Olivier Bancoult : «Les Américains peuvent tirer sur nous, mais nous irons aux Chagos»

Révolté, mais déterminé. Tel est l’état d’esprit d’Olivier Bancoult qui se prépare à se rendre aux Chagos au début de l’an 2022. Et ce, malgré la menace des Américains et des Anglais à faire couler le bateau sur lequel les Chagossiens navigueront.

Au Parlement il y a quelque temps, à une question supplémentaire de la députée du MMM, Ariane Navarre-Marie, sur la location d’un navire pour transporter les Chagossiens dans leur île, le Premier ministre Pravind Jugnauth avait répondu ceci : “ Since the announcement of this visit, and I say it as I think it should be said, we have been threatened. Let me put it that way. We have been threatened by the United Kingdom and the United States not to undertake any visit to any of the islands of the Chagos Archipelago. I have stated publicly that on one occasion, the former US Ambassador met me particularly on this issue and said in very clear terms that: ‘Should you wish to have a boat to go there, your boat will be sunk before it ever reaches any of the islands of the Chagos’. But then, the US Ambassador tried to clarify himself to say that: ‘Well, it was misunderstood.’ I do not misunderstand such things, Mr Speaker, Sir. And I must say it is not easy also. We do not have a ship of our own to be able to go to any of the islands of the Chagos Archipelago. We need to charter a ship. You know, because of Covid-19 and related matters, it has been very difficult, but we are trying our best”.

De retour de Londres, Olivier Bancoult estime que « menaces ou pas des Américains, notre délégation ira aux Chagos. Ils peuvent tirer sur nous, mais ils seront dans l’illégalité, car nous ne sommes pas des terroristes, nous allons sur notre terre natale. Eux, ils sont des locataires ». Il rappelle que le gouvernement a promis de louer un navire pour transporter des Chagossiens dans leur île natale. À ce jour, il ne reste que 356 natifs, dont le plus jeune est âgé de 39 ans, fait ressortir Olivier Bancoult. La population totale, comprenant les nouvelles générations, remonte à environ 10 000.

Dans le dernier budget, le ministre des Finances a prévu une enveloppe de Rs 50 millions pour le départ des Chagossiens qui devrait se faire fin mars ou début avril 2022, avait énoncé le ministre Teeluck dans une déclaration faite en novembre dernier lors d’une célébration au centre des Chagossiens à Pointe-aux-Sables. « Il est prévu de louer un bateau avec le maximum de natifs, dont certains sont très âgés. Le projet tient toujours, sauf des imprévus en raison de la Covid-19. Mais, je sais que le gouvernement, dont le Premier ministre, est déterminé à nous permettre à nous rendre sur notre terre natale », a souligné Olivier Bancoult.

Pour ce qui est des menaces américaines, Olivier Bancoult dit que ce n’est pas la première fois que cela se passe ainsi. « Je me souviens que sir Anerood Jugnauth a aussi eu des menaces, cela démontre que les Anglais et les Américains n’ont pas de respect pour les institutions internationales ».

Ce dernier rappelle les différents jugements et résolutions au niveau mondial et que les Anglais et les Américains occupent illégalement Diego Garcia. Et de faire ressortir que « malgré les menaces de nous descendre, on ira aux Chagos ». « Est-ce un péché si on veut retourner sur la terre où nous sommes nés ? », s’interroge-t-il.

Olivier Bancoult ajoute que « depuis quelque temps les Anglais ont donné la permission, à travers le BIOT, à des étrangers pour passer des vacances prolongées sur les îles Peros et Salomon sur des yachts. Or, nous, nous avons des parents qui sont enterrés là-bas et nous ne pouvons même pas fleurir leurs tombes. Les Chagos est un territoire mauricien et c’est reconnu par des instances internationales ».