et redynamisé l’équipe nationale. « Le père Guichoux accordait une attention particulière aux enfants », renchérit le père Paschal. « Il fallait former non pas les parents pour avoir de bons enfants, mais former ces derniers pour qu’ils soient de bons parents et des adultes responsables », dit-il.

Empreinte indélébile…

Les nombreux commentaires sur les réseaux sociaux, des jeunes formés à travers le groupe 40, témoignent de l’empreinte indélébile qu’il a laissée dans le cœur de chacun. Alors que la formation était dispensée au Thabor, il a créé un groupe à Goodlands, afin que les jeunes du Nord puissent en profiter aisément, confie le père Véder. Enfin, le père Paschal garde le souvenir d’un homme rempli de bonté et avide de connaissances qu’il aimait partager autour de lui. Avec son départ, c’est une encyclopédie vivante qui disparaît. « Même s’il n’avait pas de réponse à une question, de suite il allait se documenter pour le faire. Il aimait bien se former pour former les autres. » Malgré ses 77 ans et en dépit de son handicap, le père Guichoux est allé jusqu’au bout de sa mission. « Il se déplaçait avec une canne et ne se plaignait jamais qu’il avait mal au pied. » Un grand homme s’en est allé. Il laisse derrière lui un grand vide et le mystère d’une mort non élucidée.