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Pénurie de devises : le commerce en difficulté à l’approche des fêtes

L’accès restreint aux devises menace l’approvisionnement et risque de peser sur les prix à la consommation.
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La General Retailers Association alerte sur la pénurie de devises à l’approche des fêtes de fin d’année. Une situation qui menace l’approvisionnement, les prix à la consommation et la stabilité économique.
Des fêtes de fin d’année sous tension. C’est le constat dressé par les membres de la General Retailers Association (GRA), face à une situation de plus en plus préoccupante : la disponibilité limitée des devises dans le pays. À l’heure où les importateurs doivent régler leurs fournisseurs pour garantir les stocks de fin d’année, notamment pour les jouets, vêtements, produits électroniques et denrées alimentaires, l’accès restreint aux devises menace l’approvisionnement et risque de peser sur les prix à la consommation.

Dominique Filleul, président de la General Retailers Association.
Dominique Filleul, président de la General Retailers Association.

« La fin d’année est traditionnellement une période de forte demande en devises. Les commerçants doivent payer leurs fournisseurs étrangers pour assurer la disponibilité des produits pendant les fêtes », explique Dominique Filleul, président de la GRA. Or, cette année, le contexte est particulièrement délicat. « Une disponibilité limitée de devises n’est pas sans conséquence : elle entraîne des retards dans les paiements, donc dans les livraisons, une hausse des coûts d’importation et une pression inflationniste que le consommateur ne manquera pas de ressentir », prévient-il.

Pour les commerçants, les effets sont déjà palpables. Certains rencontrent des difficultés à obtenir des devises auprès de leurs banques pour effectuer leurs paiements internationaux, ce qui provoque des retards dans la réception des marchandises. D’autres doivent recourir à des circuits plus coûteux, augmentant mécaniquement leurs frais d’importation. Ces coûts additionnels se traduisent par des hausses de prix pour le consommateur final, un phénomène que la GRA anticipe avec inquiétude.

« Nous avons déjà fait des représentations auprès de la Banque de Maurice pour alerter sur les répercussions du manque de devises sur l’importation de produits en cette période de fin d’année », précise Dominique Filleul. Selon lui, dans un pays où plus de 80 % des produits de consommation sont importés, cette situation menace directement la disponibilité et la stabilité des prix sur le marché local.

Pour sortir de cette impasse, la GRA plaide pour un retour à la transparence et à la fluidité du marché des devises. « Il est important de rétablir la confiance. Les opérateurs doivent sentir qu’ils peuvent accéder équitablement aux devises nécessaires à leurs activités », insiste le président. Il appelle également à des orientations politiques claires de la Banque de Maurice envers les banques commerciales afin de prévenir toute pratique discrétionnaire ou incohérente dans la distribution des devises. « Nous insistons sur la nécessité de reconnaître l’importance stratégique du secteur du commerce dans la préservation de la stabilité économique et de l’emploi », ajoute-t-il.

Restaurer la confiance et la transparence

La GRA recommande aussi la mise en place d’un dialogue régulier entre les autorités et les acteurs économiques pour mieux identifier les besoins et adapter les mesures à la réalité du terrain. « La clé, c’est de recréer un climat de confiance où les opérateurs n’ont plus besoin de se protéger individuellement, mais croient en un système qui fonctionne collectivement », avance-t-il.

Cette rareté des devises survient alors même que Maurice connaît un flux touristique record, dépassant le million de visiteurs. Une situation paradoxale, admet Dominique Filleul, mais explicable. « Le flux touristique devrait, logiquement, apporter davantage de devises dans le système. Cependant, plusieurs facteurs atténuent cet effet », soutient-il. Le président de la GRA souligne notamment que toutes les recettes touristiques ne transitent pas par le système bancaire mauricien : « Une partie importante reste à l’étranger, notamment via les plateformes de réservation internationales et les groupes hôteliers qui centralisent leurs paiements hors de Maurice. »

À cela, poursuit-il, s’ajoute une attitude prudente des opérateurs économiques et des ménages face à un contexte macroéconomique incertain. Beaucoup choisissent de conserver ou de rapatrier plus lentement leurs devises, réduisant ainsi leur circulation naturelle sur le marché local. En outre, il avance que la forte demande de devises par la State Trading Corporation et le Central Electricity Board pour financer les importations de produits pétroliers absorbe une part considérable des réserves disponibles.
 

 

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