Pamplemousses : sans tambour ni trompette

La journée du dimanche 22 novembre a été « business as usual » pour beaucoup dans le district de Pamplemousses. Toute la matinée a été consacrée aux activités dominicales. Ce n’est qu’en début d’après-midi qu’une plus grande affluence vers les centres de votes a été notée.

Dans la plupart des villages, c’était une ambiance bon enfant qui régnait dans la matinée. C’est sans tambour ni trompette que cette journée de vote s’est terminée. Si dans la matinée les votants se faisaient rares aux abords des centres de vote, tel n’a pas été le cas dans l’après-midi. D’ailleurs beaucoup de Returning Officers s’y attendaient. Dans la majeure partie des écoles, collèges et centres communautaires aménagés en centre de vote pour l’occasion, le mouvement des électeurs à quelques heures de la fermeture des centres de votes était plus visible. Ce qui contrastait avec celui de la matinée. De nombreuses personnes ont préféré commencer leur journée par leurs activités dominicales habituelles.

Ce qui explique cette convergence de votants vers les centres de vote après la mi-journée, ce sont principalement les habitudes des villageois. Dhiraj Seetohul, un marchand de légumes à la foire de Pamplemousses, explique que beaucoup de personnes préfèrent vaquer à leurs occupations quotidiennes avant d’aller voter. « Ena boukou planter ki ankor dan karo gramatin, zot fini travay apre zot pou al vote. Apre ena dimoun vinn aste zot ban zafer dan dimans la fwar. Zot fer zot bann zafer apre zot pou vote pli tar », explique Dhiraj.

À 15 heures à l’école du gouvernement de Pointe-aux-Piments, par exemple, il y avait foule et il fallait faire la queue pour avoir accès à l’intérieur des salles de classe pour pouvoir voter. 

La situation à l’école du gouvernement de Fond-du-Sac était la même, à 30 minutes de la fermeture du centre de vote. 

À la fin de cette journée avec le scrutin pour élire des conseillers pour les dix-huit villages du district de Pamplemousses, c’est dans le calme que les électeurs sont rentrés chez eux. Quant aux candidats, ils attendaient impatiemment le décompte des voix qui s’est fait, pour la première fois, le même jour. Dans quelques jours le conseil de district va être constitué et un président désigné.

Des « bases » sans enthousiasme

Avec le faible mouvement des électeurs, les agents installés à 200 mètres de chaque centre de vote n’avaient pas grand-chose à faire si ce n’est discuter entre eux et faire passer le temps en musique. Certaines tables étaient plus animées que d’autres et une ambiance de franche camaraderie régnait. 

C’est l’équipe Mouvement pour le progrès de Trou aux Biches qui a remporté le scrutin dans ce village avec en tête de lice Ootam Calleechurn, frère du ministre Soudesh Callechurn. Le taux de participation dans ce village a été de 61,51 %

Les résultats s’établissement comme suit :

Ootam Callichurn élu en tête de liste à Trou aux Biches

Élu en tête de liste avec 654 voix à Trou aux Biches,  Ootam Callichurn confie qu’il étais confiant, car pour se présenter aux élections villageoises, il faut un bilan. “Nous avions un bilan et j’avais confiance en l’électorat de Trou aux Biches, car ils sont un électorat responsable et intelligent. J’avais participé aux élections en 2012 et j’en suis à ma deuxième participation”, a-t-il expliqué. Le frère aîné du ministre du travail Soodesh Callichurn indique qu’il a bénéficié du soutien de son frère personnellement durant cette courte campagne, mais sans plus. “Je compte travailler dans l’intérêt du village et continuer le progrès. En tant que conseillers, nous avons le devoir d’accorder notre soutien au gouvernement pour amener plus de développement”, informe Ootam Callichurn. À notre question pour savoir s’il convoitait le poste de Président du Conseil de District de Pamplemousses, Ootam Callichurn a expliqué qu’il était trop top. Le conseiller de Trou aux Biches a également fait part de ses projets prioritaires. Parmi eux, les travaux de réaménagement du terrain de football de la localité et des travaux pour ralentir l’érosion devant l’école  du gouvernement Noé Némorin. 

Insolite

Un chien s’est incrusté dans une salle de dépouillement à l’école Noé-Némorin à Trou-aux-Biches. Visiblement fatigué, le chien dormait paisiblement durant l’exercice de dépouillement. Selon les préposés de la commission électorale, le chien était dans l’enceinte de l’école depuis le matin.

Des électeurs blasés 

Même s’il y a eu un nombre plus élevé de candidats dans différents villages comme à Triolet, Fond-du-Sac, ou encore Baie-du-Tombeau, beaucoup de villageois se sont abstenus. Les villageois dans le district de Pamplemousses avaient d’autres priorités : faire des emplettes à la foire, participer aux cérémonies religieuses ou s’occuper de l’entretien de leur jardin. 

D’autres semblaient aussi blasés par ces élections. Selon Mahen, un maraîcher à la foire de Pamplemousses, avoir d’autres élections après ceux du 7 novembre 2019 est « une perte de temps ». « Ena dimoun gagn degout ar eleksyon repass dan enn lot eleksyon sirtou kan politik rant ladan. Me bizin osi ena bann dimoun konpetan ki pou kapav travay ek fer kitsoz pou landrwa », dit-il. 

Il ajoute que personne n’aurait dû afficher ses couleurs politiques et que ceux qui s’engagent dans les élections doivent être des travailleurs sociaux disposés à se battre pour leur village. « La ena kandida ki nou pa mem kone. Me antan ki sitoyen mo pou al vote » nous a-t-il dit. Quand nous l’avons croisé dans la matinée, il prévoyait un taux d’abstention de 50 %. Il déplore également que certains de ceux qui s’engagent dans une élection villageoise le font pour un gain personnel et qu’il n’y pas eu de grands développements durant ces dernières années. 

Reena Jhugursing estime, pour sa part, que les élections villageoises sont importantes, mais qu’il faut des candidats capables de travailler pour leur village. Elle estime que certains élus ne font rien après les élections. « Zot pares alor ki nou swazir zot pou ki ena developman dan nou vilaz », avance-t-elle. Maraîchère également à la foire, elle regrette qu’il y ait encore du progrès à faire. « Depuis longtemps nous avons milité pour un marché, mais nous attendons toujours depuis plusieurs années. » Comme d’autres, c’est dans l’après-midi qu’elle est allée voter.

Les élections villageoises se sont déroulées tranquillement. Iqbal Akbar affirme qu’il a voté pour ceux qui ont travaillé pour le village. Habitué de la foire, lui aussi, il déplore que marchands et clients aient des problèmes par temps de pluie et qu’elle soit pourvue d’une seule toilette. « Parfwa kan ale bizin tir kart », dit-il. Selon d’autres maraîchers et clients, les députés et ministres de la circonscription n’ont rien fait pour améliorer cette foire. 
Pour eux, les élections villageoises ne vont rien changer. Selon eux, « les candidats ne font que de fausses promesses ». Ils espèrent la désignation d’une femme à la tête du conseil de district ou du village, car elle fera sans doute mieux que les hommes installés à ces postes selon eux. « Pa kapav expek nanyen avek sa bann presidan la. Pe pey zot dan vid », avancent certains marchands et clients.