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Palvishee Jeewon : artiste et daltonienne 

Palvishee Jeewon a été classée troisième lors de la compétition de peinture du Défi Vert.
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On peut être peintre sans forcément être capable de distinguer toutes les couleurs. Palvishee Jeewon en est la preuve. Cette habitante de Roches-Noires de 23 ans, daltonienne depuis la naissance, étudie les arts au Mahatma Gandhi Institute.

Une vie sans rouge ni vert. Palvishee Jeewon, 23 ans, est daltonienne depuis la naissance. Ce n’est que durant sa deuxième année universitaire, lorsque des amis lui en font la remarque, qu’elle a découvert sa particularité. Elle perçoit le rouge comme la couleur marron et le vert comme une couleur pastel. Cela n’a pourtant pas refroidi sa passion pour l’art. Bien au contraire, elle le prend comme un challenge et en tire avantage dans ses tableaux. La jeune femme, de son nom d’artiste Palo, a d’ailleurs été classée troisième lors de la compétition de peinture organisée par Le Défi Vert le 22 juin 2019. Gros plan sur le parcours d’une femme qui arrive à peindre sans voir toutes les couleurs… 

Cadette de la famille, Palvishee Jeewon entame sa scolarité à l’école de Roches-Noires avant de suivre la totalité de son cursus secondaire au collège Simadree Virahsawmy SSS à Rivière-du-Rempart. « En grandissant, j’ai développé une certaine fascination pour l’art. J’ai vu beaucoup de personnes et associations l’utiliser comme moyen de communication », confie-t-elle. Cette fascination, elle la métamorphose en passion. « C’était quelque chose que je voulais faire. Ce qui me plaît c’est de faire des discours sans voix à travers mes peintures », dit-elle. 

Palvishee Jeewon
L’artiste découvre qu’elle est daltonienne durant sa deuxième année universitaire.

Palvishee Jeewon peindra ainsi pendant plusieurs années jusqu’au jour où elle finit par découvrir qu’elle est daltonienne. C’est durant sa deuxième année d’université. Des conférenciers et ses amis lui ne cessent de lui dire que ses peintures et portraits manquaient de rouge. « Ils me disent que j’utilise beaucoup de couleurs rougeâtres. » 

Accompagnée de ses parents, elle décide alors d’aller voir un médecin dans une clinique privée. Il lui annonce qu’elle fait partie d’une catégorie de daltoniens incapables de voir certaines couleurs ou qui voient certaines couleurs dans des tons différents. Si cette nouvelle aurait pu dévaster certains, la jeune femme préfère positiver. « Rien n’a changé dans mes activités. Je vois juste les choses différemment. Je vois du marron à la place du rouge. Même ma couleur de peau je la vois différente des autres. Je me vois plus marron », dit-elle avec le sourire. 

Palvishee Jeewon accepte sa condition. Elle en tire même un avantage en la mettant à profit dans ses tableaux. Ils regorgent de sentiments et d’émotions qu’elle souhaite transmettre. Elle adore peindre le monde même si les couleurs qu’elle utilise ne correspondent pas vraiment à la réalité. Elle a fait de sa particularité une force. 

Pour la compétition de peinture du Défi Vert, la jeune artiste a peint un tableau en utilisant plusieurs tons de vert. Comment fait-on pour peindre quand on ne distingue ni le rouge ni le vert ? Elle explique que le choix des couleurs lui vient naturellement. Elle se fie à ses connaissances des tons qu’elle a apprise à l’université. 

Au départ, l’artiste ne voulait pas que nous sachions qu’elle est daltonienne. C’est une de ses amies qui nous a dévoilé son secret lors de l’exercice de sélection dans le cadre de la campagne Défi Vert Plein Air. Palvishee Jeewon a fini par se lâcher. Elle nous a expliqué comment elle arrivait à peindre sans percevoir toutes les couleurs. « Je peins tout ce que je vois. Je ne suis pas inquiète au sujet des couleurs ou de la copie du monde réel. À la fin, ma différence permet à mes tableaux de montrer le monde de la façon dont je le vois. » 

Palvishee Jeewon est fière d’être daltonienne car cela apporte une touche différente à ce qu’elle fait. Après des recherches, elle s’est rendu compte qu’à travers l’histoire, de nombreux artistes ont été daltoniens et se sont tournés vers les illustrations en noir et blanc. Ce qui n’a fait que conforter la jeune femme dans sa décision de continuer à peindre avec des couleurs différentes. À travers cette démarche, elle souhaite inspirer d’autres à ne pas avoir peur de leur différence mais d’en faire une force pour devenir des individus uniques.

La jeune femme peut compter sur le soutien de sa famille. Au départ, ses parents étaient surpris de la voir prendre une route différente de celles empruntées par d’autres membres de la famille. Ils pensaient qu’elle deviendrait comptable ou scientifique. « Ils croient qu’il n’y a que ces filières qui offrent un emploi décent », indique l’artiste. Mais en voyant son talent, ils ont compris qu’il fallait la laisser suivre son rêve. 

Palvishee Jeewon ambitionne de devenir une artiste reconnue. Elle aimerait ensuite être conférencière en art à Maurice « Pour partager mon savoir avec les générations futures. »

Palvishee Jeewon

Palvishee Jeewon

Palvishee Jeewon
Les tableaux de l’artiste regorgent de sentiments et d’émotions.

 

 

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