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Partygate: Boris Johnson sévèrement tancé pour le laissez-aller à Downing Street

Le Premier ministre britannique lors d'une conférence de presse à Downing Street à Londres le 25 mai 2022 POOL/AFP

Pendant que les Britanniques se protégeaient du Covid-19, l'alcool coulait à flots lors des pots organisés derrière la façade de Downing Street, encouragés au sommet: l'enquête administrative sur le "partygate" a abouti mercredi à des conclusions sévères pour Boris Johnson.

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Les révélations de presse et les 126 amendes délivrées par la police (dont une à Boris Johnson pour un anniversaire surprise) avaient déjà donné une idée de ce qui se déroulait dans la résidence du Premier ministre pendant les confinements, synonymes de lourds sacrifices pour les Britanniques.

Mais le rapport rendu par la haute fonctionnaire Sue Gray sur ce scandale, crucial pour la survie politique du dirigeant, constitue une plongée accablante dans ces violations. 

Le document d'une quarantaine de pages raconte chronologiquement, emails et photos à l'appui, toute une série de pots très alcoolisés - jusqu'à en vomir - avec altercations, musique, départ par des portes dérobées au petit matin et parfois irrespect pour les agents de sécurité ou d'entretien.

Sans nommer de responsables ni recommander de sanctions, Sue Gray met en cause le pouvoir au plus haut pour ces événements qui "n'auraient pas dû être autorisés à se produire".

"Certains des fonctionnaires les moins expérimentés ont cru que leur participation à certains de ces événements était autorisée étant donné la présence de hauts dirigeants. Les hauts dirigeants, qu'ils soient politiques ou officiels, doivent assumer la responsabilité de cette culture", estime-t-elle.

Devant les députés, Boris Johnson a assuré assumer "l'entière responsabilité de tout ce qui s'est passé" tout en se montrant décidé à rester en poste pour "se concentrer sur les priorités des Britanniques", guerre en Ukraine et inflation galopante.

Son gouvernement doit annoncer dans les jours à venir un nouveau plan d'aide aux ménages étranglés par les factures d'énergie - une manière de détourner l'attention selon l'opposition.

"Beergate" travailliste 

Le chef de l'opposition travailliste Keir Starmer a sans surprise appelé à son départ pour "restaurer la dignité" au pouvoir: "On ne peut pas à la fois faire la loi et la violer".

Mais ce dernier est fragilisé lui-même par une enquête de police en cours sur le "beergate", ces bières et currys partagés avec son équipe en campagne l'an dernier malgré les restrictions.

En l'absence d'élections, la question est de savoir si ces nouveaux éléments seront suffisants pour relancer la colère au sein de la majorité, voire démontrer que le chef du gouvernement a menti au Parlement, ce qui pourrait précipiter son départ.

"Etes-vous prêts à défendre, jour après jour, cette attitude publiquement?", a lancé le député conservateur Tobias Ellwood à ses collègues.

 Enquête parlementaire

Après avoir vu sa popularité, longtemps à toute épreuve, chuter pendant l'hiver, Boris Johnson est parvenu à apaiser ses troupes en se montrant en pointe du soutien occidental à l'Ukraine face à l'invasion russe.

Son parti a cependant essuyé de lourdes pertes lors d'élections locales début mai, écornant l'image de machine à gagner dans les urnes qui a longtemps protégé l'ancien maire de Londres, et l'inflation historique alimente le mécontentement.

Très attendus, les travaux de Sue Gray avaient longtemps été retardés par l'enquête menée parallèlement par la police. Cette dernière s'est achevée la semaine dernière, sans amende supplémentaire pour Boris Johnson, pressé de tourner la page.

Mais si les nouveaux éléments publiés par Sue Gray convainquent au moins 54 députés de la majorité de le lâcher, il risque de se retrouver visé par une motion de défiance, près de trois ans après son arrivée triomphale à Downing Street en plein psychodrame du Brexit.

Le rapport pourrait aussi alimenter les accusations de mensonges qui seront examinées par une autre enquête prévue, celle-ci parlementaire. Si cette dernière conclut qu'il a trompé la Chambre des Communes en affirmant ne pas avoir enfreint les règles, il est censé démissionner.

Politologue au King's College, Andrew Blick juge le rapport "insuffisant en soi" pour décider la majorité de remercier son chef: "Beaucoup de dégâts ont été faits", a-t-il expliqué à l'AFP. "Mais il est toujours facile de repousser à plus tard le moment difficile de se débarrasser d'un dirigeant".

© Agence France-Presse

 

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