La hausse de la pension est certes populiste, mais pas sans conséquence sur l’économie.
L’Aon News Alert Budget 2023-2024 mettait en exergue le fait que les dépenses réelles totales pour le Basic Retirement Pension (BRP) ont été de Rs 40 milliards en 2022-23. Les paiements de la Contribution Sociale Généralisée (CSG) se chiffraient quant à eux à Rs 6,8 milliards. Selon les auteurs du document, le Budget 2023-24 prévoit une augmentation du BRP, qui se traduira par une hausse des dépenses de Rs 3,4 milliards à Rs 4 milliards chaque année au cours des dix prochaines années. Idem pour les prestations de la CSG, qui entraîneront une hausse annuelle des dépenses de Rs 4 milliards à partir de l’année prochaine. « Nous sommes très préoccupés par le fait que ces augmentations exerceront une pression beaucoup plus forte sur les finances publiques à l’avenir. Alors que le PIB total augmentera, la proportion du PIB qui sera allouée à la protection sociale sera de 9 %. Cela montre clairement l’ampleur du fardeau financier que représente la sécurité sociale pour les générations futures », peut-on lire.
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Promesse électorale
L’impact se fera donc ressentir sur le Consolidated Fund. Selon Rubina Gunowa, Directrice et Country Head d’Enwealth (Mauritius) Limited, la situation démographique du pays et son taux de natalité entraîneront un manque à gagner pour le fonds qui finance la pension. Un actuaire affirme que le système actuel de pension ne peut être maintenu, soulignant que Maurice fait partie des premiers pays au monde en termes de proportion du BRP par rapport au Produit intérieur brut.
Or, comme le rappelle l’économiste Sudesh Lallchand, il est déjà budgété que le BRP passera à Rs 13 500 d’ici 2024. Par conséquent, soutient-il, le poids économique de la pension va s’alourdir davantage. Aon alertait que les problèmes du pays vont s’accumuler dans l’éventualité que les allocations BRP (et autres pensions) et CSG soient revus à la hausse. La firme prévoit que les dépenses totales du BRP et des allocations de la CSG atteindront Rs 98 milliards d’ici 2033, soit à 9 % du PIB - en supposant un taux de croissance du PIB de 5 % par an, d’où la nécessité, selon Sudesh Lallchand, de bien gérer les finances publiques. Pour ce faire, avance l’économiste, il convient de ne plus utiliser la pension comme un outil politique. « Il faut revoir le système de fiscalité afin de rééquilibrer l’écart entre les riches et les pauvres. Une augmentation de la dette publique pourrait provoquer une situation similaire à la Grèce, qui n’a pu rembourser ses prêts », indique-t-il.
Potaya Kuppan, président de la Senior Citizen Federation : « Cette hausse sera vite engloutie par la vague inflationniste »
Potaya Kuppan, président de la Fédération des citoyens âgés, affirme que cette augmentation de la pension de vieillesse sera rapidement engloutie par l’inflation galopante qui frappe le commerce en général. Il dénonce également les pratiques de certains commerçants qui vendent des cigarettes et des boissons alcoolisées à des prix excessifs, alors que l’augmentation accordée par le gouvernement n’est que de 10 %. Selon lui, cela n’a aucun sens et les autorités devraient sévir contre de telles pratiques. Il parle aussi des prix abusifs des médicaments dans les pharmacies et de la hausse constante du prix des légumes. Il estime que le gouvernement doit mettre en place un contrôle des prix pour protéger les consommateurs contre les commerçants malhonnêtes.
Questions à… Bernard Yen, actuaire : « Le coût total du BRP aura davantage de poids lors des années à venir »
Quel sera le poids du paiement de la pension sur le Consolidated Fund ?
Le nombre de pensionnaires est supérieur à 250 000. Le coût total de la pension est d’environ Rs 40 milliards par an. Cela comprend les Rs 11 000 qui seront payés à plus de 250 000 retraités sur 13 mois, ajoutés à plus de 175 000 pensionnés âgés de plus de 65 ans qui toucheront Rs 12 000 par mois.
Comment est-ce que ce poids devrait évoluer sur les prochaines années ?
Le coût total aura davantage de poids lors des années à venir. Cela alors que Maurice devrait compter plus de retraités âgés de plus de 60 ans et de 65 ans. Dans le même temps, le nombre de jeunes est appelé à diminuer tenant compte du taux de natalité. L’une des promesses électorales du gouvernement en place était d’augmenter le Basic Retirement Pension (BRP) à Rs 13 500 d’ici 2024. Par conséquent, le poids devrait être multiplié par 10 %. Il n’y aura pas d’autres solutions que de revoir les impôts à la hausse.
La soutenabilité de la Contribution Sociale Généralisée (CSG) est une inquiétude grandissante alors que le gouvernement utilise ses allocations pour sa politique de protection sociale. Est-ce une préoccupation nécessaire ?
Il convient de souligner que la Contribution Sociale Généralisée (CSG) ne sert pas à grand-chose pour le moment. Le gouvernement puise dans ce fonds pour payer la CSG Allowance de Rs 1000 et pour financier d’autres allocations. Le résultat sera que la CSG n’aura pas suffisamment d’argent pour payer la pension. Comme je l’ai dit plus haut, on risque de se retrouver face à une augmentation des impôts, voire une hausse de la CSG.
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