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Pénurie de médicaments anticancéreux : des patients dans la tourmente

Des médicaments anticancéreux étant actuellement en rupture de stock dans les hôpitaux, les patients sont dans la tourmente. Ils craignent que leur état de santé ne se détériore.

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Le sang d’Avinash* s’est glacé quand, après ses analyses sanguines, on lui a fait comprendre qu’un des médicaments indispensables pour sa chimiothérapie n’était pas disponible. « On m’a dit qu’on allait prendre contact avec moi dès qu’on recevra  le médicament et  depuis j’attends toujours », explique-t-il. Il affirme que ce jour-là – au début de la semaine dernière – il y avait une trentaine de patients dans la même situation que lui.  Avinash soutient également que son médecin traitant lui a bien fait comprendre qu’il ne doit pas rater une seule injection. Si l’on en rate une, il faut recommencer tout le traitement.  « Je suis inquiet. J’ai peur que ma santé ne se détériore », soupire-t-il.

Zaina* est inquiète, elle aussi. « Je suis stressée par rapport à l’état de santé de mon père », dit-elle. « Il réagissait bien aux médicaments et ses douleurs s’étaient estompées, Mais depuis qu’il n’a pas reçu son traitement il y a deux semaines il souffre de nouveau », se lamente-t-elle. Compte tenu de l’état de santé de son père, elle a entamé des démarches afin d’obtenir les médicaments dans le privé car pour elle c’est une question de vie ou de mort. « On nous a fait comprendre que son traitement est intensif et qu’il doit être régulier. » Elle craint qu’en raison du non respect de la date d’administration du traitement de son père, son cancer ne recommence à se propager avec plus de virulence.

Protocole à respecter

Elle avait placé toute sa confiance dans le service de santé publique mais elle est aujourd’hui abattue car elle ne s’était pas préparée à une telle éventualité. « On n’a jamais pensé qu’une rupture de stock de médicaments pouvait survenir et contrarier le traitement en cours. Si l’on savait, on aurait  pris des dispositions pour suivre le traitement dans une clinique privée ou à l’étranger, même si cela allait être difficile financièrement », explique Zaina.   

Un pharmacien qui a tenu à garder l’anonymat se veut, lui, rassurant. Il soutient qu’il y a, certes, des protocoles à respecter mais qu’il peut y avoir un décalage d’une semaine entre la date fixée et l’administration de la prochaine dose de médicament sans que cela n’ait une incidence sur la santé du patient.

« Mais cela ne veut pas dire qu’on peut attendre un mois pour continuer le traitement », précise-t-il. Le Dr Bassoodev Goolaub abonde dans le même sens.

« Quand on n’administre pas la quantité de médicaments en temps voulu, le produit n’agit pas comme il faut et on doit alors tout recommencer », dit-il. Le ministère de la Santé a, pour sa part,  enclenché les procédures pour un ‘emergency purchasing’ pour pallier à la situation. Une enquête a aussi été initiée pour comprendre les raisons de cette rupture de stock.

* prénom modifié

Nouvelle cargaison

Une nouvelle cargaison des médicaments en rupture de stock devrait arriver au début de cette semaine. C’est ce que nous avons appris d’une source proche du dossier du côté du représentant de ces produits. Notre informateur nous a fait comprendre qu’il est difficile de faire des prévisions quant au nombre de médicaments à importer. Qui plus est, lorsqu’il s’agit du cancer dont il existe plusieurs types. Il soutient également que normalement cela ne pose aucun problème si le traitement est administré avec plusieurs jours de décalage. Et d’ajouter qu’en qu’il s’agit des médicaments en rupture de stock, ce sont des traitements de base pour lesquels il existe des alternatives. Mais il reconnaît que si des patients sont à l’aise avec un produit, d’autres peuvent provoquer des effets secondaires.

 

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