Interview

Parvez Dhookee: «Des intérêts français ciblés à la rue St-Georges ?»

Parvez Dhookee, avocat et dirigeant du Ralliement citoyen pour la patrie
Chaque samedi, l’équipe de l’émission « Au cœur de l’info » décortique l’actualité de la semaine. Les divers invités apportent, au micro de Nawaz Noorbux et Jugdish Joypaul, un nouvel éclairage aux débats en cours. Nous en reproduisons les extraits saillants. Doit-on prendre au sérieux les incidents survenus à la rue St-Georges ? De mon point de vue, certains éléments troublants devraient nous inciter à prendre ces incidents au sérieux. D’abord, il y a quelques mois, nous avons tous pu voir une vidéo dans laquelle un Mauricien appelait ses compatriotes à rejoindre l’État islamique et à faire le jihad en Syrie. Maintenant, il y a des coups de feu tirés sur l’ambassade de France. Est-ce un passage à l’acte ? Peut-on dire que la cible principale était clairement l’ambassade de France ? Une version va dans cette direction. Si les coups de feu en direction de l’hôtel Le Saint Georges sont volontaires, cela signifie qu’il y a une volonté de s’attaquer à des intérêts français. L’établissement est très fréquenté par les Français. Il se peut aussi que ce soit pour éliminer un témoin oculaire que des coups de feu ont été tirés sur l’hôtel. La grande question est : ciblait-on des intérêts français à la rue St-Georges ? Pourquoi Maurice ? Depuis les attentats de Paris, auxquels la coalition a répliqué par des bombardements, il devient plus difficile pour l’État islamique de commettre des attentats sur le territoire français. Donc, il s’attaque aux intérêts français et européens dans d’autres pays, notamment en Afrique. Il y a une volonté de délocaliser les attaques. Même dans un petit pays comme Maurice ? Maurice est un pays touristique très fréquenté par les Français. Le pays peut donc devenir une cible. Ce n’est pas sûr que ce soit le cas, mais il y a un risque. Pour certains, les tireurs sont des amateurs. Ils se basent notamment sur le modus operandi et les fautes de français dans les graffitis. N’est-ce pas finalement une action de quelques têtes brûlées s’inspirant de l’État islamique à travers YouTube ? C’est une autre hypothèse. Ceux qu’on appelle les loups solitaires se laissent inspirer et passent à l’action de leur propre chef. Concernant les fautes d’orthographe, je souligne que les combattants de Daech ne sont pas des spécialistes de la langue, ni des hyper religieux. Ce sont souvent, à l’origine, des voyous. Des terroristes n’auraient tout de même pas utilisé des fusils de chasse ? Traditionnellement, on utilise des bombes pour commettre des attentats. Toutefois, depuis quelques années, on voit que Daech utilise des armes à feu. En fait, toute arme peut tuer. L’objectif pourrait être de frapper l’économie mauricienne, basée sur le tourisme et l’investissement étranger. Une autre hypothèse est que ce serait l’œuvre de gens voulant nuire à certains intérêts. Est-ce plausible ? Toutes les hypothèses sont plausibles, même celle du complot. À l’enquête de déterminer laquelle est la bonne. J’ai été étonné d’entendre des gens dire qu’il s’agissait d’une plaisanterie. Je rejette formellement cette hypothèse. J’ai aussi été surpris par la méthode utilisée par la police jusque-là. Elle aurait dû, selon moi, privilégier la surveillance et la filature avant de procéder aux arrestations. Êtes-vous surpris par la mauvaise qualité des images des caméras de surveillance de l’ambassade de France ? Il n’y a jamais eu d’incidents de ce genre dans le passé. Je pense que l’ambassade n’a pas jugé utile d’investir dans des caméras de surveillance de haute définition.
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