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Paupérisation des consommateurs : la demande pour des vouchers est de plus en plus persistante

Pierre Dinan estime que le ciblage est devenu une nécessité dans cette situation exceptionelle.

Si la hausse de l’inflation affecte de plus en plus les ménages, ce sont surtout ceux se trouvant au bas de l’échelle qui sont les plus touchés. Ils dépensent plus de 50 % de leurs revenus dans l’alimentation. Une aide directe aux plus pauvres de la société est de plus en plus réclamée. 

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Une mère contrainte d’abandonner ses deux enfants parce qu’elle ne peut les nourrir ou des enfants poussés à la mendicité pour subvenir aux besoins de leurs frères et sœurs plus jeunes… Face à ce constat accablant, la nécessité d’aider les plus vulnérables par le biais des aides spécifiques se fait de plus en plus pressante. 

Pour le secrétaire général de l’Association des Consommateurs de l’île Maurice (Acim), Jayen Chellum, au-delà de l’allocation de Rs 1 000 aux familles touchant jusqu’à Rs 50 000 par mois, le gouvernement doit introduire un système de vouchers aux familles avec des revenus de moins de Rs 30 000 par mois pour les aider dans l’achat des produits alimentaires. « En ces temps difficiles, l’aide gouvernementale doit cibler davantage la classe moyenne et les plus pauvres car ils dépensent près de 60 % de leurs revenus dans l’achat de produits alimentaires », fait-il ressortir.

Il trouve aussi que le gouvernement doit augmenter la gamme des produits qui sont sous le maximum mark-up et imposer un contrôle sur les produits dont les prix ne cessent de prendre l’ascenseur.

Jayen Chellum souhaite aussi que « les autorités douanières n’imposent que 20 % et non 100 %, comme c’est le cas sur les produits importés, pour faire baisser les prix sur le marché ». Il attire l’attention sur le fait que « le fret a connu des augmentations allant jusqu’à 700 % » et craint des éventuelles hausses dans les mois à venir. « Si le gouvernement a imposé un maximum mark-up dans le commerce, il est aussi juste qu’il réduise la taxe sur les produits importés pour faire davantage baisser les prix dans le commerce », dit-il. 

Rétablir les subventions

De son côté, le directeur de Consumer Advocacy Platform, Mosadeq Sahebdin, estime qu’il faut rétablir les subventions sur les produits de base pour une période de deux ans. Pour faire baisser davantage les prix, il plaide la révision de la formule de taxation des carburants, voire la réduction de la TVA sur ces produits afin d’alléger le fardeau des consommateurs. « Il faut savoir que les prix des carburants ont un impact direct sur de nombreux produits de consommation. Nul ne peut prédire jusqu’où perdureront la crise économique et la guerre en Ukraine. On note déjà des menaces de pénurie de produits alimentaires sur le marché mondial. Une pénurie mondiale entraîne définitivement une hausse des prix sur le marché mondial, et par extension, des prix forts pour les pays importateurs, comme Maurice. On peut ainsi prévoir qu’il n’y aura pas de répit de sitôt sur les prix. Nous nous dirigeons vers une crise alimentaire sans précédent. Déjà, certains ménages ne peuvent se permettre qu’un seul repas par jour », souligne-t-il

Parallèlement, Mosadeq Sahebdin plaide pour que le gouvernement revoie ses dépenses en guise de solidarité avec la population. À cet effet, il souhaite une réduction du salaire des ministres aussi bien que l’abolition des postes de PPS, attachés de presse et conseillers, entre autres.

« Il faut que le gouvernement démontre une réelle volonté de réduire les gaspillages en prenant des mesures correctives pour pallier les manquements relevés dans le rapport de l’Audit ou encore celui du Public Accounts Committee (PAC) », dit-il. 

Quant à l’économiste, Pierre Dinan, il est d’avis que le gouvernement doit venir en aide aux plus pauvres de la société à travers le ciblage et surtout s’il s’agit de produits alimentaires. « Les autres doivent accepter de réduire leur train de vie », dit-il. En cette période de trouble économique, il est du devoir du gouvernement de revoir ses dépenses pour ne pas alourdir les dettes publiques. « Ce sont nos enfants et nos petits-enfants qui vont porter ce lourd fardeau ensuite », dit-il. 

8,4 %

C’est le taux d’inflation globale en juillet. Quant à l’inflation en glissement annuel, elle  s’élève à 11 % au cours de la même période, a indiqué Statistics Mauritius il y a quelques jours. À savoir qu’en janvier, le taux d’inflation était de 4,6 % (taux global) et de 7,4 % (taux en glissement annuel). 

 

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