Ils ont 24 et 34 ans et sont orphelins, chômeurs et sans domicile fixe. Loin de s’apitoyer sur leur sort, Cédric et Anavassy luttent pour ne pas tomber dans les travers de la vie. Ils ont un rêve : sortir les sans-abri de la rue.
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« Les tentations pour se faire de l’argent facile ne manquent pas, mais nous voulons gagner notre vie honnêtement » Anavassy Bageeruthy
Cédric Faron, 24 ans, et Anavassy Bageeruthy, 34 ans, se sont rencontrés il y a quelques temps dans un abri de nuit. Leurs destins similaires et leur même volonté de fuir les tentations et les dérives qui guettent les jeunes dans leur situation les ont rapprochés.
Anavassy est né à Résidences Bois-Marchand, mais a grandi à la croisée Montagne-Longue où ses parents, Devanand et Antee, louaient une maison. Sa mère est décédée il y a quatorze ans, des suites d’une insuffisance rénale. Elle était dialysée. Son père, lui, est mort, il y a trois ans, d’une cirrhose du foie. « Il était alcoolique », révèle le jeune homme.
Anavassy n’a pas étudié au-delà du Certificate of Primary Education. Par la suite, il a été apprenti mécanicien, puis apprenti menuisier. Il a fait plusieurs petits boulots pour gagner sa vie. Pendant un temps, il a même été plongeur. À cette époque, il a commencé à boire, mais il s’est rapidement ressaisi.
Anavassy dit avoir une sœur cadette. Mariée et mère de deux enfants, elle vit à Mare-d’Albert. Il confie qu’il la voit rarement. Après le décès de ses parents, il s’est retrouvé sans toit. Dans un premier temps, il a été accueilli par des amis. « Je ne pouvais rester indéfiniment chez eux. Il fallait que je trouve un coin, au moins un endroit où passer la nuit », dit-il. Une tante lui a suggéré de contacter un abri de nuit à Port-Louis. Il l’a fait et depuis deux semaines, il y dort.
« Selon les règlements, on doit être rentré à 18 heures. Le lendemain, on doit quitter les lieux à 7 h 30 », explique-t-il. Quand il arrive à l’abri de nuit, Anavassy prend une douche, se brosse les dents et enfile des vêtements propres. Il a aussi droit à un dîner et à un petit-déjeuner. C’est là qu’il a fait la connaissance de Cédric.
Dans les cahots de la vie
Cédric Faron est, lui, né et a passé son enfance à Quatre-Bornes. Sa mère qui ne jouissait pas d’une bonne santé est décédée il y a trois ans. Elle vivait séparée de son mari.
Comme il ne pouvait compter sur son père, il a commencé à faire des petits boulots, après avoir abandonné ses études en Form III. Il a travaillé comme serveur, aide-pâtissier et comme peintre.
Un soir, alors qu’il marchait de Résidences La Cure pour se rendre à Roche-Bois, un véhicule de police s’est arrêté à sa hauteur et un policier lui a demandé où il se rendait. Cédric a expliqué qu’il allait chez son cousin. L’homme en uniforme lui a posé des questions et il lui a raconté son histoire. Le policier lui a demandé de monter dans le véhicule et l’a conduit chez son cousin. Il lui a aussi conseillé d’entreprendre des démarches auprès de l’abri de nuit où Anavassy s’était rendu.
Cédric a deux frères plus âgés et une petite sœur. Depuis qu’il a quitté le toit familial, il ne les a plus revus. Comme ses frères se droguaient, le jeune homme a préféré prendre ses distances. « Je n’ai jamais touché à la drogue et j’ai demandé à mes frères d’arrêter d’en prendre, mais ils ne m’écoutaient pas. Alors j’ai préféré m’éloigner. Quant à ma sœur, elle est mariée et s’occupe de sa famille. Elle n’a pas de temps pour moi. La dernière fois que j’ai vu mon père, cela doit faire six ans », confie-t-il.
« J’ai demandé à mes frères d’arrêter la drogue, mais ils ne m’ont pas écouté. Alors, j’ai préféré m’éloigner. Quant à ma sœur, elle est mariée et n’a pas de temps pour moi » Cédric Faron
Le ventre vide
Il faut se rendre à l’évidence : la vie n’a pas été tendre envers Anavassy et Cédric. « Dans la journée, on a le ventre creux parce que souvent nous n’avons rien à manger. Alors, nous tentons de compenser cela en tirant quelques bouffées. Mais nous comptons arrêter de fumer », dit Anavassy.
Quand ils quittent l’abri de nuit, ils arpentent les rues de Port-Louis à la recherche d’un travail. « Les tentations pour se faire de l’argent facile ne manquent pas, mais nous voulons gagner notre vie honnêtement. Nous souhaitons aider d’autres personnes qui sont dans la même situation. Notre conseil, c’est de toujours rester dans le droit chemin », dit Anavassy.
« À un moment, j’ai été piégé par des gens que je fréquentais et j’ai même dû payer une amende pour cela. Depuis, cela fait tache sur mon certificat de caractère. J’ai retenu la leçon », déclare Cédric.
Ils souhaitent venir en aide à un groupe de huit hommes qui dorment sur le trottoir vis-à-vis de l’ancien poste de police de Trou-Fanfaron. « Nous lançons un appel aux autorités pour qu’elles viennent en aide à ces gens. C’est terrible de les voir abandonnés de tous, sans nourriture. Personne ne leur adresse la parole. Il n’y a que nous qui leur disons quelques mots. Notre situation n’est pas plus brillante que la leur, mais au moins nous avons depuis quelques jours un abri où passer la nuit », avance Cédric.
Leur souhait, c’est que toutes les personnes abandonnées à leur sort trouvent un abri et cessent de dormir dans la rue. « Notre désir, c’est de faire quelque chose de bien pour eux. Nous sommes sûrs que Dieu nous le rendra », dit Anavassy.
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