Live News

A Paris, les rats trouvent un allié politique inespéré

'' Le rat « Plume » est juché sur l’épaule de Gregory Moreau, adjoint au maire du 11ᵉ arrondissement de Paris, tandis qu’il se promène dans un marché du quartier de Belleville, à Paris, le 16 septembre 2025. L’adjoint au maire Moreau s’est donné pour mission de réconcilier les Parisiens avec leurs cohabitants mal-aimés. (Photo : Ulrike KOLTERMANN / AFP)

Avec ses petits yeux noirs et ronds et ses longues moustaches  frémissantes, il a tout du rat commun, mais Plume a le rare privilège de faire le tour du voisinage perché sur l'épaule de son propriétaire, un élu local parisien.

Publicité

Maire adjoint du 11e arrondissement dans l'est de Paris, Grégory Moreau s'est donné pour improbable mission de réconcilier ses administrés avec la population de rats parisiens, réputée dépasser largement celle des 2 millions d'habitants de la capitale française.

"Bonjour, avez-vous déjà rencontré un rat?", demande l'élu du Parti animaliste à une femme chargée de sacs de courses sur le marché populaire de Belleville. "Regardez ce que je porte sur l'épaule", poursuit-il.

Après un premier regard sceptique sur l'animal, la femme sourit. "C'est Ratatouille?", en référence au célèbre personnage du dessin animé de Disney dans lequel un rat incarne un chef cuisinier français.

La tâche promet d'être rude: étiqueté "nuisible", le rongeur souffre d'un sérieux déficit de popularité. "Les rats ont une mauvaise image parce qu'ils ont contribué à répandre la peste au XIVe siècle", explique M. Moreau.

Pourtant, le rôle de l'animal dans la transmission de maladies est aujourd'hui négligeable, si ce n'est dans le cas de la leptospirose, une infection bactérienne de l'animal vers l'homme survenant avant tout à la campagne.

Grégory Moreau milite inlassablement pour changer cette perception, en distribuant par exemple des tracts montrant des rats propres sur eux sur fond de Tour Eiffel, et en s'évertuant à convaincre les passants de leur utilité.

Un "monde fantaisiste"

"Ils mangent environ 100 tonnes de détritus par jour à Paris", empêchant ainsi le bouchage des canalisations d'égouts, assure-t-il.

L'élu concède que le contrôle de cette population est nécessaire, alors que les Parisiens se plaignent régulièrement de la présence de rats dans les aires de jeux pour enfants et les parcs de la capitale.

Mais il existe selon lui des méthodes plus douces que le poison habituellement utilisé, qu'il juge non seulement cruel mais aussi inefficace, car le rongeur s'immunise contre sa toxicité et apprend souvent le moyen d'éviter les pièges.

A la place, il préconise de ne pas laisser traîner de détritus alimentaires dans les rues, notamment à proximité des magasins de restauration rapide. "Si les rats ne trouvent pas de nourriture, ils ne se multiplient pas aussi rapidement", fait-il valoir.

Sans surprise, l'édile animaliste compte de virulents détracteurs, au premier rang desquels Geoffroy Boulard, maire d'un quartier cossu de l'ouest parisien. L'homme a gagné les galons d'adversaire en chef du rongeur après la publication dans le quotidien Le Parisien d'une photo où il tient quatre cadavres de rats par la queue.

Une réputation qui lui a valu d'être invité l'an dernier à la première édition du Sommet national des rats urbains à New York.

"Quiconque prétend que nous devrions coexister avec les rats vit dans un monde fantaisiste", tranche M. Boulard. Tout laisser-faire en la matière "menace la santé publique", selon l'élu qui a fait installer des pièges attirant l'animal avec de la nourriture, avant de le tuer via un mécanisme déclenchable à distance.

Ces pièges, qui coûtent 800 euros pièce, tuent environ 800 rats par an. Une fraction infime de la population animale visée.

Mais Geoffroy Boulard veut croire au succès de son initiative, en se fondant sur une baisse du nombre de signalements de l'animal par des habitants sur un site internet dédié.

© Agence France-Presse

 

Notre service WhatsApp. Vous êtes témoins d`un événement d`actualité ou d`une scène insolite? Envoyez-nous vos photos ou vidéos sur le 5 259 82 00 !