L’avocat du trafiquant de drogue a admis avoir perçu cet argent en infraction avec la Financial Intelligence and Anti-Money Laundering Act de 2002. Il devra être arrêté d’ici lundi.
Publicité
Rex Stephen, l’un des principaux avocats du caïd Peroomal Veeren, est dans la tourmente. L’Independent Commission Against Corruption (Icac) l’a interrogé under warning, le vendredi 5 mai, sur un paiement de Rs 1,5 million en espèces, que lui a fait parvenir le trafiquant de drogue emprisonné, à travers une tierce personne, de surcroît inconnue, le 24 avril dernier.
L’homme de loi s’est volontairement présenté à la commission anticorruption après avoir appris que son clerc Sheikh Nawaz Aboobaker Ibrahim avait été cuisiné la semaine dernière sur cette transaction. Notamment parce que celle-ci est en infraction avec les articles 14 et 15 de la Financial Intelligence and Anti-Money Laundering Act (FIAMLA) de 2002.
Habitant Vallée-Pitôt, le clerc de Me Rex Stephen s’est retrouvé dans le viseur de l’Icac depuis qu’elle enquête sur les transactions financières de Peroomal Veeren. Et ce relativement aux 157 kilos d’héroïne évalués à Rs 2,4 milliards que le caïd aurait commandés d’Afrique du Sud et qui ont été saisis par l’Anti-Drug and Smuggling Unit et le service des douanes, à Port-Louis, en mars dernier.
Sheikh Nawaz Aboobaker Ibrahim a avoué avoir accepté les Rs 1,5 million censées servir à financer l’appel de Peroomal Veeren contre sa condamnation à 34 ans de servitude pénale. De même que pour la défense de son beau-frère Khalid Ameer. Celui-ci, ainsi que sa sœur Bibi Zafira Ameer et une tante ont été interpellés par l’Icac en février, soupçonnés de gérer les biens du trafiquant.
Rs 500 000 était réservées pour les procédures d’appel et les honoraires de Me Rex Stephen alors que Rs 150 000 ont été réparties entre trois juniors travaillant à son étude. Le reste de l’argent devait être utilisé pour les « affaires futures » ou pour la défense d’éventuels acolytes du caïd qui seront arrêtés.
Suspicious Transaction Report
Confronté à ce récit, Rex Stephen a expliqué qu’il comptait faire un Suspicous Transaction Report auprès de la Financial Intelligence Unit (FIU) et qu’il allait rendre les Rs 500 000 d’ici lundi. Il a aussi indiqué que c’était son clerc qui s’occupe de toutes ses transactions financières et qu’il lui avait remis la moitié des Rs 1,5 million pour qu’il la restitue à l’intermédiaire de Peroomal Veeren, dont il ne connaît pas l’identité.
Tandis que Rex Stephen quittait les locaux de l’Icac avec son conseil légal, Me Gavin Glover, une équipe d’enquêteurs a été dépêchée à son étude, à l’Astor Court, àPort-Louis, pour une perquisition. Sur place, ils ont saisi Rs 748 500 en différentes coupures dans une armoire, dont la clé n’était pas en possession de Sheikh Nawaz Aboobaker Ibrahim, mais de Me Rex Stephen.
Face à ce développement, Sheikh Nawaz Aboobaker Ibrahim a de nouveau été entendu. Il a été confronté à la déposition de Rex Stephen. Dans l’intervalle, une Request for Arrest contre l’avocat et le clerc a été préparée pour être présentée au Commissaire de Police Mario Nobin. Les deux hommes pourraient être arrêtés soit samedi, soit lundi, selon des sources concordantes. L’avis du Directeur des poursuites publiques pourrait même être sollicité.
D’autres avocats, dont les services sont rémunérés par les intermédiaires de Peroomal Veeren, seront convoqués dans les jours à venir. Ils devront dire combien ils ont touché et comment ils ne se sont pas posé de question sur la provenance de l’argent du trafiquant qui est détention ces 14 dernières années.
Parallèlement à la convocation de Me Rex Stephen, l’Icac n’a pas objecté à la remise en liberté conditionnelle de l’ex-gardien de prison Oumeshlall Ramsarran. Inculpé de blanchiment devant la cour de Mahébourg, il a été libéré contre une caution de Rs 10 000 et un engagement de dettes de Rs 60 000.
L’ex-gardien était présent lors d’une deuxième perquisition à son domicile, à La Rosa, hier. Il a montré où les engins de chantier importés par Navind Kistnah et son voisin Lucknarain Dookhit étaient stockés. Il manque cependant deux sableuses à pression similaires à celles dans lesquelles les 157 kilos d’héroïne ont été saisis.
Notre service WhatsApp. Vous êtes témoins d`un événement d`actualité ou d`une scène insolite? Envoyez-nous vos photos ou vidéos sur le 5 259 82 00 !