
- Cette réforme fera économiser au pays jusqu’à 1,7 % du PIB
- Vers une croissance de 3 % et une inflation de 3,6 % cette année
- Le retrait de la BoM de la MIC de nouveau recommandé
- Les lacunes et incohérences des données économiques doivent être corrigées
Les dépenses de pensions représentent 7,5 % du PIB à Maurice, un niveau jugé trop élevé par le Fonds monétaire international face au vieillissement de la population. Pour assurer la pérennité du système, l’institution internationale avait préconisé lors de sa visite en avril de relever progressivement l’âge d’éligibilité au Basic Retirement Pension, de geler temporairement certaines prestations et de réformer la CSG en limitant l’accès aux seuls cotisants.
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Ces chiffres mis en avant par le FMI sur la pension
7,5 %
Actuellement, les dépenses liées aux pensions représentent environ 7,5 % du PIB du pays. Pour le FMI, ces dépenses sont relativement élevées et doivent être rendues plus soutenables à long terme.
+ 70 %
Depuis 2019, la pension de vieillesse (Basic Retirement Pension – BRP) a doublé, enregistrant une hausse réelle de 70 %, tandis que les cotisations de retraite ne représentent qu’environ 2 % du PIB. « Dans un contexte de vieillissement de la population, ces politiques risquent de compromettre la viabilité du système de pension. D’après notre scénario de base, on suppose que la croissance des pensions sera contenue au même niveau que l’inflation à moyen terme », souligne le FMI.
Ses 3 recommandations faites au GM pour garantir la pérennité du système de pension
1. Le relèvement progressif de l’âge d’éligibilité au BRP de 60 à 65 ans. « Ce qui permettrait d’économiser jusqu’à 1,7 % du PIB à pleine mise en œuvre », indique le FMI. Une recommandation que le gouvernement a adoptée dans son Budget.
2. Le maintien du montant actuel des bénéfices sous la CSG (pension CSG) qui sont versées aux retraités âgés de 65 à 75 ans sur le moyen terme. Cela générera des économies estimées à 0,4 % du PIB.
3. Une réforme du système de la CSG, en restreignant l’octroi des prestations uniquement aux cotisants.
Le FMI a aussi recommandé au GM de…
…supprimer les subventions salariales au secteur privé
Les subventions salariales au secteur privé devraient être progressivement supprimées, a suggéré le FMI. Une proposition motivée par l’application de la relativité salariale en septembre 2024. Car celle-ci a entraîné une augmentation de la masse salariale gouvernementale (+ 0,2 point de PIB) et des prestations sociales aux pensionnés (+ 0,9 point de PIB) ainsi que les subventions accordées à certaines PME pour compenser la hausse des coûts salariaux (+ 0,2 point de PIB). De même, le paiement du 14e mois a entraîné une nouvelle subvention aux PME pour couvrir ce coût supplémentaire (+ 0,2 point de PIB). Dans son scénario de base, le FMI prévoit un retrait partiel de ces mesures salariales en 2025-2026.
…d’abolir les Home Ownership et Home Loan Payment Schemes
Le FMI a suggéré au gouvernement de supprimer progressivement les deux aides au logement mises en place en 2021-2022, soit le Home Ownership Scheme (remboursement de 5 % sur l’achat d’un bien immobilier) et du Home Loan Payment Scheme (remboursement de 5 % sur un prêt immobilier). Une mesure qui fera économiser au pays environ 0,7 % du PIB et contribuerait à la stabilité financière, selon le FMI. Une prescription écoutée et appliquée dans le Budget. Ces deux schemes prendront fin le 30 juin 2025.
…d’enlever l’Independence Scheme
L’équipe du FMI a aussi recommandé au gouvernement de supprimer petit à petit d’autres aides générales, comme l’Independence Scheme (0,06 % du PIB), qui pourrait avoir des effets négatifs sur l’offre de travail en augmentant le salaire minimum accepté par les travailleurs. « Pour protéger les plus pauvres et les plus vulnérables, ces aides générales devraient être remplacées par des aides mieux ciblées », a prescrit le FMI. Dans son Budget, le gouvernement a indiqué, qu’à compter du 1er juillet 2025, le paiement de l’Independance Allowance sera en effet supprimé. Seule exception : les jeunes de 18 ans issus de ménages enregistrés au registre social continueront à bénéficier de cette allocation.
