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OSB : 30 ans comme porte-voix musical du peuple

OSB Crew est composé de Master Kool B, Blakkayo et Tikkenzo.

« Lalit Mizikal Kontinye! ». Thème des célébrations des 30 ans d’existence du groupe mythique Otentikk Street Brothers (OSB). Le premier des 30 concerts au programme s’est joué à guichets fermés au Hennessy Park Hotel à Ébène le samedi 3 septembre. Le prochain est prévu dans deux semaines au N’JOY à Grand-Baie. Un livre « Panik Dan Baz » consacré au parcours d’OSB et deux singles sortiront vers novembre. Bruno Raya, fondateur d’OSB, revient sur 30 ans d’histoire en feuilletant ses albums photos précieusement conservés chez lui à Plaisance, Rose-Hill. 

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osbDe son nom d’artiste Master Kool B, Bruno Raya a documenté chaque événement de son parcours musical dans un dossier. Les photos sont méticuleusement rangées dans des albums. Avec moult détails, l’interprète relate les derniers 30 ans de sa vie d’artiste. Ses yeux pétillent au fil des anecdotes. 

Âgé de 47 ans, Bruno Raya est né et a grandi à Plaisance, Rose-Hill. Il est le benjamin de sa fratrie. Il fait sa scolarité à la Hugnin Government School, aujourd’hui connue comme André Bazerque Government School, avant de fréquenter le collège Eden, où il pratique l’athlétisme. Il étudie jusqu’à la Form IV et fait des petits boulots, comme « koul dal », pour aider sa famille à joindre les deux bouts. « Mes mauvais résultats m’ont convaincu que je n’étais pas doué dans la filière académique. Pour mes parents, il était important que je connaisse les bases élémentaires. Ils ont fait beaucoup de sacrifices pour nous élever », relate Bruno Raya. 

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Il a grandi avec des parents adeptes de la musique. À 14 ans, il développe un intérêt pour la danse Hip-Hop et la musique Raggamuffin. Il doit ses influences aux groupes tels que Public Enemy, Naughty by Nature, MC Hammer et Suprême NTM ainsi qu’aux artistes jamaïcains comme Shabba Ranks, Anthony B et Buju Banton. Le 26 août 1992, quatorze jeunes de Plaisance montent un groupe de danseurs Hip-Hop et se font appeler Master of Ceremony Dangerous. Bruno Raya est l’un des membres. « On dansait dans les rues de Rose-Hill et on passait nos casquettes pour collecter des sous de la part des passants », se remémore-t-il.

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En 1993, le groupe prend le nom de Street Brothers. Outre Bruno Raya, le groupe était composé de Didier Lapierre, des frères Giovanni et Michaël Bouton. « Plaisance était auparavant vu comme un ghetto. Les chauffeurs de taxi pouvaient refuser de déposer quelqu’un à Plaisance ou encore si on était un enfant de Plaisance, il était difficile pour nous de trouver un travail », dit-il. Pour évoquer ces disparités et ces injustices, les Street Brothers se mettent à chanter. Ils s’inspirent des maux de la société pour apporter une révolution et une évolution. « Nous sommes devenus la voix du peuple », dit-il. Marclaine et Patrick Antoine ont apporté leur soutien au groupe.

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Le premier album « Ragga Kreol » est sorti et le groupe a pris cette photo dans la boutique du coin à Plaisance. « C’est aussi le lieu où feu Lin a fait sa séance photos pour son dernier album, avant que la boutique ne soit démolie », confie Bruno Raya.

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« Street Brothers » ne tarde pas à avoir son « fans club ». Des sorties à la plage et d’autres excursions sont organisées régulièrement. « Si un concert était à Rs 30, on offrait une remise aux fans et ils avaient accès à l’événement en ne payant que Rs 25. Ils venaient avec un groupe de 100 personnes ou plus, souvent », partage Bruno Raya.

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Quelque temps après, le groupe adopte l’appellation « Otentikk Street Brothers » pour montrer son identité mauricienne. Au fil du temps, des membres sont partis et d’autres sont venus. OSB était notamment composé de Kenny Raya (frère de Bruno Raya), Blakkayo (Jean Clario Gateaux), Bruno Raya, feu Marie-Michèle Perrine et Didier Lapierre (Didstef). Ils ont lancé leur deuxième album « Expressyon Libere » en 1997. « Nou Kki La » et « Revey Twa » sont sortis en 2001 et 2004 respectivement.

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La maman de Bruno Raya leur a accordé un espace pour aménager un petit studio, « Plaisance Record ». Blakkayo, Kenny Raya, Master Kool B et Didstef y travaillaient leurs œuvres.

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Bruno Raya (à dr.) indique qu’il bénéficie du soutien de ses deux frères Kenny Raya (à g.) et Paul Raya (assis au centre) depuis ses débuts. Kenny Raya a été un membre du groupe. Paul Raya est l’aîné de la fratrie et s’occupait surtout de la logistique pour le groupe.

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OSB est composé de Master Kool B, Blakkayo et Tikkenzo. Le trio a parcouru le monde pour des tournées. Il a été en Allemagne, en Slovénie, en Pologne, en Autriche, en Hollande, en Italie, en Angleterre, en France, en Belgique, au Zanzibar, à Madagascar, aux Seychelles, à La Réunion, à Rodrigues et en Australie. Le seggae et le reggae sont ses sonorités de prédilection. « On doit la longévité d’OSB à la persévérance, la patience et l’amour pour la musique », indique le fondateur.

