Le Défi Plus s’est rendu chez la femme d’affaires pour une interview. En attendant de la rencontrer, nous avons visité le quartier. Elle refusera de nous recevoir, expliquant qu’elle doit se plier aux instructions de ses conseils légaux.
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Un vent froid souffle sur Parme. En ce mardi 22 novembre, il est près de 13 heures. Le train parti de Bologne vient d’entrer en gare. Un ciel gris cendré accueille les passagers pressés de tirer sur une cigarette. L’air chargé d’humidité présage que la pluie compte s’immiscer dans le tableau.
Dehors, ça et là, des feuilles jaunies jonchent le sol. Elles contrastent avec celles qui ont moisi là où elles se sont accumulées. Une jeune femme à vélo se résout à faire un petit écart sur la voie cyclable pour éviter tout dérapage dans l’angle de la via Monte Altissimo et de la via Trento.
Il faut emprunter la via Trento – via signifiant rue en italien – pour accéder à la via Marmolada, là où Nandanee Soornack a installé son nid. Elle est domiciliée à quelques minutes de marche de la gare ferroviaire. Soit à deux pâtés de maison à l’arrière de celle-ci.
En route, une annonce dans la vitrine d’une agence immobilière attire le regard : un penthouse de 140 m2 avec trois chambres à coucher et terrasse panoramique de 170 m2 à via Marmolada est à vendre pour 390 000 euros, l’équivalent de Rs 15,6 millions. Il est situé dans l’immeuble voisin de celui de la femme d’affaires.
Le quartier ne paie pas vraiment de mine. Rien à voir avec le quartier chic de Floréal où la proche de Navin Ramgoolam habitait. Son appartement avec terrasse est situé au dessus d’une boutique alimentaire.
Désert
L’entrée de l’appartement de Nandanee Soornack est située dans un cul-de-sac. Le chariot-élévateur – un forklift – de la boutique effectue un ballet incessant durant la journée. Il fait le va et vient avec un petit entrepôt au fond de l’allée, chargé de sacs de pommes de terre ou de fruits. Un centre d’assistance pour étrangers en quête d’asile politique se trouve à côté.
L’endroit est quasiment désert. Les boutiques sont presque toutes fermées. Cette partie de Parme ressemble à une banlieue paumée. Nandanee Soornack ne répond pas à son interphone. Elle a fait vœu de silence depuis qu’elle sait que nous sommes en Italie et que nous désirons la rencontrer.
Le samedi 12 novembre, une semaine avant notre voyage pour Rome, elle avait expliqué qu’elle ne pouvait rien faire sans l’aval de ses avocats. Ce sont eux qui nous enverraient une « request » pour une interview. Quand nous lui faisons comprendre qu’une interview est généralement sollicitée par un journaliste, elle tente de noyer le poisson.
Si nous insistons, c’est parce qu’elle a promis de nous accorder une interview, après le jugement de la cour d’appel de Bologne rejetant la demande d’extradition de Maurice. Cela devait se faire au début de novembre. Puis à la mi-novembre à l’issue d’une conférence de presse.
A presto
Le vendredi 18 novembre, lorsque avons salué Nandanee Soornack à notre arrivée à Rome, elle a répondu en italien. « Bonjour... Comment allez vous ? Alors vous êtes à Rome ? » Après un dernier commentaire, c’est le silence.
Le samedi 19 novembre, elle explique qu’elle ne peut venir à Rome pour l’élévation de Mgr Maurice Piat au rang de cardinal, car le trajet par train prend plus de six heures. Elle nous souhaite bonne nuit et lance « a presto », ce qui se traduit par « à bientôt ».
Nandanee Soornack souligne qu’elle ne peut outrepasser les instructions de ses conseils légaux et qu’elle dédie la plupart de son temps à son enfant. Que l’interview peut se faire dans deux semaines… Nous lui expliquons que nous ne pourrons faire de nouveau le voyage. Elle promet de dire « la vérité au peuple ».
Le Défi Plus a tenté d’avoir l’homme de loi de Nandanee Soornack, Raj Boodhoo, pour l’interview de sa cliente. Il soutient à notre confrère Michaël François que celle-ci ne « désire pas » s’exprimer pour le moment. Il s’est fendu d’un message pour signaler qu’une conférence de presse sera organisée en Italie « in the near future » sans aucune autre précision.
Qui croire ? Nandanee Soornack ou Raj Boodhoo ? Pour en avoir le cœur net, nous décidons de nous rendre à Parme. Il faut parcourir plus de 500 kilomètres pour ce périple. De Rome au pied à terre de la patronne d’Airway Coffee, il faut une bonne journée et 125,35 euros, soit Rs 5 044 pour l’aller-retour en TGV et en train.
Gagner sa vie
Le TGV, lancé à près de 240 km/h, est la meilleure option pour rallier Bologne à partir de la Ville Éternelle. Il faut compter 118 euros pour l’aller-retour, soit près de Rs 4 720, pour un trajet de 6 heures et 20 minutes. Sans compter 7,35 euros, soit Rs 588, pour le train de Bologne faisant la liaison avec Parme en presque une heure.
Nous sommes déjà à Parme quand Nandanee Soornack nous apprend qu’elle est « busy » au travail. Qu’elle doit gagner sa vie. Elle restera silencieuse à nos différents appels et messages. À 16 h 55, nous l’informons que nous sommes devant la porte d’entrée de son appartement. Aucune réaction.
Dans le quartier, personne ne semble la connaître. La femme d’affaires s’est faite toute discrète. La plupart du temps, elle n’est pas chez elle. Nous apprenons qu’elle a quitté Parme deux jours plus tôt et qu’elle serait à Bologne. Sans doute pour l’appel du gouvernement mauricien contre le refus de la cour d’appel de la déporter.
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