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Orphelinats : Un Noël d’amour 

Les orphelinats tentent de créer la magie de la fête pour ces enfants qui n'ont pas eu la même chance dans la vie.
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Un peu de magie, des paillettes et beaucoup de cadeaux. Noël dans les orphelinats est synonyme d’un grand moment de partage, mais aussi de beaucoup d’émotions.

« Nou pe atann Bolom Nwel », crie Jasmine (prénom modifié), âgée de 6 ans. La petite a des étoiles plein les yeux. Elle regarde avec admiration le sapin. Cela fait deux ans qu’elle est dans une maison d’accueil des Plaines-Wilhems. Elle a aidé à décorer le sapin et ne cesse de nous montrer les petites boules qu’elle a, elle-même, placées. Elle dit à la gérante qu’elle souhaite que sa maman soit là pour voir ce beau sapin. En entendant ces quelques mots, on ne peut s’empêcher de se demander ce que cette petite fille a sur le cœur. Mais ses yeux pétillants nous fait penser que magie de Noël opère pour elle. Elle semble si fragile mais en même temps si forte qu’on ne peut qu’être en admiration devant cette enfant. Autour d’elle, ses amies, un peu plus grandes, lui demandent de venir jouer dans la cour. Que nenni ! Elle est bien déterminée à rester assise devant le sapin. 

Dans la cour, deux autres filles préparent des cartes de vœux. Elles dessinent leurs familles. « Sa mo gran frer, sa mo dada » explique Santa (prénom modifié). « Mo ena de sat ek enn lisien ». Elle s’empresse de les ajouter sur le dessin. À côté d’elle, une fille plus âgée avance qu’elle aime passer Noël ici. « Nou pou gagn enn ta kado » crie-t-elle.

La gérante explique que les enfants sont choyés. « Noël est une grande fête. Le plus difficile est de les faire patienter jusqu’à ce jour de fête. Elles reçoivent quelques visites et des cadeaux », dit-elle. 

Il est difficile, selon elle, de donner aux enfants tout ceux qu’ils souhaitent. « Nous évitons, par exemple, de leur demander d’écrire une lettre au père Noël pour deux raisons : (i) elles demandent parfois des cadeaux que nous ne pouvons leur offrir, faute de budget et (ii) elles font aussi des vœux pour voir leur famille. Certaines filles reçoivent des visites et d’autres non. Nous ne voulons pas qu’elles se sentent mal. Les cadeaux sont donc des surprises », ajoute la gérante.


Gilbert Lebreux (Étoile du Berger) : « Les enfants seront gâtés »

Gilbert Lebreux.
Gilbert Lebreux.

L’heure est à la fête. Les salles sont ornées de guirlandes, de ballons et autres décos de Noël, sans oublier le père Noel... Les enfants se préparent à vivre un Noël festif. Selon Gilbert Lebreux, responsable du centre Étoile du Berger, le sapin de Noël est débout depuis le début de décembre. « La période de Noël est toujours un moment spécial pour les enfants, ils l’attendent depuis longtemps, surtout ceux qui sont parmi nous depuis plusieurs mois ou des années », explique-t-il. 

Selon lui, tous les enfants ont déjà écrit une lettre au père Noël et ont passé leurs commandes. « Même s’ils sont grands et qu’ils ne croient, pour certains d’entre eux, pas à la magie de Noël, ils ont écrit une lettre, car ils veulent être surpris le jour de Noël à l’ouverture des cadeaux », dit-il. « L’ouverture des cadeaux est un des moments incontournables pour tous les résidents. Dès le matin, ils se rueront au pied du sapin pour ouvrir leurs cadeaux. Ils seront bien gâtés », soutient Gilbert Lebreux. Le repas de Noël, un des moments phares de la journée, suivra avec un menu spécial. Pour Gilbert, il est important que les enfants vivent l’effervescence de Noël. « Des sorties sont organisées comme ce sont vacances. Ils iront au Casela et dans les Shopping Malls pour vivre les festivités », dit-il. « On a la chance d’avoir des structures qui ressemblent plus à des maisons que des dortoirs, par conséquent, ils se sentent à la maison », dit-il. 

