Live News

Octroi de licences radio : intrigantes séances d’audition

Independent Broadcasting Authority

Lundi, l’Independent Broadcasting Authority (IBA) a auditionné 15 candidats ayant fait une demande pour une licence de radio privée. Un exercice qui s’est déroulé dans les locaux de l’autorité au Celi Court et dans des circonstances pour le moins particulières.

Publicité

Contrairement aux auditions publiques qui avaient eu lieu en 2002 au « lunch room » du Parlement, cette fois-ci, c’est l’opacité totale avec une direction de l’IBA qui se refuse même à confirmer la tenue ou pas des auditions.

C’est la semaine dernière que des candidats ont été invités à se rendre à un hearing par rapport à une « application for private commercial free to air FM radio broadcasting licence ». La date et l’heure du rendez-vous leur ont été communiquées dans cette correspondance. Par la même occasion, il leur a été informé que s’ils ne se rendent pas à l’audition, « il sera considéré que vous n’êtes plus intéressé ».

Chaque candidat aurait été confronté à 11 questions préétablies. « A priori, tout le monde a eu droit aux mêmes questions. Ce qui a étonné, c’est qu’il n’y a pas eu de relance. Mis à part le président de l’IBA, Robin Appayah, qui posait les questions, aucun autre membre du conseil d’administration de l’IBA n’a pipé mot. Il n’y a eu aucune discussion », explique un des postulants.

Parmi les questions, plusieurs étaient d’ordre technique et avaient trait aux fréquences de diffusion des ondes, au « broadcast delay ». Une ou deux questions concernaient le contenu qu’ils comptaient proposer aux auditeurs s’ils obtenaient une licence. Notamment, s’ils comptent offrir un traitement indépendant de l’information ou pas.

En 2002, tous ceux qui le souhaitaient pouvaient assister aux auditions et commenter par la suite. Ainsi, Etienne Sinatambou, alors membre du Parti travailliste, avait objecté contre une candidature. Celui-ci avait alors été entendu par le conseil d’administration de l’IBA qui était alors présidée par Ashok Radhakissoon.

Quant au présent exercice, à l’Hôtel du gouvernement, on souhaite avancer rapidement et, si possible, octroyer les licences avant janvier. Toutefois, selon la section 21 de l’IBA Act, l’autorité a l’obligation d’informer le postulant de l’acceptation ou du rejet de sa candidature. Elle doit aussi expliquer pourquoi une application est acceptée ou rejetée.

Pour l’heure, le nombre de permis qui seront accordés n'a pas encore été défini. Cela pourrait être deux ou trois. Un problème important à résoudre touche les fréquences. Les techniciens de l’IBA et ceux de l’Information & Communication Technologies Authority (Icta) travaillent d’arrache-pied pour pouvoir libérer suffisamment de fréquences afin de permettre à ces radios d’émettre.
Dix-sept compagnies avaient répondu positivement à l’appel lancé par l’IBA le 9 octobre dernier. Elles sont : Admiralty Media Company, Bernard Roland Delaitre & Le Mauricien Ltd, Blue Nuage (Africa) Ltd, Connection Media Ltd, Dreamsky Radio Ltd, Echo (Maurice) Ltée), First Talk Ltd, FUNFM Ltd, Hello FM Ltd, Island FM, Izikub Ltd, Mayfair and Purely Communications Ltd, Radio Kanal Océan Indien Ltd, Triple Hertz Media Ltd, Vivet Investment Ltd et Vox Pop Ltd.

Deux compagnies se sont désistées. Parmi, Admiralty Company Limited, qui compte le journaliste et ancien animateur de Top FM et Radio Plus, Jimmy Jean-Louis, comme directeur.

