Ils n’ont pas tardé à réagir. Politiciens, ex-ministres de la femme et activistes trouvent « scandaleux » les problèmes relevés par les membres du Public Accounts Committee. Ils réclament « des sanctions immédiates » et contre ces shelters et contre le ministère de l’Égalité des genres. Tour d’horizon.
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Dix shelters sur 23 opèrent sans permis. C’est ce qu’a révélé le rapport du Public Accounts Committee (PAC) rendu public le mercredi 16 mars. Selon le document, la ministre de l’Égalité des genres et ses officiers sont parfaitement au courant de la situation et le comité réclame des sanctions contre ces institutions et contre tous les officiers responsables de ce dossier au ministère concerné.
Après la publication du rapport, les réactions n’ont pas tardé (voir hors-texte). Plusieurs ex-ministres de l’Égalité des genres, politiciens et activistes ont tenu à faire part de leur indignation. Sollicitée pour une déclaration officielle, une préposée dudit ministère ne nie pas la situation d’illégalité, cependant elle dira : « Le ministère prend tout cela très au sérieux et cherche des solutions. Le problème est cependant complexe et nous continuons à agir dans le meilleur intérêt des enfants ».
Un des responsables de ces shelters explique : « Ce n’est pas bien de dire que nous opérons dans l’illégalité. Avec le peu d’argent que nous donnent les autorités, nous ne pouvons avoir des shelters de luxe. Il n’y a qu’à voir le budget des shelters gérés par le ministère et celui des ONG. Avec le même budget, nous aurions pu être aux normes ». Elle dit vouloirgarder l’anonymat, car « parler contre ce ministère est synonyme de graves représailles ».
Qu’en est-il des recommandations de l’Ombudsperson for Children ?
Si les Residential Care Institutions (RCI) sont pointées du doigt dans ce rapport, ce n’est pas la première fois qu’on en parle. Un rapport de l’Ombudsperson for Children, datant de 2016-2017, explique en détail tous les problèmes relevés au sein de ces institutions. Cependant, il semble que ces recommandations n’aient pas été prises en considération.
Sheila Bappoo : « Je réclame la démission de cette ministre irresponsable »
« C’est scandaleux », crie haut et fort l’ex-ministre travailliste, Sheila Bappoo, après avoir pris connaissance du rapport. « C’est du jamais-vu dans ce ministère. Il fallait fermer tout de suite ces shelters qui ne sont pas conformes à la loi et n’ont pas de licence. Pourtant ils reçoivent bien de l’argent de l’État. Je me pose beaucoup de questions. Sont-ils formés pour s’occuper de ces enfants ? Que faire de ces enfants si on ferme tous ces shelters ? C’est le problème de ce ministère ! Le département qui s’en occupe ainsi que la ministre sont tous à blâmer. Je réclame la démission de cette ministre irresponsable qui démontre qu’elle n’est pas à sa place. Ce gouvernement a malheureusement donné ce fauteuil a une personne qui ne comprend rien à ce ministère ».
Aurore Perraud : « Des choses très graves se passent dans ces shelters »
« On ne peut confier des enfants à des personnes qui ne sont ni fiables ni en règle avec la loi » explique l’ex-ministre du PMSD. « C’est très dommage que les problèmes perdurent et je ne comprends pas comment ces shelters ‘marrons’ continuent à opérer. C’est très grave. Quand j’étais ministre, nous travaillions sur la réduction du nombre d’enfants dans les shelters et nous avions beaucoup misé sur le concept des familles d’accueil. Mais je vois que le nombre a augmenté », dit Aurore Perraud. Elle estime que la place de ces enfants est dans des familles.
« Les institutions se doivent d’être des structures temporaires. Si vous gardez des enfants longtemps dans des institutions, comment voulez-vous qu’ils puissent fonder des familles. Ils n’auront jamais appris le fonctionnement d’une famille ». Elle s’insurge aussi contre le fait que des enfants de certains shelters, gérés par l’État, ne sont pas déclarés depuis des années. Pour l’ancienne ministre, il y des choses graves qui se passent dans plusieurs shelters. « Petit à petit, les langues se délient et je continue à mener mon enquête pour exposer toute cette situation. Nous parlons ici des enfants qui ont besoin d’être protégés ».
ME LOVENA SOWKHEE : «La CDU induit les magistrats en erreur»
Elle est catégorique. « Quand les officiers de la Child Development Unit (CDU) se rendent en cour pour demander à ce qu’un enfant soit enlevé de sa famille pour être placé dans une institution, selon la loi, cela doit être fait dans un « place of safety ». L’officier ment donc au magistrat quand il dit qu’il va placer cet enfant dans un ‘place of safety’, car ces institutions ne sont pas en règle ». La CDU « induit les magistrats en erreur ».
STÉPHANIE ANQUETIL, DÉPUTÉE : «Les lacunes de ce ministère sont généralisées»
Elle ne compte pas en rester là et tiendra une conférence de presse pour en dire plus. « Ce rapport vient me donner raison de poser autant de questions au Parlement au sujet du fonctionnement de ce ministère. Les lacunes sont généralisées. Malheureusement, cette ministre ne sait pas répondre aux questions et, de manière arrogante, elle balaie d’un revers de la main toutes les critiques constructives qu’on peut lui faire. Je continuerai à dénoncer tous les manquements de ce ministère », dit la députée travailliste.
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