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Partielle à Belle-Rose/Quatre-Bornes : une joute pour illustrer les futures tendances électorales

Même si les avis des observateurs politiques divergent sur le véritable enjeu de cette joute électorale, tous s’accordent à reconnaître l’essoufflement du pouvoir en place. Ce ne sera cependant pas un quitte ou double puisque l’opposition demeure presque impassible.

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Catherine Boudet : «Le taux d'abstention pas en faveur de l’opposition»

Pour la politologue Catherine Boudet,  l'élection partielle du 17 décembre prochain  à Belle-Rose/Quatre-Bornes ne représente pas un gros enjeu pour le gouvernement  qui dispose déjà d'une majorité au Parlement.   Elle estime qu'un fort taux d'abstention à cette joute électorale  ferait la preuve d’un désintéressement de la population pour la politique. « Si le gouvernement n'aligne pas de candidat, le taux d'abstention serait plutôt négatif pour les partis de l’opposition », dit-elle.

Elle soutient que le principal enjeu de cette partielle est de savoir si les partis de  l’opposition constitueront une alternance crédible  face au gouvernement actuel et pour les prochaines élections générales qui pointent à l’horizon. À  une question de Nawaz Noorbux, la politologue est d’avis que ce ne sont pas les manifestations de rue qui feraient tomber le gouvernement mais les pressions internes. Elle évoque, à cet effet, les différents scandales qui se succèdent. Elle parle de « scandal management », faisant référence à des fuites organisées dans la  presse, suivant des règlements de comptes entre des politiciens. 

De plus, elle a vivement condamné la violente sortie du vice Premier ministre et ministre du Logement, Showkutally Soodhun,  contre une citoyenne.  Elle souhaite que les citoyens aient toujours le courage d'interpeller publiquement  les politiciens.


Jean-Claude de l’Estrac : «L’Alliance Lepep a un intérêt politique dans cette partielle»

Pour l’ancien politicien et observateur politique, Jean-Claude de l’Estrac, la partielle de Belle-Rose/Quatre Bornes, sera une indication assez claire des tendances futures. « Malheureusement, je pense que le régime en place n’alignera pas de candidat parce que c’est sans doute un des plus mauvais moments pour lui. En vérité, cela ne fait aucune différence  et il n’y a aucune raison pour qu’il prenne le risque de mettre un candidat avec la quasi certitude d’une défaite à mi-mandat », fait-il remarquer.

Pour l’ancien politicien, si un gouvernement n’a pu imprimer sa marque à mi-mandat, il est peu probable qu’il pourrait renverser la vapeur dans la deuxième partie de son mandat. Il évalue ses affirmations sur le fait que des électeurs sont encore plus opportunistes que des politiciens.

Il estime que « compte tenu des accumulations des bévues de ces derniers mois, il est clair que la suite du mandat gouvernemental s’annonce extrêmement difficile. »

Il trouve aussi que le gouvernement pèche au niveau de la communication notamment sur le projet Metro-Express.

Premier ministre pompier

Abordant la gestion des crises, Jean-Claude de l’Estrac trouve que « malheureusement, Pravind Jugnauth devient un Premier ministre pompier. Li pé teingne difé par ici, li pé teigne difé par là ».

L’enjeu de la partielle de décembre prochain

Pour l’observateur politique, cette élection va permettre de savoir s’il y aura une alternative crédible, sous quelle couleur  et sous quelle forme. Il est satisfait que les partis politiques vont affronter seuls cette joute électorale.

Il pense que l’intérêt de l’Alliance Lepep est d’ assurer la défaite du Parti travailliste. Pour lui si c’est le candidat des rouges qui l’emporte, cela va concrétiser l’idée que le Ptr se repositionne comme l’alternative à l’Alliance Lepep pour les prochaines Législatives. Il estime que même si l’Alliance Lepep n’a aucun candidat, elle a un réel intérêt politique dans cette partielle.


 Dharam Gokhool : «Le temps ne joue pas en faveur du GM»

L’ancien ministre de l’Éducation, Dharam Gokhool, et observateur politique avance que depuis sa victoire en décembre 2014, le gouvernement Lepep est resté sur la défensive. « Quand on analyse les différents discours, on a l’impression que les membres du gouvernement  sont  toujours en campagne électorale prolongée. Ils ne valorisent  pas vraiment leur travail et il y a une confusion dans la population », dit-il.   Il est d’avis que cette situation donne lieu à plusieurs questions dans le public, notamment sur le bilan du gouvernement et la direction qu’emprunte le pays, d’ autant plus qu’ il y a des scandales qui ont éclaboussé le pouvoir en place miné aussi par des crises internes. « Tout cela va peser lourd dans la balance au moment de la prise de décision de l’électorat  », fait-il comprendre.

Commentant la décision du Premier ministre, Pravind Jugnauth, de demander à  l’Attorney General de  se retirer temporairement en attendant la conclusion de l’enquête, il  estime que le chef du gouvernement aurait dû  agir immédiatement. Il a attiré l’attention à l’effet qu’aucune décision n’a été prise concernant certaines révélations lors des travaux de la commission d’enquête sur la drogue.

Répondant à une question de Jugdish Joypaul, l’observateur politique estime que les partis de l’opposition ne tirent pas assez profit de la baisse de popularité du gouvernement. Ce qui, selon lui, implique un certain dysfonctionnement dans notre démocratie. « Je pense qu’il y a un problème de confiance dans la population  car elle ne trouve pas de grande différence entre la gestion du pays de  l’ancien gouvernement et l’actuel régime au pouvoir et il est un fait que les partis de l’opposition n’arrivent pas à capitaliser sur cette situation », dit-il.  Il pense qu’une Freedom of information Act,  un projet de loi sur le financement des partis politiques, la réforme électorale auraient apporté un assainissement de notre système politique.

Parlant de l’élection partielle de Belle-Rose/ Quatre-Bornes,  il estime que cette circonscription  est le reflet de  l’électorat mauricien en général.  « À ce jour, on ne sait toujours pas si le gouvernement va aligner un candidat et c’est un élément important. Une non participation viendra accentuer la perception  qu’il est toujours sur la défensive et cela va le rendre encore plus vulnérable ».

Il est d’avis que les prochaines élections générales sont déjà proches et que le temps ne joue pas en faveur du gouvernement.

 

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