Interview

Osman Mahomed: «C’est le prélude à un retour du PTr aux affaires»

Le député rouge de la circonscription no 2 (Port-Louis Sud-Port-Louis Centre) aborde, pour nous, certains sujets d’actualité brûlante. Les nouveaux salaires proposés pour les ministres et députés sont connus. Pour beaucoup, ces montants sont indécents. Êtes-vous de cet avis ? Concernant le salaire des députés, je ne crois pas que ce soit indécent. Je passe beaucoup de temps dans ma circonscription (no 2) dans le cadre de mon travail de parlementaire. J’aurais pu gagner beaucoup plus si je m’adonnais à plein temps à ma profession. Certes, un député perçoit des allocations venant s’ajouter à son salaire de base, mais ce n’est pas énorme lorsqu’on prend en compte nos dépenses. Un député est une figure publique. En tant que tel, il se voit souvent dans une situation où il doit aider ses mandants, sur un plan humanitaire. Que peut-on dire d’un pays qui compte 46 300 chômeurs parmi sa population de moins de 25 ans ? C’est un fort taux, compte tenu de notre population. Nous devons nous demander pourquoi il en est ainsi. Guide-t-on convenablement ceux qui entreprennent des études supérieures ? Est-ce que nos universités forment correctement nos gradués ? Mais plus important, je crois que la situation a un lien avec le taux relativement bas d’activité économique dans le pays. Le ministre du Travail soutient que beaucoup de ceux qui s’enregistrent comment chômeurs ont déjà un emploi. Pensez-vous, comme lui, qu’il faille changer le système actuel ? Je suis persuadé que les chiffres sont assez proches de la réalité. Il y a tant de chômeurs dans ma circonscription. La situation a empiré avec l’affaire BAI. Beaucoup de professionnels de calibre se sont retrouvés sans emploi. La révision du traité de non double imposition avec l’Inde pourrait, même si je ne le souhaite pas, déboucher sur un grand malaise dans le secteur financier. Au moins 15 000 emplois bien rémunérés sont en jeu. Aucun pays ne semble avoir la solution pour régler le problème du chômage. Est-on condamné ? Je ne suis pas de cet avis. À Singapour, il y a du boulot pour tous. Pourtant, sa population est supérieure à cinq millions. Cette semaine, l’Australie a ouvert ses portes à plus de professionnels et de travailleurs manuels. À Maurice, après les dossiers BAI et traité fiscal, on assiste à une contraction de l’économie. Ce ne sont pas les Smart Cities qui vont générer de l’emploi. Je crois que le Premier ministre lui-même a déjà dit que le pays a davantage besoin de secteurs productifs. Un problème que l’actuel gouvernement semble avoir réglé, c’est celui des marchands ambulants. Doit-on en conclure que les gouvernements précédents manquaient de volonté ? Le gouvernement travailliste avait alloué un budget de Rs 117 millions au relogement des marchands sur une base permanente aux rues Decaen et Monneron, et à la place de l’Immigration. Cependant, l’ancien gouvernement n’a pu concrétiser ce projet, car un soumissionnaire avait protesté devant l’Independent Review Panel. Puis, il y a eu les élections de 2014. Donc, nous n’avons pu démarrer les travaux. Aujourd’hui, les marchands ambulants ont été relogés sur un site temporaire et beaucoup se plaignent. Ce problème demeure un drame humain. Un bilan de vos deux années à l’Assemblée nationale… Je suis intervenu sur plusieurs projets de loi et j’ai posé un certain nombre de Private Notice Questions. La plus mémorable est celle du 22 septembre 2015 sur l’électricité. Suite à ma proposition, le gouvernement a décidé de faire une faveur à environ 70 000 familles, qui ne paient que 30 % depuis janvier 2016. Dans une interpellation, j’ai suggéré l’installation de fontaines d’eau pour soulager des squatters de Tranquebar. Le ministre (Collendavelloo) a promis que c’était une question de jours. Il a tenu parole… pour la plus grande joie des squatters, qui jusque-là dépendaient des camions-citernes. Cette semaine, dans le sillage d’une de mes interpellations sur le métro léger, le ministre (Bodha) a répondu que le projet allait être reconsidéré. Le PTr semble revigoré. Voyez-vous, comme Navin Ramgoolam, le pouvoir se rapprocher ? Définitivement. L’ancien gouvernement a admis avoir fait certaines erreurs, mais en 16 mois, son successeur a fait pire. Aujourd’hui, beaucoup réalisent que la vie était meilleure lorsque le PTr était au pouvoir. Il n’y a qu’à voir l’assistance à nos rassemblements. C’est le prélude à un retour du PTr aux affaires . Navin Ramgoolam a raison !
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