
Sept mois après un 60-0 historique, le gouvernement affronte sa première grande vague de contestation. Ce samedi 21 juin, deux marches citoyennes sont prévues à Port-Louis et Rose-Hill contre la réforme controversée de la pension universelle à 65 ans. Syndicats, travailleurs et jeunes unissent leurs voix pour défendre un droit acquis : la retraite à 60 ans.
La colère gronde. Et cette fois, elle descendra dans la rue. Ce samedi 21 juin, les rues de Port-Louis et de Rose-Hill feront écho de la voix des Mauriciens décidés à dire « non » à la réforme de la pension universelle annoncée dans le Budget 2025-2026. Car si le gouvernement a remporté un raz-de-marée électoral il y a à peine sept mois, la lune de miel semble bel et bien terminée. À Port-Louis, la marche partira à 12 h 30 du Champ de Mars pour s’achever au Jardin de la Compagnie. À Rose-Hill, le départ sera donné dès 11 heures depuis Arab Town, pour une arrivée prévue à 13 heures au Plaza. Deux cortèges, une même exigence : le maintien de l’âge de la retraite à 60 ans.
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Pour de nombreux citoyens, la proposition de repousser l’âge de la pension à 65 ans n’est pas seulement impopulaire : elle est vécue comme « une trahison ». D’autant plus qu’elle vient d’un gouvernement porté au pouvoir avec une légitimité sans appel — 60 sièges à 0 lors des dernières législatives de novembre 2024. Ce rapport de force écrasant, qui laissait entrevoir un boulevard pour les réformes, se heurte aujourd’hui à une résistance sociale inattendue.
La plateforme « Pa Touss Nou Pension 60 ans » a donc vu le jour pour cristalliser cette colère. Regroupant collectifs citoyens et diverses associations, elle appelle à une mobilisation nationale et trans-partisane. Parmi ses membres : le « Regroupman Artizan Morisien » et « Pa Touss Nu SIM Card’ » L’initiative vise à « défendre le droit à la retraite à 60 ans » et à dénoncer toute tentative de repousser l’âge de la pension de vieillesse à 65 ans.
Depuis plusieurs jours, les appels à manifester se multiplient sur les réseaux sociaux. La Confédération des travailleurs des secteurs publique et privé (CTSP), fer de lance de la contestation, mobilise sans relâche.
Les jeunes syndicalistes montent en puissance. Dans une vidéo virale, l’un d’eux interpelle : « Le Budget a transformé nos lieux de travail en abattoirs. Sortons de nos zones de confort. Arrêtons de commenter passivement derrière nos écrans. Nous sommes l’avenir, nous devons agir maintenant ». Le ton est donné.
Pour Reaz Chuttoo, de la CTSP, cette mobilisation revêt un caractère exceptionnel. « C’est un moment historique. Nous attendons une forte mobilisation à tous les niveaux. Mais le plus important est le fait que l’événement ait su rassembler toutes les plateformes syndicales », dit-il.
Une plateforme citoyenne, pas un meeting politique
Face aux soupçons de récupération politique, les organisateurs tiennent à la neutralité de l’événement. « C’est une plateforme syndicale citoyenne. Il ne faut pas que la politique vienne polluer ce moment de revendication populaire », insiste Radhakrishna Sadien, président de la State and Other Employees Federation. Il appelle le gouvernement à écouter plutôt qu’à réagir dans l’urgence. « Ce sera un message clair au gouvernement. Le nombre importe peu face à la diversité des plateformes réunies », souligne-t-il.
Le gouvernement désavoue la COIREC
Coup de théâtre à la veille de la grande mobilisation contre la réforme des retraites. Le gouvernement a renversé, le vendredi 20 juin, la décision de la Côte d’Or International Racecourse and Entertainment Complex Ltd (COIREC), qui avait interdit la tenue de la marche prévue au Champ de Mars ce samedi. Le rassemblement aura bien lieu, a confirmé le Bureau du Premier ministre dans un communiqué.
Dans la foulée, Anil Kumar Kokil, CEO de la COIREC, a été démis de ses fonctions avec effet immédiat. Le gouvernement dénonce une décision prise « unilatéralement », sans consultation du Conseil d’administration. Le Premier ministre se dit « en total désaccord » avec l’interdiction et a demandé au Commissaire de police de l’ignorer purement et simplement. Il a également ordonné que la COIREC informe les autorités que la lettre datée du 19 juin est nulle et non avenue.
Bruneau Laurette : « Un signal fort à envoyer au pouvoir »
« Après une élection de 60-0, une manifestation… c’est marquant », déclare Bruneau Laurette. Selon lui, l’organisation logistique est bien en place : « À Rose-Hill, on démarre à 11 heures depuis Arab Town. L’arrivée est prévue à 13 heures sur la place du Plaza. On fait le maximum pour amener le plus de gens possible ». Notre intervenant insiste toutefois sur le fait qu’il « ne s’agit pas d’un simple coup de colère, mais d’un signal fort à envoyer au pouvoir ».
Bruneau Laurette se réjouit de la double mobilisation : Port-Louis, bastion syndical, et Rose-Hill, pôle citoyen. « Deux lieux, deux formes d’engagement, mais une seule cause : le refus catégorique du report de la pension à 65 ans. Il reste quatre ans et demi au mandat. Cette manifestation peut être la première d’une longue série, entre les syndicats et les citoyens, si le gouvernement persiste. On prépare déjà la suite si besoin », prévient-il.

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