
Les bases pour des discussions formelles ont été établies il y a quelques jours entre Qatar Airways et Air Mauritius en vue d’un éventuel partenariat stratégique, avec une accélération attendue dans les semaines à venir. Au-delà de la sphère aérienne, ces échanges embrassent des volets énergétiques cruciaux : l’importation de gaz naturel liquéfié (GNL) et la construction d’une installation à Port-Louis, destinée à recevoir ces approvisionnements. Leader mondial de l’exportation de GNL, le Qatar se positionne ainsi comme un interlocuteur clé pour diversifier les sources d’énergie mauriciennes, dans un contexte de transition vers des ressources plus stables et durables.
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Ces discussions, menées sur plusieurs fronts avec les autorités qataries, suscitent un vif intérêt à Maurice. Des avancées concrètes sont anticipées dans un avenir proche, potentiellement matérialisées par une délégation mauricienne se rendant prochainement à Doha. Officiellement, début septembre dernier, Qatar Airways avait écarté toute intention d’engagement avec la compagnie nationale mauricienne, affirmant se concentrer sur « la création de valeur au travers de ses solides partenariats internationaux existants ». Pourtant, ces déclarations contrastent avec les signaux actuels, suggérant un intérêt tangible du géant aérien pour un ancrage à Maurice, hub stratégique dans l’océan Indien.
Il est toutefois prématuré de préciser la forme que pourrait prendre ce rapprochement. Des voix au sein du gouvernement mauricien épousent l’idée que Qatar Airways acquière une participation minoritaire dans le capital d’Air Mauritius, une option qui pourrait injecter un capital frais et une expertise opérationnelle.
D’ailleurs, pas plus tard que samedi, Richard Duval, ministre du Tourisme, dans une déclaration à la presse devait laisser entendre que le marché du Qatar, mais aussi de l’Asie et de la Chine, « que nous avons négligé », pourrait permettre « une autre année record le domaine du tourisme l’année prochaine ».
Fondée en 1967, la compagnie nationale d’aviation a historiquement cultivé une structure actionnariale diversifiée, intégrant des partenaires étrangers pour soutenir son développement. Lors de son introduction en Bourse en 1995, son capital était réparti comme suit : Air Mauritius Holdings (51 %), l’État (19,97 %), le Port-Louis Fund (6,32 %), la State Investment Corporation (4,72 %), le gouvernement de Maurice (4,53 %), Rogers & Cie (4,28 %), British Airways (3,84 %), Air France (2,78 %) et Air India (2,56 %), et le reste étant coté en bourse. Depuis 2021, Air Mauritius est détenue à 99,99 % par Airport Holdings Ltd (AHL), une entité contrôlée à 51 % par l’État et à 49 % par la Mauritius Investment Corporation, filiale de la Banque de Maurice. Cette nationalisation totale visait à stabiliser la compagnie qui était entrée en administration volontaire en 2019, mais elle souligne aussi la flexibilité potentielle pour de nouveaux investisseurs.
Au-delà des aspects capitalistiques, l’alliance avec Qatar Airways pourrait permettre des retombées opérationnelles majeures. L’accès au hub de Doha, l’un des plus dynamiques au monde, pourrait métamorphoser les perspectives d’Air Mauritius. En exploitant ce nœud central, la compagnie mauricienne élargirait ses routes aériennes, optimiserait ses connexions internationales et dynamiserait l’attractivité touristique de l’île. Doha, dotée d’infrastructures ultramodernes, agirait comme une plaque tournante pour des flux accrus de passagers en provenance ou à destination de l’Asie, de l’Europe et du Moyen-Orient. Cela renforcerait la visibilité de Maurice comme destination premium, en facilitant des liaisons fluides et en stimulant les arrivées touristiques. Tels sont les arguments avancés dans les cercles gouvernementaux, où l’on voit dans ce partenariat un levier bénéfique pour l’économie, mais aussi la compagnie nationale d’aviation.
Qatar Airways, élue pour la neuvième fois « Meilleure compagnie aérienne du monde » aux Skytrax World Airline Awards 2025, incarne l’excellence du secteur. Son modèle, alliant innovation technologique et réseau global, contraste avec les défis structurels d’Air Mauritius, qui peine à reconquérir des parts de marché après des années de turbulences financières. Un accord, s’il se concrétise, pourrait non seulement sécuriser l’approvisionnement en GNL – essentiel pour l’indépendance énergétique mauricienne – mais aussi repositionner la compagnie nationale sur l’échiquier international.

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