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Paul Lam Shang Leen à Roubina Jadoo-Jaunbocus : «Me Tisha Shamloll dit que vous avez fait pression sur elle»

La Parliamentary Private Secretary a été entendue, le mercredi 12 juillet, devant la commission d’enquête sur la drogue. Ses visites aux prisonniers ont été évoquées lors de l’audience. Me Roubina Jadoo-Jaunbocus devra fournir des réponses à Paul Lam Shang Leen et à ses assesseurs d’ici deux semaines.

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Des « unsollicited visits » aux détenus, des appels téléphoniques au caïd Peroomal Veeren… La Parliamentary Private Secretary (PPS) Roubina Jadoo-Jaunbocus (photo), avocate de profession, a rencontré plusieurs condamnés pour trafic de drogue. Il s’agit notamment de Christopher Kabinda, James Kanawanjee, Joseph Jacharree Bottesoie et Faizal Hussein. En un jour, elle a rencontré pas moins de 37 prisonniers. Il lui arrivait parfois de rencontrer 15 prisonniers. Idem à la prison des femmes. Ce sont les faits que la commission d’enquête sur la drogue reproche à l’avocate Roubina Jadoo-Jaunbocus. Elle a été sommée, le mercredi 12 juillet, de fournir des explications d’ici 15 jours.

D’emblée, Paul Lam Shang Leen, qui préside la commission, a souligné que son numéro de portable a été répertorié sur la carte SIM saisie sur le détenu Peroomal Veeren. La semaine dernière, Me Tisha Shamloll a indiqué à la commission que Me Roubina Jadoo-Jaunbocus a tenté de la contacter afin d’exercer des pressions sur elle. « Vous savez que c’est une offense ? » a demandé Paul Lam Shang Leen. À un certain moment, l’avocate, émue, a dit que sa famille souffre de ce qui est dit sur elle.

Extraits de l’audience

Paul Lam Shang Leen (PLSL) : On ne convoque pas ainsi des avocats. Votre numéro de portable était répertorié sur celui de Peroomal Veeren. Le lendemain de cet appel, vous lui avez rendu visite.

Roubina Jadoo-Jaunbocus (RJJ) : Effectivement, je lui ai rendu visite. Il a fait appel à moi concernant sa détention.

PLSL : Vous devez savoir qu’il est illégal de communiquer avec des détenus en dehors du proper channel.

RJJ : Je ne savais pas qui m’avait appelé. Je ne connais pas tous ces numéros.

PLSL : Vous devriez le savoir, car vous avez rendu visite dès le lendemain.

RJJ : D’habitude, je vais le matin avant les procès en Cour.

PLSL : Dans la liste des prisonniers que vous visités, il y a des trafiquants de renom : Christopher Kabinda, James Kanawanjee, Joseph Jacharree Bottesoie, Satianan Urjoon, Alain Emilien et Faizal Hussein. Qu’en est-il de Peroomal Veeren ? Le Diary Book de la prison indique qu’en une occasion vous avez visité 37 prisonniers.

RJJ : Je devais voir un prisonnier. Un officier de la prison m’a emmenée dans une salle où il y avait plusieurs détenus.

PLSL : Votre visite aux 37 prisonniers remonte à 2009. Le problème c’est qu’il y avait des « unsollicited visits ». Certains prisonniers ont refusé de vous rencontrer. Ces 37 prisonniers ont-ils servi d’échange d’informations ?

RJJ : Je ne sais pas.

PLSL : Vous auriez dû refuser de les rencontrer.

RJJ : Parfois, des proches des détenus retiennent mes services.

PLSL : Vous êtes le 22e avocat de Peroomal Veeren. Je ne comprends pas ; il y avait une queue de détenus alors que vous n’êtes pas leur avocat.

RJJ : J’ai fait du pro bono.

PLSL : Les biens de divers trafiquants ont été saisis. Outre la visite aux 37 détenus, vous avez rencontré 15 d’entre eux d’un seul coup. Une autre fois, c’est 14 et neuf d’un coup. Comment procédez-vous ?

RJJ : Je les rencontre pour les seuls besoins des procédures.

PLSL : Vous avez rencontré l’Australienne Susan Dalziel alors qu’elle n’est pas votre cliente.

RJJ : Elle m’avait appelée. C’est pourquoi je lui ai rendu visite.

PLSL : Connaissez-vous Bibi Amina Noordally ? Est-elle à la prison ?

