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Paradoxe hydrique - eau de pluie : les solutions pour maximiser efficacement la récolte

Les sept réservoirs affichaient à vendredi un taux de remplissage de 44, 2 % comparé à 96, 2 % l'an dernier.

Maurice est confronté à un paradoxe hydrique majeur : des réservoirs en déficit constant pendant la saison sèche et une perte d’eau de pluie précieuse qui s’évapore chaque année vers la mer. La solution réside dans une gestion plus efficace de cette ressource. Experts et autorités s’accordent sur la nécessité d’une approche plus durable, notamment en maximisant la récolte de l’eau de pluie et en explorant les réserves souterraines inexploitées. 

Malgré des pluies parfois diluviennes et intermittentes, Maurice fait face à un paradoxe hydrique préoccupant année après année : nos réservoirs affichent un niveau désespérément bas durant la période sèche, alors que des quantités colossales d’eau douce s’échappent chaque année vers la mer. Comment mettre fin à cette aberration ? 

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À Maurice, la gestion de l’eau relève d’un défi constant. Si les précipitations peuvent être abondantes, leur exploitation reste toutefois largement insuffisante. Résultat : en période sèche, les réservoirs peinent à répondre aux besoins de la population. À vendredi, les sept principaux réservoirs affichaient un taux de remplissage de seulement 44, 2 % en moyenne, traduisant un stress hydrique persistant. 

Prem Saddul, professeur associé et ancien consultant en hydrogéologie pour la Central Water Authority (CWA), pointe du doigt les incohérences dans la gestion de l’eau douce. Il déplore la répétition annuelle des alertes concernant la rareté des ressources, un phénomène récurrent entre octobre et décembre, parfois jusqu’en janvier et février, comme en 2025. 

Chaque année, les autorités sonnent l’alarme et des lois strictes sont adoptées pour punir ceux qui « gaspillent » l’eau. Cependant, Prem Saddul insiste sur le fait que ce stress hydrique ne peut perdurer chaque année, soulignant qu’il devient impératif de remettre en question l’efficacité de la gestion des ressources en eau.  « Le temps des solutions temporaires est révolu et appelle à une approche plus durable », estime-t-il. 

Selon lui, le paradoxe hydrique de Maurice repose sur un constat simple mais édifiant : malgré une pluviométrie annuelle moyenne de 4 000 mm, concentrée dans la zone de captage du plateau central et ce, bien que cette quantité diminue en direction des basses terres côtières, plus de 100 millions de mètres cubes d’eau douce s’évaporent dans la mer chaque année. 

En cause : les 53 rivières de l’île, véritables tapis roulants acheminant l’eau vers l’océan au lieu de la capter. « Ce gaspillage est une source de préoccupation majeure, car l’eau précieuse se perd dans l’océan au lieu d’être captée et utilisée efficacement », se désole-t-il. 

Pour Prem Saddul, il est impératif de revoir la stratégie de gestion de l’eau. « Ne laissons pas une seule goutte de pluie, notre unique source d’eau, atteindre la mer avant d’avoir été utilisée », préconise-t-il. Pour cela, il propose d’optimiser la récolte de l’eau de pluie entre décembre et mars, période où février reste le mois le plus arrosé. 

Cependant, la même période est aussi synonyme d’inondations fréquentes, soulignant l’inefficacité actuelle des systèmes de captage. La CWA a pourtant lancé un programme accéléré de forage de puits en avril 2023 pour exploiter les ressources souterraines, notamment dans le Nord, région fortement touchée par le stress hydrique.

« Les investigations hydrogéologiques approfondies menées à l’aide d’équipements de pointe ont permis d’identifier d’importantes réserves d’eau souterraine, bien que leur renouvellement soit plus lent que celui des réservoirs de surface », explique Prem Saddul. 

Il ajoute qu’en mai 2023, des études ont révélé que de grandes quantités d’eau souterraine s’échappaient vers le nord-ouest et le nord-est depuis les montagnes de La Nicolière. Une grande partie finissait dans la mer, rendant son exploitation inefficace. Pour remédier à cela, des puits ont été forés avec succès dans cette région. 

« Le programme de forage a donné des résultats prometteurs. Entre octobre 2023 et novembre 2024, la CWA a foré 15 puits, produisant désormais 40 000 mètres cubes d’eau douce par jour, injectés directement dans le réseau. Ce programme a été soutenu par un investissement de Rs 16,6 millions et a atteint un taux de réussite de 78,6 %, bien supérieur à la moyenne mondiale qui est de 25 % », plaide Prem Saddul. 

Il souligne que les forages ont été réalisés par des entreprises accréditées qui sont sous contrat avec la CWA, garantissant ainsi la qualité et l’efficacité du processus. Ces efforts montrent qu’il est possible de remédier au gaspillage d’eau et de garantir une gestion plus durable des ressources en eau à Maurice.

Prévisions estivales 2024-2025

Selon les prévisions estivales 2024-2025 des services météorologiques, les précipitations cumulées durant l'été à Maurice devraient atteindre environ 80 % de la normale, soit environ 1 100 mm.

 

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