Ces principales recommandations du FMI
- Maurice doit recalibrer le dosage des politiques macroéconomiques afin de reconstituer une marge de manœuvre budgétaire.
- Le cadre de la politique monétaire doit être renforcé et il est essentiel de continuer à surveiller les risques macro-financiers pour maintenir la stabilité financière.
- L’accélération des réformes clés visant à améliorer la compétitivité extérieure, à stimuler une croissance portée par le secteur privé et à renforcer la résilience climatique contribuera à réduire les déséquilibres extérieurs.
- À l’avenir, le pays devra relever des défis budgétaires et structurels majeurs, notamment une dette publique élevée, d’importants besoins en investissement public, une productivité faible et le vieillissement de la population.
L’analyse du FMI sur la situation économique du pays…
… en 2024
- Croissance : L’économie mauricienne continue de faire preuve de résilience avec une croissance de 4,7 % en 2024 et une inflation contenue. Le PIB réel a augmenté de 4,7 % en 2024, contre 5 % en 2023, grâce au secteur des services, à la construction et au tourisme.
- Inflation : L’inflation globale est tombée à 2,5 % en mars 2025, contre 7 % en 2023, grâce à la baisse des prix des denrées alimentaires et de l’énergie au niveau mondial et à la réduction des droits d’accise sur les carburants.
- Déficit du compte courant : Le déficit du compte courant extérieur s’est creusé en 2024 pour atteindre 6,5 % du PIB, reflétant principalement l’augmentation des importations et des coûts de fret. Les réserves brutes du pays ont augmenté pour atteindre 8,5 milliards de dollars à la fin de 2024, couvrant près de 12 mois d’importations.
Quand le FMI rappelle l’épisode de la pandémie
- Extrait : « L’économie s’est solidement remise de la pandémie et les perspectives sont favorables, mais des défis budgétaires et structurels subsistent. »
…2025
- Croissance : Les perspectives de croissance restent favorables, bien que les risques soient à la baisse. Le PIB réel devrait se ralentir pour atteindre 3 % en 2025 en raison de l’affaiblissement de la demande extérieure, du ralentissement du tourisme et de la sécheresse. À moyen terme, la croissance devrait se situer autour de 3,4 %, en raison des vents contraires démographiques et des pénuries de main-d’œuvre.
- Inflation : L’inflation devrait s’établir en moyenne à 3,6 % en 2025 et rester dans la fourchette cible de la Banque de Maurice à moyen terme.
- Déficit du compte-courant : Le déficit du compte courant extérieur devrait se réduire à 4,7 % du PIB en 2025 - reflétant la baisse des prix du pétrole, les exportations augmentant modestement dans le contexte du ralentissement de la demande mondiale - et augmenter en 2026 en raison de la faiblesse des exportations, avant de se réduire progressivement.
- Déficit budgétaire : Le déficit budgétaire primaire (hors dons) pour 2024/2025 devrait se creuser de 3,4 points du PIB par rapport à 2023/2024, pour atteindre 6,5 % du PIB, principalement en raison de l’augmentation de la rémunération des salariés, des prestations sociales et des dons et transferts.
- Dette : La dette du secteur public devrait se situer à environ 88 % du PIB à la fin juin 2025 et diminuer progressivement à moyen terme.
