[Opinion] Le test de Triolet

Il est clair que l’Alliance du Changement entend se livrer à une démonstration de force, ce matin dans le village de Triolet. 

Davantage que pour le meeting de La Louise du dimanche 11 août, le rassemblement de Triolet a bénéficié d’un battage conséquent dans les villages des trois circonscriptions du Nord. 

Triolet revêt un symbolisme puissant dans l’histoire politique du pays. Le village le plus long du pays, qui fait partie de la circonscription de Triolet/Pamplemousses (n°5), a été le bastion de sir Seewoosagur Ramgoolam (SSR), le père de la Nation, pendant des décennies. 

Mais c’est aussi le village qui, en 1970, consacra le nouveau parti politique qui prit le nom de Mouvement militant mauricien (MMM) et qui y fit élire son premier député, en battant largement et spectaculairement le candidat de SSR. 

Plus tard, cette circonscription, avec Triolet comme centre de gravité, devait donner naissance à la carrière politique de Navin Ramgoolam qui prenait ainsi le flambeau de son père, mais sans avoir été son successeur direct. Celui qui succéda à SSR fut sir Satcam Boolell. Et quelques années après la disparition de SSR, Navin Ramgoolam, comme nouveau leader rouge, se tenant sur ses propres jambes, devait connaître cinq victoires successives dans cette circonscription avant de se faire battre en 2014. 

Certains verront comme l’enjeu d’aujourd’hui à Triolet, une annonce ou pas de Navin Ramgoolam de « retourn lakaz mama », c’està-dire le choix du n°5 ou pas pour le prochain rendez-vous électoral. Après sa défaite en 2014, le leader travailliste avait choisi de changer de circonscription. Il opta alors pour Montagne Blanche/GRSE (n° 10).

On discutera toujours sur les causes de la défaite du leader rouge en 2014. Plusieurs raisons sont avancées. Usure du pouvoir. Absence du terrain. La controverse sur l’octroi de quelques mètres carrés de terrain à la plage à un pandit. 

Ou encore des incidents lors d’un rassemblement religieux à Triolet, qui avaient contraint un acteur indien très connu à se réfugier dans un champ de cannes pour éviter d’être lynché. 

On dit aussi que les électeurs ne savaient pas comment un « Président Ramgoolam » pourrait se mettre à leur service, alors qu’ils avaient toujours cru que le « mari » de tout l’édifice du pouvoir politique, c’était le Premier ministre. Les habitants des villages étaient loin de pouvoir maîtriser le concept d’un Président véhiculant des « valeurs républicaines » comme énoncé par des « intellectuels » ayant résidé en Europe. 

Outre le cas particulier de Navin Ramgoolam qui retiendra l’attention à Triolet, on assistera au défilé des futurs candidats de l’Alliance du Changement dans les trois circonscriptions du Nord. 

Après La Louise, ce sera aussi le premier rassemblement du genre après l’adhésion de Rezistans ek Alternativ à la nouvelle alliance. Puisque Ashok Subron sera aussi candidat dans la circonscription voisine de Port-Louis Nord/ Montagne-Longue (n° 4), il aurait joui du statut de « star attraction » par sa présence à Triolet ce matin. Mais il ne sera pas au rendez-vous.