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Passerelle de Roche-Bois en béton armé : la structure a été érigée selon les normes établies

La partie effondrée s’est encastrée entre la cabine du chauffeur et le chargement du camion.

La passerelle de Roche-Bois a été construite en béton armé, c’est-à-dire avec du béton renforcé par des barres de fer. Son effondrement partiel est-il lié à la vitesse du poids lourd ? Éléments de réponse.

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Au niveau des autorités, on est catégorique : « Toutes les passerelles du pays ont été construites à une hauteur standard de 4,5 mètres. En outre, en vertu de la loi, chacune d’entre elles est équipée de panneaux indiquant que la distance entre la route asphaltée et la structure est de 4,5 mètres », précise-t-on.

Comment alors se fait-il que le chauffeur du poids lourd ait pu ignorer cette exigence des autorités ? Combien d’années d’expérience possède-t-il comme chauffeur de poids lourd ? Les images de la collision circulent sur la toile depuis samedi après-midi. Sur celles-ci, on peut voir que c’est la partie avant de la grue qui est entrée en collision avec la passerelle, arrachant ainsi la structure en béton armé. Le bout de la grue était-il sanglé, voire enchaîné, avec le reste de la structure ? Pourquoi le véhicule était-il dépourvu d’escorte policière ?

La vitesse du poids lourd transportant une grue de plusieurs tonnes est aussi remise en question. D’un point de vue purement physique, si le véhicule roulait à une vitesse raisonnable, la plaque de béton armé constituant la passerelle aurait dû se décaler de quelques pouces au lieu d’être arrachée complètement du pylône.

Claude Wong So, ancien président de la Road Development Authority (RDA), met en avant le fait que la réglementation concernant la hauteur des ponts est généralement bien établie à Maurice. Il souligne que la norme standard dans le pays est de 4,5 mètres de haut pour les ponts. Il s’agit, selon lui, d’une réglementation qui vise à garantir la sécurité des infrastructures routières et à assurer la libre circulation des véhicules sous les ponts. Dans de telles circonstances, comment l’incident survenu à Roche-Bois a-t-il entraîné l’effondrement du pont ? Il estime que la responsabilité incombe au chauffeur du poids lourd de s’assurer que celui-ci peut passer en toute sécurité sous la structure en béton.

« Il est de la responsabilité du chauffeur de déterminer si son véhicule peut franchir une structure en béton sans incident. Il doit aussi s’assurer que la marchandise qu’il transporte ne risque pas de provoquer une collision », affirme-t-il. De ce fait, les chauffeurs de poids lourds doivent être conscients des dimensions de leur véhicule et de la hauteur des structures qu’ils rencontrent sur la route pour éviter tout incident.

Claude Wong So insiste sur le fait que les chauffeurs doivent également veiller à ce que la cargaison qu’ils transportent soit correctement sécurisée et ne puisse pas causer de dommages en cas de collision ou d’accident. Par conséquent, la responsabilité de la sécurité routière ne doit pas reposer uniquement sur les autorités ou les normes établies, mais aussi sur les conducteurs qui doivent prendre conscience de leur rôle crucial dans la prévention des accidents et la protection de la vie humaine sur les routes.

Structure préfabriquée

L’ancien président de la RDA met aussi en évidence le caractère préfabriqué de cette structure, initialement conçue uniquement pour les piétons. Comparée aux ponts plus robustes destinés aux véhicules, la passerelle de Roche-Bois était nettement plus légère. Cette différence nécessite, selon lui, une réflexion approfondie sur la stabilité latérale de ce type de structure.

En effet, pour garantir sa sécurité et sa durabilité, il est crucial d’évaluer attentivement sa capacité à supporter les charges auxquelles elle est soumise, tout en assurant la protection des piétons. Cette différence de conception nécessite une évaluation minutieuse de la stabilité latérale de la passerelle, car elle est soumise à des contraintes différentes. En effet, la sécurité et la durabilité d’une passerelle dépendent de sa capacité à résister aux forces latérales, tout en garantissant la sécurité des piétons qui l’empruntent quotidiennement.


La passerelle construite en 1970

Selon nos recoupements d’informations, la passerelle a été initialement construite par COLAS en 1970 et renovée par General Construction en 1997. Les deux extrémités de la structure contenaient toutefois des escaliers. Une partie de la passerelle a été rénovée en 2013 sous le gouvernement travailliste.

Le ministre des Infrastructures publiques de l’époque, Anil Bachoo, sollicité, explique que les travaux de rénovation comprenaient uniquement la substitution des escaliers par des rampes. « Des rampes ont été installées des deux côtés de la passerelle en 2013, à la suite d’une demande des habitants de Roche-Bois, afin de faciliter l’accès aux étudiants, personnes en situation de handicap et personnes âgées, entre autres. Nous n’avons pas modifié la structure de la passerelle », souligne-t-il.

Quelle est son opinion sur la collision entre la grue du poids lourd et la structure en béton armé de la passerelle ? « Je ne suis pas en mesure de faire de commentaire. Laissons l’enquête policière suivre son cours. Mais à première vue, il n’y avait aucune escorte policière. De plus, le véhicule semble ne pas avoir respecté la limite de hauteur recommandée par la loi », fait-il ressortir.


Ehsan Juman : « Nous avons échappé à une catastrophe »

Le député de la circonscription n°3 (Port-Louis Maritime/Port-Louis Est), Ehsan Juman, était le premier sur place, arrivant environ 20 minutes après l’incident. Il a lancé un appel au public de ne pas venir sous la passerelle. Conscient que celle-ci était utilisée par de nombreux habitants du quartier pour accéder aux deux côtés de l’autoroute, il demande aux autorités de faire installer un passage clouté.

« Nous avons échappé de très près à une situation catastrophique. Comment se fait-il qu’il n’y ait pas de motards dépêchés pour escorter le véhicule, qui est visiblement surchargé et hors normes ? De plus, il n’y a pas de panneaux de signalisation. Comme Roche-Bois est séparé par l’autoroute, j’ai fait une requête pour l’installation d’un passage clouté équipé de feux de signalisation. Je demande la réalisation d’une étude afin d’ouvrir l’autre flanc de la passerelle », déclare-t-il.


Bobby Hurreeram : « S’agit-il d’un acte accidentel ou criminel ? »

Le ministre des Infrastructures nationales, Bobby Hurreeram, s’interroge quant aux circonstances de l’accident. « S’agit-il d’un acte accidentel ou criminel ? L’enquête le dira », a-t-il déclaré alors qu’il se trouvait sur place, samedi après-midi. 

Selon lui, le camion était oversized et ne respectait pas les normes. Un tel véhicule avec un chargement pareil, une pelleteuse, nécessite une escorte policière avant de prendre la route. Il a expliqué que les ingénieurs de son ministère sont à l’œuvre et qu’il a donné des instructions pour enlever le pont afin d’éviter tout risque. « Des feux de signalisation temporaires seront installés dans cette partie de Roche-Bois. La police sera aussi présente dans la région », a-t-il précisé. Le ministre se rendra au CCID ce matin, accompagné de son homme de loi.

 

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