Emmanuel Saint-Paul, a été officier d’état civil pendant quarante ans. Aujourd’hui à la retraite, il continue à vivre sa passion pour la paléographie, soit l’art de comprendre les écritures anciennes. Rencontre.
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« Le secret du déchiffrage réside dans l’art subtil de reconnaître les formes des lettres. Mais là encore, il faut avoir l’œil »
Derrière ses lunettes, Emmanuel Saint-Paul, 60 ans, a tout d’un homme simple. Mais il a un don, que son métier d’officier d’état civil lui a permis d’aiguiser. Et pour cause ! Ce père de famille est certainement l’un des rares à pouvoir déchiffrer des écritures datant des colonisations française et anglaise.
Ainsi, quand le commun des mortels ne voit dans des documents anciens qu’un ramassis de traits incompréhensibles, lui parvient à les lire couramment et à en comprendre le sens !
Il a développé, au long des années, cette aptitude et ce n’était pas toujours dans l’exercice de ses fonctions. « J’ai toujours été passionné par la généalogie. Et ma bonhomie a fait que les gens ont commencé à me demander de les aider à retrouver leurs aïeuls. Avec rien d’autre qu’une date, je pouvais, au bout de quelques jours, faire leurs arbres généalogiques », explique cet habitant d’Highlands.
Un don
C’est justement cette passion qui l’a amené à comprendre les anciennes écritures. « Je ne sais toujours pas comment j’ai reçu ce don. C’est peut-être avec la pratique que j’ai aiguisé mes yeux à tel point que j’arrive sans trop de difficulté à comprendre n’importe quel document ancien : certificat de naissance ou de décès ou encore un acte notarié. Il ne me faut en moyenne que quelques minutes pour tout comprendre. »
Et là encore, il n’y a pas de technique particulière permettant à n’importe qui de le faire. « Malheureusement ce n’est pas quelque chose qui s’apprend. Il n’y a pas de technique qui permettra à un non-initié de comprendre ses écritures anciennes qui, rappelons-le, étaient jadis écrites à la main avec une plume d’oiseau et un encrier. »
L’exercice s’avère beaucoup plus complexe qu’on pourrait le croire et à y regarder de plus près, ce n’est pas toujours l’habitude qui fait un bon paléographe. « Le secret du déchiffrage réside dans l’art subtil de reconnaître les formes des lettres. Mais là encore, il faut avoir l’œil, parce que les officiers qui écrivaient à l’époque ces actes avaient chacun son écriture propre. »
Par ailleurs, sur les documents datant des colonisations française et anglaise, ce sont les écritures des officiers français qui sont les plus difficiles à comprendre : « Il faut avouer que les écritures françaises sont compliquées à déchiffrer. On va dire qu’elles sont un peu plus aériennes que celles des Anglais, qui sont légèrement plus lisibles. »
Aujourd’hui à la retraite, Emmanuel Saint-Paul apporte son expertise au cercle de généalogie Maurice-Rodrigues dans le déchiffrage de documents : « Je suis désormais à la retraite et j’ai plus de temps libre. Quand le président de cette association m’a approché, j’ai tout de suite accepté d’apporter ma contribution, afin de permettre à plus de Mauriciens de connaître leurs origines. »
Emmanuel Saint-Paul : au service de la nation
Après son School Certificate en 1974, Emmanuel se retrouve sans emploi pendant un an. Ne restant pas les bras croisés, il multiplie des démarches pour décrocher un emploi dans la Fonction publique. Le 16 février 1976, son rêve devient réalité.
Après une formation d’un mois, il devient officier d’état civil. Pendant sa carrière, il a travaillé dans les quatre coins de l’île, notamment à Curepipe, Port-Louis, Flacq et Triolet. En 2014, après 38 ans de bons et loyaux services, il est promu Senior Civil Status Officer. En 2016, il prend sa retraite. Aujourd’hui, Emmanuel meuble son temps libre dans son potager.
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