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Olivier Bancoult : « Kifer bizin ena desepsion ? »

Le leader du Groupe Réfugiés Chagos se dit fier de sa contribution à ce combat.

Il ne cache pas sa fierté devant le combat qu’il a mené jusqu’ici pour la cause chagossienne. D’ailleurs, il accueille favorablement l’accord politique entre le Royaume-Uni et Maurice. Mais pour Olivier Bancoult, le combat n’est pas terminé.

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En 1968, à l’âge de 4 ans, Olivier Bancoult quitte Peros Banhos, son île natale, avec ses parents, pour faire soigner sa sœur qui s’était blessée au pied. Ignorant alors qu’il s’agissait d’un exil définitif, il ne se doutait pas que sa famille et lui ne retourneraient jamais dans leur foyer. « Mes parents avaient l’intention de retourner à Peros Bahnos, où nous avions notre maison et nos affaires personnelles. Mon père avait tout fermé et mis la clef du cadenas dans sa poche… Malheureusement, ma mère a appris qu’il n’y avait pas de possibilité de retour… » racontait le président du Groupe Réfugiés Chagos à Le Dimanche/L’Hebdo en avril dernier, dans un entretien spécial réalisé à l’occasion de ses 60 ans.

Aujourd’hui, celui qui n’a cessé de se battre pour la cause chagossienne et pour le droit de retour dans l’archipel ne cache pas sa satisfaction face à l’accord politique conclu entre Maurice et le Royaume-Uni. « Après plusieurs années de lutte pour leurs droits et leur dignité, après l’annonce d’un accord, et le retour des Chagossiens sur leur terre, on peut parler de victoire », affirme Olivier Bancoult. « Zordi sa bann rezilta ki pe amene-la, kouma sa inn arive, ce n’est pas tombé du ciel. » Et d’ajouter : « Je crois que l’histoire reconnaît la contribution d’Olivier Bancoult et des femmes chagossiennes. »

Il rend hommage à tous ceux qui ont lutté pour faire avancer la cause chagossienne, et surtout les femmes de la communauté, grâce à qui le combat a commencé. « Sans la Chagossienne, rien n’aurait été déclenché. Elle a tout essayé, tenté et lutté », nous racontait-il en avril dernier. Ainsi, « azordi, nou ena enn panse spesial pou sa bann dimounn-la, sirtou bann madam Chagossiennes ki finn donn zot koudme. On ne peut pas laisser cela passer inaperçu », dit-il.

Olivier Bancoult confie que c’est sa mère, Rita Elysée, une native de Peros Banhos, qui lui a demandé de se joindre à cette lutte. Et bien qu’il soit fier du combat accompli, il dit ressentir également du chagrin : « Mo mama ti anvi fini so zour laba. Mo sagrin so rev pann resi akonplir. Linn ale avan. »

Dans la foulée, il exprime son incompréhension face à ceux qui se disent déçus par cette avancée historique. « La décision de rendre la souveraineté des Chagos à Maurice a été prise par des instances internationales comme l’ONU et la Cour internationale de Justice, dont le Royaume-Uni a finalement reconnu la légitimité. Il s’agit de corriger une injustice de longue durée. Je ne comprends pas pourquoi certains s’y opposent. »

Il se demande pourquoi certains évoquent une déception. « Je ne connais aucun Chagossien qui ne soit pas ravi, surtout ceux nés sur l’archipel. » L’injustice subie par les natifs est en passe d’être réparée, poursuit Olivier Bancoult. « Il y aura réparation pour ce qu’ils ont enduré. » Les Chagossiens auront enfin l’occasion de décider de leur avenir « à travers les discussions qui auront lieu et les mesures qui seront prises pour réparer ces injustices. » Et il lance : « Qu’aurions-nous pu faire de mieux ? »

En tant que président du Groupe Réfugiés Chagos, a-t-il participé aux négociations ? « Non, mais il y a eu des consultations régulières. Le Premier ministre Pravind Jugnauth nous a toujours tenus informés. »

Ceux qui souhaitent rester en Angleterre ou s’y installer en ont parfaitement le droit, souligne-t-il. « Kouma nou respekte zot drwa, zot osi zot bizin kapav respekte nous drwa. Kifer ena pa pe dakor ena Chagossien anvi retourn lor zot later ? » Il insiste : 

« Kifer bizin ena desepsion ? Seki anvi res viv Langleter, li kontign res Langleter. Seki anvi res dan Moris, li res dan Moris. Seki anvi al viv Chagos, li al viv Chagos. »

Certes, reconnaît Olivier Bancoult, ils ne pourront pas revenir à Diego Garcia dans un premier temps. « Mais nous continuerons de réclamer ce droit. Si une cohabitation est possible à Diego Garcia, ceux dont la famille est originaire de cette île doivent pouvoir y retourner. En attendant, nous nous renforcerons sur Peros et Salomon, tout en poursuivant notre combat. »

En effet, le combat n’est pas terminé. « Notre rêve est d’accomplir notre mission, retourn viv lor later kot nou’nn pran nesans. Eski li enn pese sa ? » 

Projets à venir

L’accord politique entre le Royaume-Uni et Maurice concernant les Chagos doit être finalisé par un traité signé entre les deux parties. Qu’espère Olivier Bancoult une fois cette étape franchie ? « Notre priorité absolue est de réparer l’injustice subie par les natifs. Tous ceux qui ont été déracinés doivent obtenir réparation, que ce soit en termes d’indemnisation ou d’amélioration de leurs conditions de vie. Les héritiers des natifs décédés doivent également en bénéficier. »

Pour lui, il est essentiel de commencer par là : « Nous ne pouvons pas satisfaire les descendants des troisième et quatrième générations futures sans reconnaître et réparer le préjudice subi par ceux qui ont été déracinés. Nous devons d’abord accorder toute notre attention à ces personnes avant de nous tourner vers d’autres enjeux. »

Aux jeunes générations, il lance : « Never ignore your roots. Don’t forget where you come from. Fode nou fier nou kiltir, bizin konn nou rasinn. » D’ailleurs, le drapeau chagossien, paré des couleurs orange, noir et bleu, témoigne de cet héritage. « L’orange symbolise le soleil couchant, le moment où les Chagossiens ont été déportés, ainsi que la fermeture des îles Chagos. Le noir évoque les moments difficiles,quand  les femmes ont mené des grèves, l’exil forcé. Et le bleu, symbole de la mer, se rapporte aux générations futures et à la diversité des vies aux Chagos. »

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