RJJ : Elle est venue me voir à mon bureau. Elle habite la même circonscription.

PLSL : Mais elle est en prison.

RJJ : Ah ?

PLSL : C’est la belle-mère de Peroomal Veeren. J’ai demandé à Me Erickson Mooneapillay comment il a rencontré Bibi Amina Noordally. Il m’a dit que c’est après un appel de Peroomal Veeren.

RJJ : Parfois, les détenus refusent les services d’un avocat.

PLSL : La semaine passée, une avocate a déposé. Des personnes l’ont contactée. C’est vous qui l’auriez contacté. Je parle de la jeune avocate Me Tisha Shamloll. Elle a dit que vous l’aviez contactée. Sa belle-mère est la Confidential Secretary à votre bureau. Elle a refusé de prendre votre appel.

RJJ : Je n’ai aucune raison de la contacter. Sa vie privée ne me concerne pas.

PLSL : Vous savez que c’est une offense d’agir ainsi ?

RJJ : Je ne l’ai pas contactée.

PLSL : Si vous le dites. Vous êtes sous serment.

(À ce moment, l’avocate est très émue, NdlR)

RJJ : Je n’ai rien fait de mal. Beaucoup a été dit dans la presse sur moi. Cela affecte ma famille et mes enfants. J’ai une vie privée.

PLSL : Me Tisha Shamloll est-elle votre Junior ?

RJJ : Non. Mais elle a travaillé avec moi pendant un certain temps.

PLSL : Connaissez-vous Abdool Gafoor Jeetoo ? En vérifiant votre compte bancaire, on constate qu’il y a versé de grosses sommes d’argent, soit Rs 100 000 à la State Bank of Mauritius.

RJJ : Je ne le connais pas.

PLSL : Vous devriez vérifier.

RJJ : Cela concerne ma vie privée. (La PPS écrit quelque chose sur un morceau de papier qu’elle remet au président, NdlR)

PLSL : Votre vie privée ne m’intéresse pas. Le problème c’est que dès qu’un cas vient en Cour, ce n’est pas vous qui défendez l’accusé.

RJJ : J’ai travaillé selon des principes et correctement.

PLSL : On vous a répertorié. Maintenant, les avocats disent qu’ils n’ont pas accès facilement à la prison. On veut des précisions.

(À ce moment précis, Sam Lauthan, assesseur de la commission, interroge la PPS, NdlR)

Sam Lauthan (SM) : Avec qui avez-vous fait votre pupillage ?

RJJ : J’ai fait une partie en Angleterre et à Maurice. J’ai été Junior aux Collendavelloo Chambers. Puis j’ai travaillé à mon compte.

SL : Comment avez-vous pu rencontrer 37 détenus d’un seul coup, le 31 janvier 2009 ?

RJJ : Je devais rencontrer un détenu. C’est une fois à la prison que j’ai su que plusieurs détenus voulaient des conseils légaux. C’était une session légale.

SL : Qu’en est-il des unsollicited visits ? Un de vos Seniors vous a-t-il demandé cela.

RJJ : Non. Je ne crois pas.

(Le président de la commission prend le relais, NdlR)

PLSL : Sur les 37 détenus que vous avez rencontrés, trois ne voulaient pas vous voir. Donnez des explications. Vous avez rencontré Siddick Islam. La dernière personne rencontrée le 16 décembre 2014, c’est Bibi Fazia Jhangeea.

RJJ : Après les élections générales de 2014, j’ai cessé de pratiquer. Il est impossible que je sois partie à la prison.

Roubina Jadoo-Jaunbocus au bord des larmes

La Parliamentary Private Secretary (PPS) Roubina Jadoo-Jaunbocus semblait crispée quand elle s’est présentée devant la commission d’enquête sur la drogue. Tout au long de l’audience, la députée a tenté de se justifier sur les questions de Paul Lam Shang Leen. Toutefois, elle s’est plongée dans un silence lorsque ses 37 visites aux prisonniers en une journée ont été évoquées. Roubina Jadoo-Jaunbocus a affirmé, au bord des larmes, qu’elle est une avocate intègre et qu’elle n’a été jamais été mêlée au trafic de drogue. L’avocate a plaidé l’ignorance sur les virements de Rs 100 000 sur son compte bancaire mensuellement avant de se raviser. Puis elle a écrit ses explications sur un morceau de papier en évoquant sa vie privée.

 

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