Gilbert Lebreux explique aussi que des ONG en cette période organisent beaucoup d’événements pour les enfants. « Ils sont gâtés, mais on ne leur offre pas les cadeaux tout de suite, Ce sera pour le jour de Noël ». Au total, 23 enfants sont dans ces maisons d’accueil, avec huit de -10 ans., huit garçons de 10 à 17 ans et sept filles de 10 à 15 ans.


  Témoignage

Agnès J., ancienne résidente : « Les plus beaux jours de ma vie »

Elle a 19 ans, Agnès est restée pendant plus de trois ans dans un centre d’accueil. Elle fêtera pour la première fois Noël avec ses proches. Elle se rappelle des bons moments passés au centre. « Nous étions gâtés. Nous ne le réalisons pas quand nous sommes là-bas. Au contraire ! Nous nous plaignions et disions de vilaines choses. Aujourd'hui, je vis chez ma tante et je vois la différence. Je n’ai pas les moyens d’acheter des vêtements neufs ou des cadeaux. C’est différent. Nous avions l’habitude de préparer la Noël ensemble et de décorer le centre. Il y avait aussi sorties », dit la jeune femme. « Cela a été les plus beaux jours de ma vie ».

Elle se rappelle aussi la tristesse de certains de ces enfants. « Ils pensent beaucoup à leurs parents. Après la Noël, beaucoup pleurent. Ils sont tristes. Leurs parents leur manquent ».
 

  Les vœux des enfants 

Quelques enfants ont bien voulu partager leurs souhaits avec nous : S.D. (10 ans) : « Al lor bato »

« Mo anvi al lor enn bato. Al lor lamer ek get bann pwason », dit S.D. Elle explique qu’elle a demandé une bouée au père Noël. « Mo per mo nwaye mwa. Mo ousi anvi aprann naze ». 

M. C. (3 ans) : « Enn bisiklet »

Il prononce à peine quelques phrases, mais il sait se faire comprendre et avance que, pour la Noël, il souhaite avoir une bicyclette. Fan du ballon rond, il a aussi demandé des chaussures de football et un ballon.

I. O. (8 ans) : « Un jeu vidéo » 

« Mo trouv boukou zanfan zwe lor portab. Miss inn dir portab pa bon pou lizie ek latet sa. Mo pa pou dimann portab me mo ti pou kontan gagn enn ‘game’ pou mo kapav zwe inpe. Mo kontan sa bann zwe kot bizin sote al sov laprinses-la. Kot mo ti reste avan mo ti deza zwe sa ». 

A.K. (5 ans) : « Be kot Papa Nwel »

Le petit bonhomme n’a qu’un souhait, c’est de voir le père Noël. « Kifer li pankor vini tou sa tan-la. Mo pe atann li depi lontan mwa. Be akot papa Nwel-la ete. Mo anvi al ek li. Mo pou roul dan ban niaz lerla mo pou amen kado pou twa ». 


Roger Rabemanjara (Association Les Amis de Don Bosco) : « Ils ne recherchent pas leurs familles »

Roger Rabemananjara

La Noël est toujours un moment spécial. « En cette période de vacances, il y a beaucoup de sorties organisées par la maison d’accueil ou les ONG qui viennent en aide », précise-t-il. Selon Roger, les enfants auront droit à un buffet pour le repas de Noël. « Ce n’est pas tout, ils participent à la préparation de ce buffet. Ils se sentiront concernés par les fêtes et ne sentiront pas seuls. Tout le monde déjeunera ensemble », dit-il. 

Les deux maisons d’accueil (Baie-du-tombeau et Port-Louis) comptent une trentaine d’enfants. « On n'emploie jamais le mot shelter. Pour eux, c’est leur maison. La plupart d’entre eux se sentent bien et ne demandent pas à voir leurs parents », dit-il. Les bénéficiaires sont âgés entre 3 et 17 ans. 

Pour Roger , Noël est le moment des cadeaux et les enfants seront gâtés. La société, dit-il, peut aussi faire un cadeau à ces enfants en changeant sa façon de les considérer. « Ils ne doivent pas se sentir différents, car c’est important pour leur développement, mais aussi pour leur réintégration », dit-il.

 

 

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