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Père Philippe Goupille : «Il est malheureux que des personnes se définissent encore par rapport à leur religion»

La campagne électorale bat son plein. Même s’il n’y a pas eu d’incidents majeurs signalés, les propos semblent voler très bas, avec des attaques personnelles et des références à la vie privée de certains candidats. Que pensez-vous de cette façon de mener une campagne, où les critiques sur les adversaires semblent primer sur les débats autour des programmes électoraux ?
Ce n’est pas d’aujourd’hui que les hommes politiques frappent sous la ceinture et s’en prennent à la vie privée de leurs adversaires. Cela a existé même au sein de la grande démocratie que fut la Grèce et justement dénoncée par les philosophes de cette époque. Il en était de même pour les Romains, comme le signale Cicéron, qui dénonce les violences verbales de certains orateurs de son temps.

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Je ne pense pas que ces critiques sur les adversaires vont faire progresser la société mauricienne. Il y a des manières de s’exprimer qui sont profondément offensantes et méprisantes ; et qui peuvent faire beaucoup de mal, des blessures qui prennent du temps à cicatriser. Nous savons que la violence appelle la violence. Au Conseil des Religions, nous avons fait plusieurs appels pour le respect mutuel et le débat des idées. 

Je me permets de rappeler que pour nous il est important de valoriser « la citoyenneté mauricienne ». Il est malheureux de voir que beaucoup de personnes se définissent encore par rapport à leur religion et à leur ethnie plutôt qu’en valorisant leur passeport mauricien. Cette éducation que nous devons faire dans les écoles et dans les familles pour donner priorité à la « citoyenneté » et à la fierté d’être citoyen mauricien n’est pas partout une priorité, et c’est dommage.

La diffusion des enregistrements d’appels téléphoniques a suscité l’étonnement et la colère de nombreux Mauriciens. Pensez-vous qu’il existe un risque de dérapage, d’autant plus que les autorités semblent plus intéressées à découvrir l’auteur des « fuites » qu’à demander des comptes aux personnes impliquées ?
Dans le cas qui nous occupe, c’est que les personnes impliquées s’expriment pour faire la lumière sur ce que vous appelez des « fuites ». Il ne suffit pas seulement d’enquêter sur la source des fuites, mais aussi sur ce qui a été dit. 

Il y a un principe qui me semble essentiel, c’est celui de « faire la vérité ». Ce que le peuple souhaite dans ce cas, comme dans bien d’autres, c’est de connaitre la vérité. En fait une campagne électorale sert aussi à révéler les dysfonctionnements – s’il y en a – dans une démocratie. S’il y a des dysfonctionnements, il faut les dénoncer même si cela peut faire mal.

Quel est le message du Conseil des religions pour cette campagne électorale ?
Nous avons publié déjà deux messages. Nous avons eu l’occasion de rencontrer les journalistes à une conférence de presse. Encore une fois nous avons plaidé pour que les hommes religieux gardent une certaine réserve et ne s’engagement pas ouvertement dans la politique de partis. Nous avons dénoncé le rapport dangereux entre religion et politique à partir de l’exemple de beaucoup de pays où cette pratique a mené parfois à la déchirure du tissu social.

 

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