Opinion : Quel apport de Rezistans ek Alternativ ? 

L’inclusion de Rezistans ek Alternativ (ReA) dans l’alliance PTr-MMM-Nouveaux Démocrates constituerait un fait marquant dans le cheminement des partis politiques mainstream du pays. 

Depuis la création du Mouvement Militant Mauricien (MMM) en 1969, aucun autre parti postindépendance sauf ReA n’est venu avec des idées révolutionnaires qui pourraient amener les Mauriciens à revoir le fonctionnement de leur société. 

Les puissances coloniales et l’oligarchie historique ont façonné la mentalité des Mauriciens pour les amener à éprouver un profond complexe d’infériorité envers les puissants d’un certain épiderme tout en ressentant une profonde haine pour les autres sur la base de distinctions des plus fines. On analyse toujours et passionnément les castes et les sous-castes des policiers et d’autres fonctionnaires qui bénéficient d’une promotion sans se soucier de la profonde et implacable discrimination pratiquée dans certains secteurs de l’économie où la méritocratie n’est pas toujours pratiquée, question de mettre des fils-à-papa et des filles aussi dans des postes de commandement dans l’entreprise. 

Force est de reconnaître qu’à lui seul, il aurait été impossible pour ReA de prendre le pouvoir par le biais des élections et en n’utilisant que ses propres ressources. C’est tout à fait normal que le mouvement ait décidé d’utiliser la rampe de lancement de deux grands partis qui ont été tous deux à la base des grandes réformes politiques, économiques et sociales depuis des décennies. 

Évidemment, ces deux partis n’ont pas toujours réussi à éviter ce que des intellectuels décrivent comme la State Capture ou la Policy Capture. Ce qui tout simplement veut dire que les forces oligarchiques agissant à l’ombre - et ne s’affichant pas sur la voie publique comme en 1967 lors les élections générales pré-indépendance - parviennent toujours à capturer l’appareil d’État et imposer leur politique au gouvernement. Ils réussissent ainsi à imposer leur agenda et faire l’État investir ou travailler en leur faveur alors que les partisans sont tout extasiés de voir ‘nou-bann’ au pouvoir et assis à l’Hôtel du gouvernement. On donne 10 permis de taxi à des activistes et on dépense un milliard au frais des contribuables pour créer des infrastructures dans un futur morcellement initié par une très grosse entreprise. Et voilà que le donneur de patentes est honoré avec des guirlandes lors d’une fête ‘socioculturelle’. 

Rezistans ek Alternativ est opposé à ce modèle mais ne pourrait initier les grands changements sans le pouvoir politique. Si on part du scénario que ReA se retrouve sur la plateforme gagnante, le mouvement pourrait jouer un rôle déterminant dans la politique d’un futur gouvernement. Rien ne dit toutefois que le MSM perdrait le pouvoir. Donc, en cas de défaite de ReA et de ses alliés, le mouvement pourrait toujours profiter de la grande ‘exposure’ politique, électorale et médiatique que ses trois candidats et d’autres dirigeants auront obtenue pour passer son message à un très grand nombre de Mauriciens.