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Peaux foncées et soleil tropical : un risque souvent ignoré

Plus on se protège des rayons UV, plus le risque de développer un cancer de la peau diminue souligne le Dr Khevin Bujhawon. Moins fréquents, mais plus tardifs, les cancers cutanés touchent aussi les peaux foncées, soutient le Dr Shabneez Nawoor.

Sous nos latitudes, beaucoup croient que les peaux foncées sont naturellement « protégées » du soleil. Or, le rayonnement ultraviolet demeure un danger réel. Brûlures, taches, vieillissement prématuré et cancers cutanés menacent aussi les phototypes élevés, souvent insuffisamment sensibilisés.

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La couleur de la peau dépend de la quantité de mélanine qu’elle contient. Ce pigment absorbe les rayons ultraviolets (UV) et protège partiellement contre les dommages cellulaires liés au soleil. De ce fait, certaines fausses certitudes persistent autour des peaux foncées. « Les peaux foncées, plus riches en mélanine, sont donc plus résistantes que les peaux claires », explique le Dr Shabneez Nawoor, dermatologue à l’hôpital Dr A. G. Jeetoo. Cependant, cette protection naturelle n’est pas absolue. « Sous les tropiques, une exposition prolongée sans précaution peut provoquer des coups de soleil, un vieillissement prématuré de la peau, des Contrairement à une idée répandue, les UV ne disparaissent pas lorsque le ciel se couvre. Entre 50 et 90 % des rayons ultraviolets traversent les nuages selon leur épaisseur et leur position par rapport au soleil. À Maurice, même par temps gris, une exposition prolongée reste donc nocive. Les conséquences vont des brûlures superficielles à des affections plus graves notamment le carcinome basocellulaire (petit nodule brillant ou plaie persistante), le carcinome spinocellulaire (plaques squameuses ou plaies ouvertes), ou encore le mélanome, forme la plus dangereuse du cancer de la peau. Les UV favorisent aussi le vieillissement prématuré de la peau et certaines affections oculaires comme la cataracte.

Quand consulter un dermatologue ?

Les taches ou lésions cutanées ne doivent pas être prises à la légère. Pour repérer une anomalie suspecte, la règle ABCDE reste un repère simple souligne la Dr Nawoor :
A pour asymétrie ;
B pour bordures irrégulières ;
C pour couleur multiple ;
D pour diamètre supérieur à 6 mm ;
E pour évolution (changement de forme, couleur ou taille).

« Au moindre de ces signes, consultez un dermatologue, qui pourra réaliser un examen approfondi et une biopsie si nécessaire », indique-t-elle. Un diagnostic précoce améliore considérablement les chances de guérison.

Des cancers souvent détectés tardivement

Chez les personnes à peau foncée, les cancers de la peau sont moins fréquents, mais ils sont souvent diagnostiqués à un stade avancé, souligne la dermatologue. En cause : un manque de sensibilisation et le fait que les lésions apparaissent parfois sur des zones peu exposées au soleil, dont les paumes, les plantes des pieds ou sous les ongles. Ces localisations inhabituelles retardent souvent la détection et compliquent la prise en charge. C’est pourquoi un auto-examen régulier de la peau et une consultation médicale au moindre doute sont essentiels.

Rôle du SPF pour les phototypes élevés

Contrairement à une autre idée reçue, le facteur de protection solaire (SPF) reste indispensable, même pour les peaux foncées. Il réduit les risques de brûlures, d’hyperpigmentation, de vieillissement prématuré et de cancer. Les dermatologues recommandent un écran solaire à large spectre avec un SPF d’au moins 30, à appliquer 15 minutes avant l’exposition et à renouveler toutes les deux à quatre heures.

Les bons réflexes au quotidien

Pour se protéger efficacement dans un climat tropical, la dermatologue préconise d’utiliser une crème solaire SPF 30 ou plus, à large spectre. Il est aussi recommandé de porter des vêtements couvrants et de couleur claire et de se munir d’un chapeau à large bord et de lunettes de soleil filtrant les UV. Afin d’être à l’abri d’un coup de soleil, mieux vaut également éviter une exposition entre 10 h et 15 h, lorsque les rayons sont les plus intenses. Autre impératif : ne jamais exposer les bébés de moins de six mois à la lumière directe du soleil. « Même sous les nuages, la vigilance s’impose. Car dans un pays comme Maurice, où le soleil règne presque toute l’année, la prévention reste la meilleure des protections », souligne la Dr Nawoor.

Cancers de la peau : prévenir avant qu’il ne soit trop tard

Les cancers de la peau, souvent liés à l’exposition solaire excessive, restent fréquents même chez les peaux foncées. Les dermatologues et cancérologues insistent sur la prévention, la vigilance et la protection contre les rayons UV.

Le Dr Khevin Bujhawon, cancérologue, explique que différents types de cancer de la peau existent : mélanome, carcinome basocellulaire (BCC) ou carcinome épidermoïde. Dans la majorité des cas, ces cancers sont liés à une exposition excessive au soleil. « Les parties du corps protégées ou moins exposées ont un risque réduit », précise-t-il.

Bien que la peau claire soit plus vulnérable, notamment après des bains de soleil prolongés, le Dr Bujhawon souligne que le soleil n’est pas le seul facteur. L’exposition aux rayons ultraviolets artificiels, utilisés dans certains appareils de bronzage, peut également provoquer des dommages cutanés. « Quand les rayons UV pénètrent la peau, ils détruisent les cellules de l’épiderme et provoquent des mutations de l’ADN, entraînant un cancer », ajoute-t-il.

Le cancérologue recommande d’éviter l’exposition directe au soleil entre 10 h et 14 h et de rester à l’ombre autant que possible. Si l’on doit se déplacer, il conseille l’application d’une crème solaire avec un SPF minimum de 30, voire 50, et le port de vêtements amples couvrant le corps. Comme le rappelle aussi la dermatologue Dr Shabneez Nawoor, même par temps nuageux, les rayons UV traversent les nuages et continuent de représenter un risque.

Le Dr Bujhawon insiste sur le diagnostic tardif des cancers cutanés liés à la diversité de leurs formes. Le BCC peut se développer sous la peau et rester peu visible. Le mélanome se forme sous l’épiderme et n’est souvent détecté que lorsqu’une lésion apparaît. Quant au carcinome épidermoïde, il se manifeste par une plaie que beaucoup prennent à tort pour une blessure banale, retardant ainsi le diagnostic.

Les cancers de la peau touchent surtout les zones exposées au soleil : le cuir chevelu, le visage, le dos des mains et les pieds. Ils peuvent se manifester par une grosseur, une plaie qui ne guérit pas, ou une tache sombre qui change rapidement de taille ou de couleur. Certaines lésions passent inaperçues en raison de leur localisation, retardant encore le diagnostic.

« Plus on se protège des rayons UV, moins le risque de développer un cancer de la peau est élevé », souligne le Dr Bujhawon, soulignant l’importance de la prévention et de la vigilance.

 

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