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Parvez Dookhy, avocat et constitutionnaliste : «La transparence, tout comme la méritocratie, c’est une culture»

Le processus de sélection des nouveaux membres du conseil d’administration de la NEF était-il conçu pour être transparent ou pour légitimer des choix prédéterminés ?
La transparence, tout comme la méritocratie, c’est une culture. Ce n’est pas tant une question de loi, d’encadrement. La loi peut toujours être contournée, hélas. Par exemple les appels d’offres. En Angleterre, il n’y a pas de Constitution écrite. Mais pourtant tous les acteurs politiques savent ce qu’ils ne doivent pas faire et ne le font pas. C’est cette culture et surtout cette exigence que nous n’avons pas. Certains ont commencé à réagir, mais si c’est pour ensuite valider les maldonnes de l’ancien dirigeant, en le ramenant au pouvoir, ça ne sert strictement à rien de crier au scandale. C’est le drame de l’électorat mauricien. 

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La présence de Dany Marie dans le panel de sélection est-elle compatible avec les principes d’éthique publique ?
Manifestement ça interpelle. Je ne connais pas la personne et ses relations avec le ministre. Mais ça a l’air d’être un fait notoire qu’elle soit la compagne de l’actuel ministre Ashok Subron. Un ministère ne peut pas devenir une entreprise familiale. Je sais que les principaux partis politiques sont des entreprises politico-familiales. Mais ce n’est pas une raison ! 

Rezistans ek Alternativ a-t-il outrepassé son rôle en revendiquant le contrôle d’un processus public, selon vous ?
C’est faire du Kobita sans Kobita finalement. La politisation, j’entends par cela le fait de donner des faveurs à ses partisans, est un grand mal qui ronge notre société. C’est l’antithèse de la méritocratie. Tous les pays qui ont réussi ont fait primer la valeur de la méritocratie. On prend le meilleur pour l’État. C’est la raison pour laquelle Maurice perd, d’année en année, son éminence grise. C’est pourquoi les jeunes quittent massivement le pays. Et surtout ceux qui sont partis faire des études dans les grandes universités occidentales ne rentrent pas au pays à la fin de leurs études. 

Une enquête indépendante, comme le réclame le leader de l’opposition, est-elle encore possible dans un climat aussi politisé ?
Je serais catégorique. Si on regarde la mainmise qu’aura le Premier ministre dans la direction d’une commission d’enquête (devenue comité d’enquête), on voit bien que tout est politisé. Impossible pour un enquêteur d’agir contre le gouvernement. L’organe d’enquête sera dissous ou suspendu. Ce sera d’ailleurs le cas de la commission d’enquête devant laquelle le Premier ministre en exercice est, jusqu’ici, le principal mis en cause.

 

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