Nous avons sollicité quelques candidats pour connaître leurs motivations. Voici ce qu’ils ont répondu :

Javed Vayid (Vivet Investment Ltd) : «Nous voulons proposer une radio musicale»

javed« Ce n’est pas tous les jours qu’on a l'occasion de lancer une radio. Cela fait déjà longtemps que nous attendons la télévision privée. Il s’agit d’un projet entre amis qui nous a depuis toujours tenu à cœur. Nous voulons proposer une radio musicale et nous pensons que cela peut être un bon business. »


Andrew Verrière (Dreamsky Radio Ltd) : «Nous avons présenté un dossier solide»

andrew« Dreamsky existe depuis longtemps comme Web radio. Nous avons décidé de nous relancer en décembre 2017 et nous avons pas mal avancé, en créant notre site Web ainsi que notre application. Ce n’est qu’au mois de février que nous avons découvert l'annonce de l’IBA dans les journaux. Nous nous sommes dit qu’il s’agissait d’une opportunité pour nous, 16 ans après la libéralisation des ondes. Notre objectif est d’apporter quelque chose de nouveau et de mieux exprimer notre savoir-faire. Nous sommes confiants d’avoir présenté un dossier solide ».


Eshan Juman (Echo Maurice Ltée) : «Offrir des émissions novatrices et intéressantes»

eshan« La radio fait partie intégrante de la société mauricienne. Nous visons ainsi à être plus près de la population en lui offrant une panoplie d’émissions novatrices et intéressantes, tout en contribuant à l’élargissement de l’espace médiatique et radiophonique de Maurice. Notre objectif est de faire en sorte que toutes les catégories de personnes s’y retrouvent à travers des programmes qui leur sont spécialement dédiés. » Eshan Juman est un ancien conseiller municipal travailliste.


Arvind Nilmadhub (Mayfair and Purely Communications) : «Il y a un marché à prendre»

arvind« Ce secteur est très compétitif. La radio  tire ses revenus de la publicité. Nous pensons qu’il y a un marché à prendre, car il est grand. Nous proposons une radio généraliste avec un mélange des genres. Le président du Board est Vishwanath Balkrishna Choolun, qui est basé en Angleterre. La radio sera dirigée par Arvind Audith, ancien MD de Sunrise Radio. »

Sunrise Radio est la principale radio asiatique de Grande-Bretagne.


Selven Naidu (Vox Pop Ltd) : «Marquer la différence dans le ton»

selven« Il y a de la place pour une radio différente. Nous voulons marquer notre différence dans le ton. Nous ne sommes pas en train de réinventer la radio, mais on constate que les radios à Maurice se ressemblent. Nous sommes plutôt optimistes, mais ça reste difficile de pronostiquer. » Vox Pop Ltd est un projet de La Sentinelle Ltée.


Sunil Gohin (First Talk Ltd) : «Créer un feel good factor dans le pays»

sunil« Lorsque je suis retourné à Maurice, j’ai constaté qu’il y avait un manque de feel good factor dans le pays. C’est dans cette logique que j’ai décidé de lancer Inside News. J’ai observé que les radios et les journaux se contentent de ne diffuser que des mauvaises nouvelles. J’ai donc envie de faire quelque chose de différent avec beaucoup de musique, afin de créer un feel good factor. Après 50 ans d’indépendance, il est temps de cesser de croire que tout va mal dans le pays ».

Notons que Sunil Gohin est aussi actionnaire de First Media Company Ltd, propriétaire du journal en ligne Inside News. Il est considéré comme étant proche du MSM.

Ancien Compliance Officer à l’IBA, Sobhanund Seeparsad est depuis août 2017 conseiller en gouvernance au ministère des Services financiers et de la Bonne gouvernance. « Je voulais m’entourer des meilleurs. Sobhanund Seeparsad a de l’expérience et c’était la personne la mieux placée. Comme son contrat au ministère se terminait en juillet et que nous ne savions pas si l’IBA allait octroyer des permis, il nous a dit qu’il devait renouveler son contrat au ministère. C'est pour cela qu’il est parti », dit Sunil Gohin.

 

Notre service WhatsApp. Vous êtes témoins d`un événement d`actualité ou d`une scène insolite? Envoyez-nous vos photos ou vidéos sur le 5 259 82 00 !