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Opinion : L’affidavit Shibchurn et ses implications

Un affidavit juré par un pompier suspendu de ses fonctions et détenu pour tentative de meurtre suscite d’intenses débats actuellement, car il est question du meurtre de Soopramanien Kistnen. 

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Ce pompier et aussi activiste de mouvements extrémistes, Vishal Shibchurn, mérite-t-il d’être cru sur la base des renseignements qu’il fournit dans son affidavit ? Faut-il encore rejeter tout ce qu’il annonce car il s’agit d’un personnage problématique ? Y-a-t-il tentative de récupération politique vu l’engagement d’un acteur pouvant se présenter aux élections générales comme candidat dans la circonscription concernée ? 

Il faudrait surtout éviter de tout rejeter car on soupçonnerait une coloration politique et électorale dans la démarche entreprise par le pompier pour fournir des éléments nouveaux dans la controverse qui entoure la mort de Kistnen. Ce qu’on souhaiterait savoir pour tirer toute l’affaire au clair, c’est de voir où Shibchurn dit vrai et où il y a de la fabulation. 

Shibchurn a fait remettre son affidavit à trois acteurs principaux, c’est-à-dire le Directeur des poursuites publiques (DPP), Rashid Ahmine, le Commissaire de police, Anil Kumar Dip et le Premier ministre et ministre de l’Intérieur, Pravind Kumar Jugnauth (PKJ). 

De ces trois acteurs, le seul capable de conduire une investigation publique sur ce qu’avance Shibchurn, c’est le DPP. Le chef de la police pourrait faire lancer des convocations aux Casernes centrales. Quant au ministre de l’Intérieur, il n’a d’autre choix que de se fier à l’enquête policière. À moins qu’il ne soit tenté de s’engager dans un débat de politicaille justement avec des acteurs qui, eux, seraient tentés de tirer un capital électoral à partir du pompier Shibchurn. 

Au gouvernement, on dirait volontiers et avec raison qu’un pays ne pourrait fonctionner à coups d’enquêtes judiciaires à chaque fois qu’un fabulateur décide de pondre des allégations des plus sensationnelles et farfelues. Dans le cas Shibchurn toutefois, il faudrait calculer les risques de propagande insidieuse, et ensuite pernicieuse, dans cet environnement hautement politisé en raison de l’imminence des élections générales. Pourquoi pas une enquête judiciaire ? 

Une enquête judiciaire, c’est le recours que choisit sir Seewoosagur Ramgoolam (SSR), alors Premier ministre, quand en 1978 il fut accusé par un nommé Jean-Paul Sheik Hossen, d’avoir ordonné l’incendie du journal Le Mauricien. Ayant vécu en Europe et se présentant comme un homme cultivé, ce Sheik Hossen qui avait fonctionné comme journaliste avait réussi à convaincre Paul Bérenger sur la véracité de ses allégations. Paul Bérenger dont la bonne foi avait été trompée accusa SSR de crime d’incendie et de mort d’homme. 

Lors de l’enquête préliminaire, un dynamique avocat du Parquet, Robert Ahnee, parvint à tout démanteler dans la thèse de Sheik Hossen et ce dernier fut traité de psychopathe. Ce mot entra par la suite dans le vocabulaire des Mauriciens. On consulta les dictionnaires car c’était bien avant l’Internet.
 

 

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