Ces risques qui guettent le pays
- Extrait du rapport : « Les risques qui pèsent sur les perspectives sont à la baisse, notamment en raison de l’incertitude mondiale, des guerres tarifaires, des prix des carburants et des denrées alimentaires plus élevés que prévu, et des chocs climatiques extrêmes. »
Ce que dit le FMI sur…
… les recettes fiscales
« La politique budgétaire devrait adopter une stratégie de consolidation anticipée, axée sur la croissance, afin de renforcer la crédibilité fiscale et de reconstruire des marges de manœuvre budgétaires. Cela doit se faire tout en protégeant les plus vulnérables. Les recettes fiscales devraient être augmentées et les dépenses courantes contenues, tout en préservant les dépenses sociales essentielles et les dépenses d’investissement qui stimulent la croissance. »
…la réforme des pensions
« La réforme du système de pension reste essentielle pour assurer la viabilité des finances publiques, notamment face au vieillissement de la population mauricienne. »
… les réformes structurelles
« Maurice devrait accélérer les réformes structurelles pour stimuler l’investissement et l’innovation, en vue d’assurer une croissance durable portée par le secteur privé. Les priorités incluent le renforcement des compétences des travailleurs grâce à une meilleure éducation, la réduction des inégalités de genre, ainsi que la mise en œuvre de mesures d’adaptation au changement climatique pour renforcer la résilience économique. »
…les données économiques du pays
« Les lacunes et incohérences statistiques doivent être corrigées afin d’améliorer la qualité et la crédibilité des données macroéconomiques. »
…sur le ratio dette/PIB
« Dans l’hypothèse que les autorités mauriciennes mèneront à bien leur stratégie de consolidation budgétaire, mais à rythme jugé plus réaliste, le ratio dette/PIB atteindrait environ 83 % d’ici six ans, contre un objectif gouvernemental plus ambitieux de 75 %... Un tel objectif nécessiterait toutefois des efforts politiques considérables pour renforcer la crédibilité budgétaire, tout en soutenant la croissance économique et en préservant les dépenses prioritaires. »
… les dépenses courantes
« Le redressement budgétaire exigera une modération des dépenses, qui devra trouver un équilibre délicat entre les impacts potentiels sur la croissance, les priorités climatiques et la protection des plus vulnérables. À Maurice, les dépenses courantes (hors intérêts) représentent environ 85 % des dépenses publiques totales, soit un niveau nettement supérieur à la moyenne des pays d’Afrique subsaharienne (de 20 points de pourcentage) et des îles des Caraïbes (de 13 points). Ce ratio reste également environ 6 points de PIB au-dessus de son niveau d’avant la pandémie. »
La BoM appelée une nouvelle fois à se désengager de la MIC
Le Fonds monétaire international persiste et signe. L’institution somme de nouveau la Banque de Maurice de tourner la page de la Mauritius Investment Corporation (MIC). « La BoM doit commencer à amorcer progressivement son retrait de la Mauritius Investment Corporation et à renforcer son cadre de politique monétaire, notamment en reprenant l’émission sans plafond des 7-Day BOM bills, alignés sur le taux directeur », suggère le FMI. La BoM, poursuit le FMI, doit également se tenir prête à resserrer sa politique monétaire si les pressions inflationnistes réapparaissent.
Le FMI recommande aussi des amendements à la BoM Act, notamment pour garantir un soutien fiscal clair et préserver l’indépendance de la Banque centrale. « Le ministère des Finances et la BoM sont également encouragés à consolider leur engagement mutuel envers cette indépendance », souligne le FMI.
Autre recommandation : « la Banque de Maurice devrait continuer à miser sur la flexibilité du taux de change et à effectuer des achats de devises lorsque les conditions sont favorables, en cohérence avec son cadre monétaire, afin de renforcer ses réserves et sa capacité de réponse en cas de chocs externes majeurs. »
Bon à savoir
Une mission du FMI était à Maurice en avril dernier pour examiner, en concertation avec les autorités mauriciennes, les évolutions économiques récentes ainsi que les orientations des politiques publiques dans le cadre de l’Article IV Consultation. L’équipe avait rencontré le Premier ministre et le Gouverneur de la Banque de Maurice, entre autres.
Source : Article IV Consultation du FMI (publié dans la soirée du 18 juin à Washington et disponible à Maurice aux petites heures du jeudi 19 juin)

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