Paiement de Rs 3,7 M par Air Mauritius : Sattar Hajee Abdoula arrêté pour blanchiment d’argent

• Le CEO de Grant Thornton rattrapé par des contrats non complétés

Des transactions entre Air Mauritius et Grant Thornton Mauritius ont mené à l’arrestation de Sattar Hajee Abdoula ce mercredi 19 novembre. Considéré comme un « blue-eyed boy » sous le précédent gouvernement du Mouvement socialiste militant (MSM) de Pravind Jugnauth, il a été interpellé à la suite de paiements d’honoraires de Rs 3,696 millions, provenant d’Air Mauritius, déposés sur le compte bancaire de la firme Grant Thornton en mars 2020. Cette firme, dont Sattar Hajee Abdoula est le CEO, est spécialisée dans l’audit, la fiscalité et les services de transaction advisory, entre autres.

Le lien entre Grant Thornton et Air Mauritius remonte au 22 avril 2020, lorsque Sattar Hajee Abdoula a été nommé « joint administrator » aux côtés d’Arvindsingh Gokhool, avec pour objectif l’élaboration d’un plan de redressement. La compagnie avait été placée sous administration volontaire sur décision de son conseil d’administration entre avril 2020 et septembre 2021. Pour ses services dans le cadre de ce plan, Sattar Hajee Abdoula (SHA) avait perçu des honoraires à hauteur de Rs 141 millions.

Entre-temps, en juin 2025, Air Mauritius avait désigné la firme Kroll, un cabinet international reconnu pour ses enquêtes financières, pour mener une investigation forensic sur divers appels d’offres, incluant la vente, la location et la commande d’avions durant la période d’administration volontaire. Lors de l’enquête sur les différents montants perçus par Grant Thornton en provenance de MK, ce sont les paiements de Rs 3,7 millions à titre d’« Advisory Services » qui ont retenu l’attention des enquêteurs. 

La FCC reproche à Sattar Hajee Abdoula, via sa compagnie, de ne pas avoir complété les services contractuels, tout en percevant les honoraires. Lors de son interrogatoire « under warning » ce mercredi, en présence de Me Raouf Gulbul, Sattar Hajee Abdoula a rejeté les accusations de blanchiment d’argent, affirmant n’avoir perçu que la moitié des paiements correspondant aux services fournis. 

Admis à l’hôpital Jeetoo

Au terme de cet interrogatoire marathon, ponctué de pauses, Sattar Hajee Abdoula a été placé en état d’arrestation vers 18 heures. Des dispositions avaient été prises pour qu’il passe la nuit en cellule policière, mais, pour raisons médicales, il a été transféré à l’hôpital Dr A G. Jeetoo, où il a été admis en Medical ICU. Ce jeudi, il est prévu qu’il comparaisse devant le tribunal de Port-Louis pour sa mise en examen provisoire pour blanchiment d’argent.

C’est le Premier ministre qui a levé le voile sur les rémunérations perçues pour diverses fonctions publiques et parapubliques confiées à Sattar Hajee Abdoula (voir infographie). Il répondait à une question du député Roshan Jhummun, évoquant de présumés « conflits d’intérêts » et de possibles « malpractices ».

Affaire Bramer-BAI

Par ailleurs, Dawood Rawat, ancien Chairman Emeritus du défunt British American Investment, avait déposé une plainte à la FCC le 4 novembre dernier. Dix ans après la révocation de la licence de la Bramer Bank, il a réclamé une enquête criminelle pour faire toute la lumière sur les décisions prises en avril 2015, lorsque Sattar Hajee Abdoula avait été nommé administrateur.

Aux Casernes centrales, en juillet dernier, Dawood Rawat avait également déposé une autre plainte contre Sattar Hajee Abdoula concernant un enregistrement sonore datant d’avril 2015. Cette bande contenait une conversation entre Dawood Rawat, Sattar Hajee Abdoula et l’homme d’affaires Swadeck Taher. Selon son contenu, une promesse d’immunité aurait été formulée à l’ancien patron de la BAI et à sa famille en échange de la restitution d’actifs détenus à l’étranger : « The deal is once we get this agreement out, they don’t touch you, they don’t touch your children, they don’t touch your sons-in-law, and they leave the executive alone… »