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OSB a une pensée spéciale pour le musicien feu George Corette (à l’extrême gauche). Il a notamment participé à une prestation du groupe en Allemagne.

Une des prestations les plus mémorables d’OSB était au Summerjam en 2007 en Allemagne. Il s’agit du plus grand festival de reggae en Europe.

Les rêves concrétisés

Bruno Raya confie qu’il a pu réaliser ses rêves, initier des projets et briser les codes grâce à la musique et OSB :  

  • La mise en place de la boîte de production Live N Direk Entertainment. Elle a produit de jeunes artistes et groupes.
  • Le concert du chanteur de reggae ivoirien Alpha Blondy (Seydou Koné) a été organisé au stade Germain Comarmond à Bambous en juin 2005. 
  • Le Festival Reggae Donn Sa est organisé depuis 2005. Des artistes de l’océan Indien y ont participé. Le festival compte huit éditions, dont une édition spécial Femmes. 
  • Un magasin vestimentaire avec les produits d’OSB, « Otentikk Street Wear », avait aussi été lancé. 
  • Il a animé une émission sur Radio Plus pendant cinq ans avant d’aller dans une autre radio privée. Il a aussi été le premier « rastaman » à présenter une émission à la télévision nationale.  

Lancement d’un espace d’art, un livre et deux singles

  • OSB se concentre sur la mise en place d’un lieu culturel où la musique et d’autres formes d’art évolueront. « Live N Direk Lespas Kiltirel » se situe à Pointe-aux-Sables. Le lancement devrait se faire incessamment. 
  • De plus, Stephan Rezannah, directeur de Jorez Box, travaille sur un livre consacré à l’histoire d’OSB durant ces trente dernières années. Selon Bruno Raya, la sortie est prévue en novembre. Le titre est « Panik Dan Baz », comme la chanson d’OSB. 
  • Deux nouveaux singles d’OSB sont aussi attendus. 

Naissance du guetto kreol

« Bonto », « Siloy », « i-wi » ou encore « sarouyar » font partie des mots qu’a popularisés OSB. Bruno Raya qualifie cela comme la langue du guetto kreol, qui comprend aussi le verlan. Des étudiants viennent souvent voir Bruno Raya pour l’interviewer pour leur dissertation sur la langue créole. « ‘Polico’, par exemple, est un mot que nous avons utilisé depuis les années 2000. Il est fait du mot police et ‘co’ peut signifier la colique. Kouma nou truv lapolis, nou gagn colik par ekzanp », dit Bruno Raya. 

Tikkenzo, le rappeur

De son vrai nom Kensley Lafolle, Tikkenzo a connu le groupe avant la sortie du premier album. Aujourd’hui, il a 42 ans. Cet habitant de Rose-Hill doit sa passion pour la musique à un oncle danseur. Ensuite, un de ses cousins est revenu de l’Italie. « Il écrivait des textes en italien et il m’a fait découvrir des artistes internationaux. Nous avons commencé à écrire des textes en kreol et j’ai rencontré Bruno Raya », se souvient-il. 

Tikkenzo a ensuite bougé à Résidence Kennedy, Quatre-Bornes, où il a fait partie d’un groupe. Le chanteur est retourné à Rose-Hill et a renoué contact avec Bruno Raya. Ils ont fait partie du groupe de rap « Frakka a Z », une alternative à Street Brothers spécialistes du reggae. Les membres ont quitté le groupe à tour de rôle et Master Kool B a invité Tikkenzo à intégrer Street Brothers. 

Tikkenzo s’est aussi concentré sur sa carrière en solo. Il a sorti son premier album « BC166 » en 2010. « BC166 » est sa plaque matricule de prisonnier. Il a passé 40 mois en cellule entre 2002 et 2005. Il s’est inspiré de son incarcération pour son album. Il a sorti son single « Reflesi Bien » en 2021. 

Blakkayo, le « reggaeman » connu

« Je suis l’exemple que rien n’est impossible dans la vie », confie Blakkayo, 43 ans. Cet habitant de Bois-d’Oiseaux, Flacq, raconte qu’il pensait devenir maçon comme son père mais la musique est devenue son gagne-pain. 

« J’apprécie la musique depuis que je suis petit. Quand j’ai découvert le style musical de OSB au début des années ‘90, j’étais sous le charme. J’ai donc intégré leur ‘fans club’ et j’ai essayé de les imiter. En les imitant, je me suis fait découvrir par OSB et ils m’ont invité à faire partie du groupe. C’était il y a 28 ans », raconte-t-il. 

Blakkayo a fait son petit bonhomme de chemin et est aujourd’hui reconnu au niveau régional comme international. Il a fait partie des dix finalistes de l’édition 2021 du Prix Découvertes RFI. Le concours met en avant les nouveaux talents musicaux du continent africain. De son vrai nom Jean Clario Gateaux, Blakkayo a été sélectionné sur 1 500 candidats pour l’édition 2021 du Prix Découvertes RFI. Ce, grâce à « Soz Serye ». Ce double album solo est sorti en février 2021. 

Blakkayo était parmi les dix finalistes du Prix Découvertes RFI en 2011 grâce à son album « Love N Respect » (2009). Son premier album « Tchek to life » est sorti en 2000 et le deuxième album est « Xterminator » (2003). 

  • defimoteur

     

 

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