Economie

Paiement de la compensation salariale: les pour et les contre

Faut-il ou pas payer la compensation salariale en janvier 2016 ? C’est la question qui divise patronat et syndicat ces jours-ci. Dans le premier camp, on insiste que cela alourdira les charges des entreprises. Dans l’autre, on fait valoir la nécessité de rétablir la justice sociale. Gros plan.

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Rétablir le pouvoir d’achat

« La compensation salariale a pour but de rétablir le pouvoir d’achat », insiste Reeaz Chuttoo, porte-parole de la Confédération des travailleurs du secteur privé (CTSP). Il s’élève contre ceux qui avancent que le taux d’inflation est trop faible cette année pour payer la compensation. « L’inflation est déterminée par le panier de la ménagère. Si à titre indicatif, le panier s’élevait à Rs 20 000 l’an dernier et a grimpé à Rs 20 200 cette année, le taux de l’inflation est de 1 %. Or, si un employé touche Rs 10 000, la perte de son pouvoir d’achat est de 100 %. Il faut prendre ces facteurs en considération », avance notre interlocuteur. Le syndicaliste Rashid Imrith abonde dans le même sens. « Le panier de la ménagère, qui s’élevait à Rs 18 653 en 2009, représente actuellement  à Rs 26 170. Ce qui implique une augmentation de Rs 7 517 alors que durant la même période, l’employé a touché une compensation salariale cumulée de Rs 4 670. Ce qui démontre que les travailleurs ont été sous-compensés de l’ordre de Rs 2 847. Il est donc impératif d’utiliser le comité tripartite comme une arme pour rétablir la perte du pouvoir d’achat. C’est la responsabilité de l’État de veiller à cela », estime Rashid Imrith, qui se prononce pour une compensation de Rs 500 à Rs 700.  

Augmenter les salaires des plus démunis

Reeaz Chuttoo est catégorique. « Il faut profiter de l’occasion que l’inflation soit basse pour compenser tous ceux au bas de l’échelle. Nous préconisons ainsi une compensation de Rs 500 pour tous les employés et une compensation de Rs 700 pour ceux touchant un salaire de moins de Rs 8 400 », avance-t-il. Par la même occasion, poursuit-il, le paiement d’une compensation permettra à ceux touchant des bas salaires d’augmenter leur contribution au fonds de pension et ainsi assurer une meilleure retraite.  

Garantir la paix sociale

Le paiement de la compensation salariale permet aussi de garantir la paix sociale, avance Reeaz Chutoo. Les gens, poursuit-il, doivent manger à leur faim.  

Éviter des victimes collatérales

Pour Suttyhudeo Tengur, président de l'Association pour la protection de l'environnement et des consommateurs (APEC), le paiement de la compensation salariale permettrait d’éviter d’avoir des victimes collatérales. « Nous entrons dans une période de déflation qui est dangereuse pour l’économie surtout pour les PME car les consommateurs auront moins d’argent à dépenser. Le paiement de la compensation salariale permettra de protéger les PME et de favoriser la croissance économique », souligne-t-il.  
   

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L’inflation est trop basse

Clensy Appavoo, Senior Partner de HLB Appavoo and Associates, ne mâche pas ses mots. « L’inflation n’a pas dépassé les 5 %. Or, il y a un accord tacite entre gouvernement, syndicat et employeur pour que la question de compensation salariale soit soulevée quand le taux d’inflation franchit ce seuil. Il n’y a donc aucune justification cette année pour augmenter les salaires. « Avec une inflation de 1,5 %, il n’y a aucune raison de se remettre à la table des négociations pour discuter du paiement de la compensation salariale. Sur ce principe, il n’est pas correct de se réunir quand toutes les conditions ne sont pas réunies », renchérit Amar Deerpalsing, président de l’Association des PME. Pradeep Dursun, le ‘Chief Operating Officer’ de Business Mauritius, organisme né de la fusion de la Mauritius Employers’ Federation et du Joint Economic Council,  préconise, pour sa part, qu’il y ait un  « débat éclairé et mature » sur la question. « Il ne faut plus traiter la question comme du ‘business as usual’. La compensation salariale ne doit pas être calculée que sur l’inflation. Il faut prendre en considération d’autres impératifs », recommande-t-il.  

[[{"type":"media","view_mode":"media_large","fid":"3998","attributes":{"class":"media-image alignleft wp-image-6118","typeof":"foaf:Image","style":"","width":"400","height":"225","alt":"Argent"}}]]Attendre le prochain budget

Du coté des opérateurs économiques, ils sont unanimes à dire que la question de compensation n’est pas justifiée actuellement. « Comme le Budget sera présenté en juillet, la question de compensation salariale ne se pose pas maintenant, mais plus tard. Les réunions tripartites doivent avoir lieu en mai/juin. Il n’y aussi aucune raison ou événement exceptionnel qui nécessite la tenue des réunions tripartites cette année », fait ressortir Pradeep Dursun.  

Certaines entreprises seront affectées

Amar Deerpalsing affiche ses craintes. « La conjoncture économique est difficile. Plusieurs indicateurs sont au rouge. Beaucoup d’entreprises font face à des difficultés. D’autre part, toutes les mesures budgétaires n’ont pas été mises en place. Le paiement de la compensation ne sera qu’un fardeau de plus pour les opérateurs. Cela fragilisera davantage les opérations des petits entrepreneurs », explique-t-il. Et d’ajouter que le paiement de la compensation salariale aura des répercussions sur les services et les produits finis. « Nous deviendrons ainsi moins compétitifs », fait-il ressortir. Clensy Appavoo partage les mêmes appréhensions : « La compensation salariale de Rs 600 était terriblement exagérée. Beaucoup d’entreprises, principalement les PME, ont souffert de cette situation. D’ailleurs, pas mal d’entreprises ne sont toujours pas remises de ce lourd fardeau ». Et Pradeep Dursun de conclure : «  Il est évident que le type de compensation salariale accordé par le gouvernement n’est plus soutenable. D’autant plus que notre modèle économique a changé et que nous avons plusieurs ‘wage fixing institutions’ (Pay Research Bureau, National Remuneration Board, négociations collectives) ».
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